UN FŒTUS EN ÉTAT DE DÉCOMPOSITION AVANCÉE DECOUVERT DANS UN DÉPOTOIR D’ORDURES A DAROU THIOUB : La génitrice, mère de 2 enfants, risque 7 ans de réclusion criminelle pour infanticide




 
 
 
Accusée d’infanticide, Mariama Ba, mère de 2 enfants, risque 7 ans de réclusion criminelle devant la chambre criminelle où elle a été jugée hier, jeudi 8 août 2024. Elle avait courant 2020 accouché puis son nouveau-né en état de décomposition avancée a été retrouvé dans un dépotoir d’ordures à Darou Thioub.
 
 
 
Accusé d'infanticide, Mariama Ba a été jugée hier, jeudi, après 4 années derrière les barreaux. L’accusée était venue à Dakar pour travailler comme domestique. C'est après ça que sa mère lui a proposé d’aider sa tante, moyennant une rémunération de 15.000 F Cfa. D'après l'accusation, dans la nuit du 26 au 27 novembre 2020, un fœtus en état de décomposition avancée a été découvert dans un dépotoir d’ordures à Darou Thioub. Mais, grâce aux investigations qui ont été menées, les enquêteurs ont pu découvrir que c'est Mariama Ba qui était l'auteure de cette ignominie. Cette dernière, après son accouchement, s'est enfuie dans son fief natal de Kaolack où elle a été alpaguée par les éléments enquêteurs. Conduite à Dakar, elle a été placée sous mandat de dépôt.
 A la barre hier, Mariama Ba a réfuté les faits. "J’ai un cycle irrégulier. Il m’arrive parfois de rester des mois sans voir mes règles. C’est ce qui m’est arrivée à l’époque. Comme j’avais constaté un retard de 3 à 4 mois, je suis allée au centre de santé de notre quartier pour faire déclencher mes menstrues. C’est ainsi qu’on m’a prescrit une ordonnance que la fille de mon oncle a achetée. À peine avoir pris le médicament, j’ai commencé à saigner. C’est quand je suis allée aux toilettes que le fœtus est tombé", a relaté l'accusée. Qui poursuit: "j'ai paniqué. C’est la raison pour laquelle j’ai jeté le fœtus au dépotoir d’ordures. Et trois jours après, je suis partie à Kaolack chez ma mère, mais je n'ai pas fui".
Les contestations de Mariama Ba n'ont pas pesé face au rapport médical qui fait état d’un accouchement survenu au troisième trimestre. L'homme de l'art, dans ses conclusions, parle d'une grossesse qui a dépassé 6 mois. Selon toujours ledit document, l'accusée n’a pas eu de complications au moment de l’accouchement. Mariama Ba, malgré ce rapport accablant, est campée sur sa position en soutenant que ce qu'on peut lui reprocher, c'est un avortement et non un infanticide.
Le parquet pour sa part s'est appuyé sur la pièce médicale versée au dossier pour établir la culpabilité de Mariama et requérir 7 ans de réclusion criminelle contre elle. "L’enfant est né au bout du troisième trimestre. Elle conteste le diagnostic médical. Dans cette affaire, elle a pu expulser ce qu’elle avait dans le ventre sans complication. Le diagnostic contrebalance foncièrement ses allégations. Elle est coupable d’infanticide. Elle ne mérite pas la clémence du tribunal", a-t-elle indiqué.
Une position que ne partage pas l'avocat de la défense. Selon Me Diaw, le dossier de sa cliente ne repose sur rien. La robe noire rejette l'infanticide et plaide coupable pour l'avortement. "Dans ce dossier, nous avons une dame qui nous dit que sa grossesse a duré trois à quatre mois. À part cet élément, il n’y a rien dans ce dossier qui prouve que la grossesse s’est poursuivie jusqu’au troisième trimestre. L’infanticide, c’est le meurtre commis sur un nouveau-né. Mais dans ce cas, on peut parler d’avortement. Le maximum de la peine c’est 2 ans et ma cliente a fait 4 ans de détention", a fait noter le conseil. Délibéré au 27 novembre 2024.
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
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