Serigne Mbacké Ndiaye apprécie positivement les nouvelles mesures du chef de l’Etat dans la lutte contre le coronavirus. Pour lui, il n’y a ni pression, ni capitulation, comme le veulent faire croire les détracteurs du chef de l’Etat. Des détracteurs, il en trouve aussi pour le ministre de la Santé, contre qui un groupe, dont il dit connaître le coordonnateur et les membres, serait en train de comploter pour le dénigrer, dans le but de le faire remplacer. Il menace même de tenir une conférence de presse pour les dénoncer s’ils n’arrêtent pas ce qu’il qualifie de trahison envers le chef de l’Etat, le ministre de la Santé et surtout le peuple qui est dans des difficultés. Même s’il aurait suggéré que la gestion de l’aide alimentaire soit décentralisée, pour gagner plus de temps et d’argent, il trouve qu’il n’y a rien de scandaleux qui mérite ce débat qui l’entoure.
Je suis très soulagé après le discours du chef de l’Etat. Un président de la République doit être à l’écoute de son peuple et c’est ce qu’il a fait. En un moment donné, il faut évaluer, pour voir dans quel sens aller. Ces mesures avaient été prises pour les Sénégalais et avec les Sénégalais. Et ces derniers temps, pour les mosquées par exemple, de plus en plus de Sénégalais demandaient leur réouverture. Et il faut comprendre aussi que les chefs religieux et ceux qui gèrent les mosquées sont des gens responsables, soucieux de la santé des populations. Les marchés idem. Donc il fallait réévaluer et redéfinir une nouvelle stratégie. C’est dire que ces mesures viennent à leur heure. Il n’y a ni pression, ni capitulation, comme certains veulent le faire croire. Au contraire, le Président a montré qu’il sait être à l’écoute de son peuple. Vous avez vu par exemple la mesure sur le rapatriement des corps. Ça a créé un enthousiasme énorme, notamment dans la diaspora. Maintenant, il y aura toujours ceux qui veulent profiter de la situation pour exister, en politisant le débat. Mais ces gens-là qui veulent politiser cette situation trouveront le peuple sur leur chemin.
Aujourd’hui, le ministère de la Santé et de l’Action sociale est sur la sellette. Comment appréciez-vous son travail et sa gestion de la crise ?
Le ministère de la Santé, est en train de faire un travail très positif. Je dirais même un excellent travail. Et tout le monde devait être dans ce combat, à ses côtés. Mais malheureusement, j’ai la conviction qu’il n’y a que le président de la République, le ministre de la Santé, ses collègues de l’Intérieur, du Développent communautaire… Pour tous les autres, on a l’impression que cela ne les intéresse pas. Où sont tous ces ministres, Dg et autres comités de soutien à l’élection du chef de l’Etat ou de la Première dame qui poussent comme des champignons au moment des élections ? Pourquoi tous ces gens ne se mobilisent pas autant, pour cette cause nationale, plus importante que les soutiens à tel ou tel autre ? Où sont tous ces partis de la mouvance présidentielle qui devaient tous occuper le terrain comme en campagne électorale ? Mais à chaque fois qu’on voit quelqu’un, c’est devant les caméras et pour donner quelques masques et sacs de riz… Pire, des gens sont tapis dans l’ombre, pour mettre des bâtons dans les roues du ministre de la Santé afin de prendre sa place.
Comment ça et de qui s’agit-il ?
Je sais très bien de quoi je parle. Je connais le groupe mis en place à cet effet et celui qui coordonne tout. J’en parlerai à qui de droit et lui donnerai tous les éléments en ma possession. C’est un manque de loyauté et de solidarité qu’il faut dénoncer. C’est même une trahison, non pas contre le chef de l’Etat et le ministre de la Santé seulement, mais contre le peuple sénégalais qui est en train de se battre pour barrer le route à la pandémie. Mais eux, cela ne les intéresse pas. Tout ce qui les intéresse, c’est de déstabiliser le ministre de la Santé, dans la perspective de le remplacer. Combien de fois avez-vous vu des ministres aux côtés du ministre de la Santé ? Or ils devaient être fréquemment à ses côtés, pour marquer la solidarité gouvernementale qui s’impose en ces moments. Ces gens qui s’agitent dans l’ombre, je les connais tous. Et à écouter certains, on sent nettement qu’ils sont sourcés par des gens qui sont au sein même du ministère.
Vous n’avez toujours pas dit de qui il s’agit…
Pour le moment, je ne citerai pas de noms, mais s’ils n’arrêtent pas, je vais tenir une conférence de presse et les dénoncer devant l’opinion. Qu’ils arrêtent de comploter. Je ne peux pas admettre qu’au moment où le peuple sénégalais est dans des difficultés, que des gens se mettent à comploter pour leurs intérêts personnels. C’est comme ça que beaucoup de gens du pouvoir m’étaient tombés dessus et certains ne me parlent même plus, quand j’avais évoqué la non-limitation des mandats, parce qu’il y en a qui sont pressés de remplacer le Président.
La gestion de l’aide alimentaire, notamment la passation des marchés, à fait l’objet de beaucoup de critiques. Les partagez-vous ?
Dans cette affaire, on ne pose pas le vrai débat. Le vrai débat c’est : est-ce que les denrées sont de bonne qualité ? Oui ! Est-ce que ce les prix sont compétitifs ? Oui ! Le débat sur qui on a donné ou on n’a pas donné de marché est moins important. A la décharge du ministre, quand on attribue un marché, on ne peut que se fier aux documents présentés, dont la déclaration sur l’honneur. Par contre, s’il arrive qu’un attributaire soit défaillant, il faut que l’Etat prenne ses responsabilités.
Par ailleurs, j’aurais suggéré une décentralisation de l’aide. C’est-à-dire, faire le point sur le quota de chaque département et envoyer l’argent directement au comité départemental, qui va se charger d’acheter les produits sur place. Cela aurait l’avantage de faire gagner du temps et de l’argent, car on n’aurait pas à payer le transport. En plus, cela permettrait de booster le commerce local en ces périodes difficiles pour les commerçants.
Dans ce débat, ce qui me révolte, c’est que les gens qui l’animent n’ont donné aucun franc pour aider les populations. Même s’ils n’ont pas confiance au chef de l’Etat ou aux ministres, ils peuvent eux-mêmes acheter leurs produits et les distribuer aux populations. Ils ne le font pas, et ils passent tout le temps, non pas à critiquer, mais à dénigrer le chef de l’Etat et son gouvernement.
Comment jugez-vous globalement l’attitude des chefs religieux durant cette crise ?
Je pense que les chefs religieux se sont bien comportés dans la gestion de la crise. On les a vus partout accepter et promouvoir même les mesures prises par les autorités étatiques. J’entends certains dire qu’ils n’ont pas été associés à la prise de décision. Mais il faut que les gens sachent qu’au Sénégal, on a élu une seule personne, Macky Sall. Il peut certes consulter qui il veut, quand il veut, mais quand vient le moment de décider, c’est à lui de le faire. Et je pense que cela est compris par beaucoup de chefs religieux qui ont décidé de l’accompagner. Aujourd’hui, j’ai entendu beaucoup de religieux dire qu’il vont appliquer à la lettre les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires. Déjà, à Touba, le Khalife a pris les devants. Et je suis persuadé que ce sera pareil partout à travers les foyers religieux.
Propos recueillis par Mbaye THIANDOUM