Le Tribunal correctionnel s’est penché hier sur une affaire de diffamation qui a fini par provoquer la consternation dans l’assistance. Il s’agit d’une affaire de famille, précisément la famille Ndoye dont le père, 80 ans, poursuit les autres qu’il accuse de ternir son image, pour l’avoir accusé de pédophilie et d’inceste. Seulement, lorsque la fille a pris la parole pour s’expliquer, même le juge a été ému, choqué par les faits relatés par N.B. Ndoye, qui a accusé son père de faire des attouchements sur elle d’abord, ensuite sur ses petits-enfants âgés de 2 ou 3 ans. L’affaire sera vidée le 8 juin prochain.
Une rocambolesque histoire de diffamation a été débattue hier à la barre du Tribunal correctionnel. Il s’agit d’une affaire de famille dont le père poursuit sa fille, l’accusant de porter des propos mensongers qui ternissent son image. Lorsqu’elle a été invitée par le juge à donner sa version des faits, N. B. Ndoye a relaté une histoire de pédophilie dont son père serait l’auteur. A un moment donné, on aurait oublié que c’était elle la prévenue. Son récit a été tellement émouvant qu’il a attristé toute l’assistance ; même les gendarmes préposés à la sécurité étaient captivés par l’histoire de N. Ndoye.
Le juge, pris par l’émotion, a suspendu 5 minutes avant de reprendre son audience.
Dans sa narration des faits, en effet, N. Ndoye a expliqué que son père S. Ndoye (80 ans actuellement) faisaient des attouchements sexuels sur les enfants. Il avait d’abord commencé par elle. N. Ndoye est aujourd’hui âgée d’environ 35 ans. A l’en croire, elle a subi les attouchements de son père dès son enfance. Et un jour, elle a même saigné. Cela l’a traumatisée. Lorsqu’elle a décidé plus tard de se marier, elle a dû expliquer à son mari le drame qu’elle a vécu avec son histoire afin que celui-ci n’ait pas de surprise quant à l’absence de virginité.
Après elle, son pervers de père se rabat sur d’autres enfants
Le vieux S. Ndoye qui a un faible pour les enfants, s’est rabattu sur ses petits-enfants. Selon N. Ndoye, il commettait des attouchements sur les filles de son grand-frère. Ne voulant pas que ces dernières vivent le même calvaire qu’elle, elle est allée voir son frère à son lieu de travail, à Mbour, pour lui en parler. Lorsqu’ils sont allés chez le gynécologue, fort heureusement, les enfants avaient toujours l’hymen intact. Poursuivant son récit, elle raconte que son père s’intéressait également aux filles de sa sœur jumelle. Mais, pendant tout ce temps, leur maman, au courant de tout, ne disait rien.
Les confessions extraordinaires de la femme
Appelée à la barre, elle passe aux confessions. La maman raconte qu’elle a surpris un jour son mari couché sur le lit avec sa petite-fille, se couvrant tous les deux. Non seulement il suivait un film pornographique, mais il faisait en même temps des attouchements sur la fille. Quand elle est entrée, il a zappé la chaîne.
Pire, elle explique toujours a trouvé la petite fille sur lui et cette dernière jouait avec ses tétons. L’enfant d’environ trois ans racontera plus tard que c’est son grand-père qui lui a demandé de faire ça. Et pour les «motiver», il leur donnait parfois des bonbons ou des biscuits. Et ce n’est pas tout, selon toujours la maman, elle a vu son mari prendre une sucette, la mettre dans la bouche de l’enfant et ensuite en faire autant avec son sexe.
Comme elle n’osait rien dire, elle surveillait les enfants comme du lait sur le feu pour qu’elles ne s’approchent pas de leur grand père. Et lorsque sa belle-fille a accouché d’une autre fille, alors qu’elle était à l’hôpital, elle s’est exclamé en priant le Ciel de ne plus leur donner de fille. La sage-femme était même étonnée, selon la maman.
Lorsque le juge lui a demandé pourquoi elle s’est tue durant tout ce temps, elle a répondu qu’il s’agit d’une affaire de famille, qu’elle avait honte et ne voulait pas que les autres membres de la famille soient au courant, encore moins le voisinage. C’est ce qui fait qu’elle a voulu étouffer l’affaire. N’eût été la plainte de S. Ndoye pour diffamation, personne n’en saurait rien. C’est la même version donnée par la fille N. Ndoye. Un jour, elle dit avoir surpris le vieux S. Ndoye qui introduisait sa main sous la couche de sa petite fille de deux ans. Et curieusement, il s’empressait chaque fois de nettoyer les petites filles quand elles faisaient pipi. Toute la salle était dans la consternation ; certains ne pouvaient s’empêcher de verser des larmes.
C’est cette histoire racontée par N. Ndoye qui a suscité la plainte de son père. S Ndoye, âgé d’environ 80 ans. Il n’a pas aimé que celle-ci raconte à sa sœur jumelle et à son frère que lui, son père, lui a volé sa virginité.
A la barre, les avocats de la partie civile ont plaidé la prescription. Le Parquet a appuyé cette exception, en soutenant que depuis plus de 5 ans, le vieux S. Ndoye était au courant des accusations de sa fille et il n’a pas esté en justice. La loi dit que la plainte doit être déposée avant trois ans, dès l’instant qu’il a su que sa fille l’accusait de pédophilie ; passé ce délai, la prescription doit être prononcée. Au final, le juge a mis en délibéré pour le 8 juin.
Alassane DRAME