Les émeutes de juin 2022 restent encore gravées dans la mémoire collective des Sénégalais. Ces évènements se sont soldés par des arrestations de personnes soupçonnées de faire partie du groupe dit « Force spéciale » qui avait pour mission de brûler certaines installations de la Senelec, mais également certaines institutions de la République. Inculpés et placés sous mandat de dépôt, ces individus sont encore dans leur cellule en attendant de voir le juge. François Mancabou, accusé d’être un des leurs, avait trouvé la mort au pavillon spécial. Un an après, sa famille attend d’être élucidée. Néanmoins, elle compte déposer une plainte.
Tout comme les forces occultes évoquées par le ministre de l’Intérieur, en mars 2021, lors des manifestations qui se sont soldés par des morts d’hommes, le mouvement dit « Force spéciale » a été décrit par l’autorité judiciaire comme des individus qui avaient pour mission de déstabiliser le pays en juin 2022. La différence ici, est que les individus sont connus et le groupe identifié, contrairement aux membres des forces occultes. Interpellés tous, inculpés pour des chefs d’accusations graves, ils ont été placés sous mandat de dépôt. Il s’agit de Papa Abdoulaye Seck et près d’une vingtaine d’autres personnes qui sont aujourd’hui au fond de leurs cellules. Un peu plus d’un an après, ces membres du groupe attendent encore de voir le juge. En effet, le dossier n’a pas bougé d’un iota. Le juge d’instruction du deuxième cabinet n’a encore entendu personne, si l’on en croit nos sources. Certes, ils sont passibles de peines criminelles allant de 10 ans et plus, mais il y a la présomption d’innocence qui plane encore ainsi que le respect de leurs droits. De quoi, en tout cas, susciter le courroux des associations des droits humains.
Inculpé en même temps que les autres, François Mancabou n’a pas été placé sous mandat de dépôt ni inculpé. Il était très mal en point, c’est ce qui a fait qu’il a été envoyé au pavillon spécial. Ancien militaire, il a été soupçonné d’avoir comme mission de procéder à des actes de harcèlement et d’attaques, lors des manifestations, si l’on en croit le Parquet qui affirme également qu’une arme de type Walter calibre 22 ainsi que des munitions ont été trouvés à son domicile. Seulement, François Mancabou n’a pas survécu à son arrestation. Il trouvera la mort le 13 juillet 2021 suite à une « fracture du rachis cervical ayant entrainé des complications neurologiques ». Pour sa famille il a été torturé au niveau de la police ; mais pour le Procureur, il s’est volontairement cogné la tête sur les grilles de la cellule et c’est ce qui a conduit à sa mort. Néanmoins, le Parquet avait ouvert une enquête sérieuse pour savoir véritablement les causes de sa mort et s’il y a une main d’un tiers derrière. Un an plus tard, la famille qui a formulé des prières pour lui hier, attend encore d’être édifiée. Toutefois, elle envisage de déposer une plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction. Mais, pour ce faire, il faudra d’abord régler les formalités d’un jugement d’hérédité.
Alassane DRAME