En sa qualité de géologue, le maire de Diembéring lance une alerte. Selon Tombong Guèye, si le Sénégal n’exploite pas ce zircon, il va le perdre. Car, dit-il, «il va être décapé et englouti par l’érosion côtière».
Le maire de Diembéring ne badine pas avec l’exploitation du zircon de Niafrang, qui suscite beaucoup de commentaires venus des populations et des experts. Faut-il le rappeler, depuis que l’Etat du Sénégal a manifesté sa volonté d’exploiter ce minerai, certains membres de la société civile tout comme certains villageois s’y opposent, craignant le pire sur la santé de la population et l’environnement. Mais le maire de Diembéring voit cela autrement. Selon Tombong Guèye, «il est clair qu’en laissant la côte comme telle, étant donné qu’elle n’est pas protégée, l’érosion côtière va continuer à la décaper et engloutir le zircon. Si l’on n’y prend garde, nous allons perdre la valeur marchande de cette richesse tant convoitée à travers le monde». Et d’ajouter : «l’Etat doit reconnaitre que les richesses seront emportées par l’érosion si elles ne sont pas exploitées».
Continuant d’attirer l’attention des autorités étatiques, Tombong Guèye de lancer une alerte, soulignant que «la côte sénégalaise, celle de la Casamance en particulier, longue de 90 kilomètres, est en train de subir une érosion. Ce phénomène avance à grand pas. Et, il va falloir que des mesures idoines soient prises pour arrêter son avancée. A défaut, le Sénégal pourrait perdre beaucoup de sa richesse du fait de cette érosion».
Se voulant plus explicite, le premier magistrat de Diembéring de fournir quelques exemples. «A Diogué comme à Gnikine, la vitesse de recul de la côte est très importante. Elle passe par endroits à cinq mètres par an».
Le maire de Diembéring de poursuivre: «Il y a une grande polémique autour de l’exploitation de ce zircon. Je pense qu’il faudrait faire prévaloir l’intelligence émotionnelle. Si aujourd’hui les populations de Niafrang acceptent que le zircon soit exploité, elles doivent avoir la certitude que l’Etat leur construira une digue de protection, faire en sorte que l’érosion côtière soit nettement stoppée. Si ce minerai se trouvait dans ma collectivité territoriale, en tant que maire, j’aurais invité toutes les couches de la population autour d’une table pour une séance de discussion». Selon Tombong Guèye, «l’exploitation du zircon, dans le contexte actuel de la Casamance, c’est le moindre mal. Parce que tout simplement, note-t-il, elle nous aurait permis, après une bonne négociation, de réaliser enfin la digue de protection qui va partir de Kafountine jusqu’au Cap Skirring».
Ahmet COLY