Silence et absence du terrain: Idy tancé par ses alliés




 
Le séminaire des jeunes de Rewmi a été une occasion pour les alliés de dénoncer le silence assourdissant dans lequel s’est emmuré le président Idrissa Seck depuis la dernière élection présidentielle. A en croire Abdou Karim Fall, la politique, c’est aussi le terrain. A cette remarque, c’est le vice-président Déthié Fall qui est monté au créneau pour défendre son mentor.   
 
 
Annoncé en grande pompe, ce samedi, au séminaire des jeunes de Rewmi, le président Idrissa Seck a finalement fait faux bond. Et, c’est le vice-président dudit parti et non moins député à l’Assemblée nationale, Déthié Fall, qui a présidé cet atelier sur le thème : «Leadership jeune au profit des Collectivités locales». Cependant, face à cette défection intrigante du leader de la coalition «Idy 2019», en plus de son silence assourdissant, les alliés n’ont pas fait dans la langue de bois pour dénoncer cette attitude. «Tout le monde, aujourd’hui, attendait le président Idrissa Seck. Les Sénégalais et nous membres de la coalition Idy 2019 avons besoin qu’il parle. Nous avons besoin qu’il donne les orientations dans le contexte chargé de ce Sénégal d’aujourd’hui», fait d’emblée remarquer le représentant des alliées, Abdou Karim Fall, en l’absence des pontes de la coalition, dont Khalifa Sall, Malick Gakou etc.
 
La politique, c’est aussi le terrain
 
Poursuivant, il souligne que «la politique, c’est aussi le terrain. Ce n’est pas une affaire de troupeau qu’on garde quelque part et venir le chercher quand on veut. La politique, c’est l’occupation du terrain, notamment en cette période où les élections locales s’annoncent. Il faut prendre le pouvoir décentralisé et ce serait une bonne base pour prendre le pouvoir central», tonne M. Fall, qui plaide dans la foulée pour une large coalition de l’opposition pour remporter les élections locales et amorcer la quête du pouvoir en 2024. A cet effet, il considère que le président Idrissa Seck «est en pole position» pour succéder à l’actuel locataire du palais de la République.
 
Jeunesse timorée
 
Sitôt les comptes soldés avec le président Idrissa Seck, Abdou Karim Fall a ouvert un autre front, dirigé contre les jeunes de sa coalition. En effet, il digère mal l’attitude de cette jeunesse timorée au lendemain de ce qu’il qualifie de «hold-up électoral». «Nous parlons d’un coup de force électoral et je ne parviens pas à me remettre, ne comprenant pas comment le peuple sénégalais, particulièrement la jeunesse, a laissé faire. Nous aurions pu résister et nous avons essayé, mais les jeunesses n’ont pas suivi», se désole-t-il, avant de révéler que la jeunesse doit refuser l’ordre établi. «La jeunesse, c’est une position d’avant-garde», relève l’allié du patron de Rewmi.
 
Nous avons brûlé des pneus, des voitures…
 
Ressassant les «exploits» de sa génération, il indique : «quand nous étions jeunes, on était à la limite téméraires. On brûlait des pneus, des voitures, on lançait des pierres, on se bagarrait ; parce que le contexte l’imposait», dit-il, avant de railler le concept nouveau de jeunesse républicaine. Une jeunesse, à son avis, doit être combative. Ainsi, persuadé de la «force de frappe» de la frange jeune de sa coalition, il estime que cette force doit servir à quelque chose. «Une force de frappe doit servir à dire stop, la jeunesse doit refuser de subir. Quel que soit le contexte, la jeunesse doit être devant. Nous comptons sur vous, il est bon de faire la campagne électorale, de faire le tour du Sénégal, mais il serait mieux de sécuriser le processus électoral. Sinon on reviendra toujours à la case départ. On va se tuer sur le terrain et à l’arrivée, les élections seront volées. Ce qui nous est arrivé», dénonce Abdou Karim Fall.
 
Déthié Fall vole au chevet de Idy
 
Suite aux reproches exprimés par Abdou Karim Fall, le vice-président de Rewmi, Déthié Fall, s’est chargé de défendre son leader. «Cette nostalgie que vous avez tous envers le président Idrissa Seck, c’est cette même nostalgie qu’il a envers les populations sénégalaises. N’oublions pas que c’est un responsable politique très présent aux côtés des populations. Je rappelle qu’il n’a jamais quitté le terrain. Entre 2015 et 2019, nous avons été très présents ; on a fait le tour du Sénégal, on a été dans les coins les plus reculés du pays pour présenter un programme conforme aux besoins exprimés par ces populations», a rappelé le député de Rewmi. Par ailleurs, il a justifié le comportement de son leader, au lendemain de la présidentielle de février dernier, par la volonté de celui-ci de maintenir le pays dans la paix et la stabilité. «On ne peut pas avoir sollicité la responsabilité, l’expérience de ce monsieur en son temps pour aider à installer la paix dans certains pays et de le voir - après une élection - déstabiliser le pays ; même si on savait que les Sénégalais avaient largement porté leur choix sur le président Idrissa Seck», relève Déthié Fall.
 
Il n’a pas besoin de marcher sur des cadavres pour…
 
Poursuivant, il n’a pas raté l’occasion de vanter les qualités de son leader, qui, dit-il, aurait évité un bain de sang au Sénégal. «Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il organise la descente dans les rues pour aller récupérer cette victoire, je l’ai vu passer des nuits à parler avec ses responsables, notamment les jeunes, pour qu’ils se calment, pour la bonne et simple raison qu’il n’a pas besoin de marcher sur des cadavres pour accéder à la magistrature suprême. Son objectif est de faire le pays et non de le détruire. Par conséquent, le pouvoir ne vaut pas l’instabilité du pays. Il faut tout faire pour consolider la Constitution. La présidence de la République n’est pas une fin en soi et qu’elle ne vaut pas que le tissu social, économique et la paix soient détruits», rapporte le vice-président de Rewmi. En effet, par cette démarche, le président Idrissa Seck a su donner suite aux prières formulées par les guides religieux, notamment Serigne Mountakha Mbacké. «Vous l’avez entendu dire à Idrissa Seck : vous avez la victoire. La victoire n’est rien d’autre que cette paix et cette stabilité. Le reste est devant nous ; et nous sommes encore là prêts à affronter ces pas qui nous séparent de la présidence de la République», affirme Déthié Fall.
Moussa CISS

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