TRAQUE DE SES ENNEMIS A DAKAR :Tayyip Erdogan finit par obtenir gain de cause ; la Cour suprême confirme l’arrêté d’expulsion du ministre de l’Intérieur



 
 
La volonté du Président turc Racep Tayyip Erdogan de faire rapatrier son ennemi juré Tufan Feyzi Nizamoglu et de le ramener en Turquie sera exaucée. Du moins, la Cour suprême ne s’est pas opposée à l’expulsion de ce dernier. Bien au contraire, la chambre administrative de la haute juridiction, qui a statué jeudi dernier sur le recours en annulation déposé par ses conseils, a confirmé l’arrêté du ministre de l’Intérieur. Le décret du Président conférant à l’adversaire politique de Tayyip Erdogan son statut de refugié politique n’a pu faire effet.
 
 
Contre sa volonté, Tufan Feyzi Nizamoglu sera expulsé du Sénégal. Malheureusement, pour ces nombreux employés qui gagnaient leur pain dans son entreprise et en dépit de la détermination de ses avocats qui se sont battus pour annuler l’arrêté du 13 mai dernier du ministre de l’Intérieur. En effet, la Cour suprême a tranché et a décidé de le remettre aux autorités turques. Telle a été la décision de la Chambre administrative de la haute juridiction qui a statué sur la requête aux fins d’annulation de ses avocats jeudi dernier.
En effet, la Cour suprême a confirmé l’arrêté du ministre de l’Intérieur. En fait, l’argument principal brandi par les conseils de Tufan Feyzi Nizamoglu qui se fonde sur le décret du président de la République, notamment le décret n°2019-1217 du 29 juillet 2019, conférant à leur client le statut de réfugié, n’a pas fait son effet. Pour cause, le décret a été rapporté ; il a été… abrogé. Le retour au pays est donc imminent pour l’adversaire politique du Président turc.
S’agissant de sa garde-à-vue dans les locaux de la Division des investigations criminelles (Dic), cette mesure est levée, nous informe nos sources.
Tufan Feyzi Nizamoglu, faut-il le souligner, avait quitté son pays pour se refugier au Sénégal. Il est accusé de faire partie du réseau Fethullah Gülen et d’être un financier du mouvement qui était à l’origine du coup d’Etat manqué contre le régime de Tayyip Erdogan, en 2016. Il s’agit, en réalité, de six Turcs fichés à Interpol. Tufan Nizamoglu, mieux loti que les autres, avait bénéficié de la part du président de la République d’un statut de refugié. Qu’est-ce qui s’est passé pour que le décret soit abrogé ? Nous donnons notre langue au chat. 
En tout cas, Tufan Feyzi Nizamoglu, fort de son nouveau statut de réfugié, avait réussi à bien s’installer au Sénégal avec sa famille et relancer ses affaires au pays de la Téranga, en investissant dans la construction immobilière, employant ainsi des centaines de personnes. S’agissant par ailleurs des autres Turcs dont Ankara avait demandé l’extradition, certains ont déjà été expulsés, car, pour la plupart, ils ne bénéficiaient que de permis de séjour. Tayyip Erdogan a-t-il joué de son influence pour faire expulser ces Turcs ? Tout porte à le croire. Ce, surtout pour le cas de Tufan Feyzi Nizamoglu,à qui un décret conférait le statut de réfugié.
Alassane DRAME
 
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