THINK TANK SUR L’ACCES DES FEMMES AUX RESSOURCES ECONOMIQUES La présidente des femmes chefs d’entreprise flétrit la politisation des financements



 
En dépit des mécanismes de financement pour accompagner les femmes, l’accès de ces dernières à ces crédits demeure faible. S’y ajoute une politisation des financements dénoncée par la présidente de l’Union des femmes chefs d’entreprise du Sénégal, Nicole Gakou. Ce qui lui fait dire qu’on ne sent pas les efforts consentis par l’Etat dans l’entreprenariat et que si les femmes ont réussi, dit-elle, dans ce secteur, c’est grâce à elles-mêmes.
 
 
 
Le think tank de l’Afrique de l’Ouest (Wathi) a organisé, hier, une table ronde virtuelle sur l’accès des femmes aux ressources économiques. Une occasion pour la présidente de l’Union des femmes chefs d’entreprise du Sénégal, Nicole Gakou, de dénoncer l’accès limité des femmes aux crédits ; même s’il existe une multitude de fonds pour accompagner la création et le développement des petites et moyennes entreprises. «L’accès des femmes à ces crédits est très faible parce que très peu ont l’information que ces fonds existent. L’autre élément, c’est le critère d’éligibilité à ces fonds, car la plupart des femmes s’activent dans le secteur informel», déplore d’emblée Nicole Gakou qui, poursuivant, invite à faire la part des choses entre les activités génératrices de revenus et l’entreprenariat féminin. Les activités génératrices de revenus sont destinées, dit-elle, à lutter contre la pauvreté, donc pas de création de richesse. Elle n’encourage pas non plus le microcrédit qui, à l’en croire, contribue à la «paupérisation des femmes». Ce qui lui fait dire que le développement est forcément pris en compte par les Etats et les partenaires à travers un processus à mettre en place pour permettre à la femme - même micro-entrepreneure - de créer avec des fonds d’amorçage une entreprise, de prendre le temps de grandir et lorsqu’elle aura atteint un stade de maturation qui va lui permettre de devenir employeur, de pouvoir payer des impôts, d’être réellement formalisée.
 
Politisation des financements
 
Poursuivant, Nicole Gakou est d’avis qu’avec tous les outils de financement mis en place au Sénégal et en Afrique pour soutenir l’entreprenariat, il y a, à l’en croire, plus de saupoudrage que de réelle volonté de permettre à la femme entrepreneure de se développer. Elle en veut pour preuve une convention signée entre sa structure et la Der/Fj depuis un an, portant sur 1 milliard francs Cfa et qui tarde à être exécutée. «Est-ce qu’il y a une réelle volonté d’accompagner les entreprises ?», s’interroge Mme Gakou. Pourtant, elle révèle que des entreprises ont commencé avec de petits montants et ont prouvé que c’était possible de grandir.
 
Nicole Gakou : «on ne sent pas tous les efforts consentis dans l’entreprenariat»
 
Seulement, à un stade, dit-elle, ces entreprises ne peuvent pas grandir parce que l’accompagnement ne suit pas. «La politisation est là présente et ce serait un déni de dire qu’elle n’existe pas», souligne la patronne des chefs d’entreprise du Sénégal qui rappelle avoir toujours demandé une évaluation suivie des programmes de financement. «Qu’on nous dise quelles sont les entreprises qui ont été accompagnées ? Combien d’entreprises ont été créées et dans quel secteur d’activité ? Combien d’emplois ont été créés ? A ce jour, nous n’avons jamais eu de réponse. On ne sent pas tous les efforts consentis dans l’entreprenariat, dans l’accompagnement des femmes. S’il y a des femmes qui réussissent, c’est grâce à elles-mêmes», a martelé Nicole Gakou. Dr Chérif Samesdine Sarr, fondateur du Réseau des volontaires pour l’autonomisation économique des femmes par l’autofinancement, de révéler qu’il y a une inadéquation entre l’offre des institutions financières et les besoins des femmes.
 
Au lieu de donner à une femme qui a un besoin de 500 millions, on préfère donner 500 millions à 500 femmes
 
«Nous avons de très belles ambitions dans le secteur de l’autonomisation de la femme, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Au Sénégal, nous avons 300 systèmes financiers décentralisés. Mais ces institutions de microfinance ne répondent pas aux besoins des femmes, notamment celles qui sont dans le monde rural», indique Dr Sarr qui dénonce le manque d’accompagnement et d’éducation financière. Les femmes, dit-il, ont besoin de passer par un processus d’éducation financière avant de prétendre à de gros montants. Par ailleurs, Nicole Gakou a abordé la question des agropoles initiée par le Président Macky Sall. Et, c’est pour révéler que les femmes sont intéressées par ces agropoles. Seulement, elle se rend compte que le niveau d’investissement demandé favorise l’exclusion des femmes. «Il n’y aura pas de femmes dans ces agropoles alors que nous avons des femmes qui sont arrivées à stabiliser leurs produits», se désole de constater Mme Gakou. A l’en croire, au lieu de donner à une femme qui a un besoin de financement de 500 millions, on préfère donner un million à 500 femmes. 
 
M. CISS
 
 
 
 
 
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