TUERIE DANS LE FORET DE BAYOTTE: Les cadres casamançais demandent à l’Etat de sévir contre les vrais responsables

Le Collectif des cadres de la Casamance a fait face à la presse, hier, pour se prononcer sur les évènements de Bayotte ayant causé la mort de 13 jeunes. S’indignant de cet acte barbare, Pierre Goudiaby Atepa et compagnie demandent à l’Etat de ne pas se limiter à la traque des assassins, mais aussi à celle des commanditaires du pillage des forêts de la Casamance. Selon le président dudit collectif, l’attitude des autorités face à ce pillage, c’est plus que du laxisme, c’est de la complicité.



Plusieurs alertes ont été lancées sur le pillage des ressources casamançaises et l’inaction de l’Etat du Sénégal a amené les fils de la Casamance à prendre des mesures par eux-mêmes pour y mettre fin. C’est dans cette perspective que le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) a entrepris de se constituer en brigades de vigilance pour veiller à la protection de leurs forêts. Selon le Collectif des cadres casamançais, la tuerie des 13 jeunes, dans la forêt de Bafaroy, samedi dernier, en est une conséquence. «Il faut que ceux qui ont envoyé ces jeunes soient débusqués. Les autorités doivent pouvoir les connaître. Il faudrait d’abord revenir sur les causes de cet acte ignoble, en essayant de voir qui sont les véritables responsables», a fait savoir le président du collectif.
Tout de même, Pierre Goudiaby Atepa est rassuré. «Il s’agit d’un règlement de compte. Heureusement qu’il ne s’agit pas d’une tuerie liée à un quelconque désir ou volonté d’indépendance. D’après les renseignements que nous avons, c’est le Mfdc qui a demandé à ses membres d’essayer de voir comment faire pour arrêter le massacre des forêts de Casamance, et  apparemment, il y a eu dérapage. Cela n’a rien à voir avec des revendications indépendantistes. Ce problème est presque réglé», renseigne Atepa.
 
 
 
«Les mêmes injustices qui avaient amené une partie de la Casamance à se rebeller, sont en train de se répéter»
 
 
Atépa de poursuivre : «nous ne voulons pas excuser qui que ce soit, parce que cet acte est ignoble, mais les jeunes qui étaient dans cette forêt n’y sont pas allés par eux-mêmes. Il faut mettre hors d’état de nuire ce gang de mafiosi qui les envoie couper le bois. Les mêmes injustices qui avaient amené une partie de la Casamance à se rebeller, sont en train de se répéter. Le gouvernement avait décidé d’arrêter le pillage des forêts de la Casamance, mais beaucoup de gens y ont fait fi. Et certains d’entre eux sont ici à Dakar et ils sont connus», condamnent-ils. A les en croire, la goutte d’eau qui a fait déborder la vase, c’est qu’il y a eu des brigades de vigilance qui ont arrêté des jeunes coupeurs de bois et il s’en est suivi une altercation. Les commanditaires de ce vol sont allés porter plainte pour coups et blessures et la gendarmerie est venue arrêter les jeunes qui assuraient la protection de la forêt. «Depuis que ce massacre dure, aucun bénéficiaire n’a été inquiété. Le gouvernement fait beaucoup d’efforts, mais ils ont été sapés. Il doit y avoir un dysfonctionnement quelque part parce que les évènements de Thionck-Essyl où les populations sont enfermées, parce qu’elles se sont opposées à l’utilisation de matériels prohibés de pêche dans le fleuve ; les éléments de Toubacouta sont emprisonnés pour s’être opposés à la coupe de bois. Pour tous ces faits le Mfdc avait déclaré qu’il prendrait en charge la protection de toute la forêt et des ressources naturelles de la Casamance. Le gouvernement aurait dû appeler le Mfdc pour discuter de ces problèmes», affirme Atepa.
 
 
«C’est plus que du laxisme, on a une complicité de l’Etat»
 
Selon Pierre Goudiaby Atepa, cet acte ne peut en aucun cas compromettre les processus de paix. Ce qui est rassurant dans cette affaire, c’est que cette tuerie n’est pas due à un désir d’indépendance ou de remise en cause des pourparlers, c’est juste un règlement de compte qui a dérapé. Pour Atepa, les autorités doivent réagir avant qu’il ne soit trop tard. Elles ont des noms, alors qu’est-ce qu’elles attendent pour agir ? «Des communiqués du Mfdc ont cité de très hauts responsables, les gens les connaissent et si le procureur nous appelle nous lui en fournirons volontiers. Il y a une impunité qui ne va pas de pair avec le désir des autorités qui cherchent une solution globale. C’est plus que du laxisme, c’est de la complicité, il faut ouvrir une enquête sérieuse pour punir les commanditaires», martèle Atepa.
 
 
Ndeye Khady D. Fall

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