SURVEILLE DEPUIS FEVRIER: Un important réseau de passeurs sénégalais tombe en Argentine



 
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, a du pain sur la planche. Des compatriotes viennent d’être arrêtés après avoir fait entrer en Argentine plus de 75 personnes. La traversée qui est digne d’une aventure a duré plusieurs jours. Et une fois sur les lieux, les passeurs obligeaient les Sénégalais à rejoindre leur réseau de vente de substances illégales.
 
 
Il y a quelques mois, une affaire de traite d’êtres humains a été annoncée par les autorités argentines. Il s’agissait de 75 Sénégalais qui sont arrivés en Argentine pour être ensuite exploités comme trafiquants et vendeurs de marchandises prohibées. C’était un réseau composé de trois Sénégalais qui jouait le rôle de passeurs. En outre, les compatriotes qui désiraient aller en Argentine versaient la somme de 6.000 dollars Us (plus de 3 millions Cfa) comme frais de voyage. Un voyage qu’ils n’oublieront pas de sitôt. 
 
COMMENT SONT-ILS ARRIVÉS EN ARGENTINE ? 
 
Ils ont effectué un petit voyage du Sénégal à la Gambie, où ils ont obtenu un passeport du pays. Sans que l’enquête ne dise comment, ils ont ensuite été transférés en Équateur, pays qui n’exige pas de visa pour les détenteurs de passeport gambien. Une fois arrivés dans le pays d'Amérique Latine, quelqu'un les attendait. La consigne était claire, au moment de quitter la Gambie et d'arriver en Équateur : ne jamais mentionner que le pays de destination serait le Brésil ou l'Argentine.
Enfin, depuis l'Équateur, ils ont continué par voie terrestre. Premièrement, ils se rendent au Pérou, où certains rapportent que, pour entrer, ils sont passés par une rivière. Ensuite, ils ont été transférés, également par des circuits illégaux, au Brésil, avec un itinéraire les conduisant dans plusieurs villes. Enfin, ils ont atterri en Argentine, où ils ont débarqué dans la ville de Bernardo de Irigoyen, province de Misiones, avant d’être transférés en bus vers la ville de Buenos Aires.
 
REVE BRISÉ A LEUR ARRIVÉE EN ARGENTINE 
 
À Dakar, on leur avait promis des emplois formels, leur permettant de régler leurs dettes vis-à-vis des passeurs et de mener une vie décente dans le pays. Mais, quand ils sont arrivés, ils se sont retrouvés dans un scénario très différent. Ils ont été forcés à vendre des marchandises illégales, à la fois dans la capitale fédérale et à Bahía Blanca, où les cerveaux de l'organisation ont été arrêtés. Pour ne pas qu’ils fuient, les passeurs ont confisqué leurs passeports lorsqu’ils sont arrivés en Argentine, tout en leur faisant croire que leurs papiers se trouvaient toujours au Sénégal.
 
 COMMENT L'ENQUETE A-T-ELLE COMMENCÉ ?
 
 
Le coup d'envoi a été donné le 14 février dernier, à la suite d'une plainte de Julián Marcelo Curi, alors directeur adjoint des Migrations et président de la Commission nationale pour les réfugiés. Il a été rapporté que cinq citoyens sénégalais avaient fourni des éléments pour signaler une manœuvre d'entrée illégale de personnes en Argentine. Trois de ces cinq personnes interrogées ont exprimé le souhait de retourner dans leur pays et ont toutes convenu que la migration était due au manque d'emploi et à la pauvreté dans laquelle elles vivaient dans leur pays d'origine.
La particularité de cette affaire est que ce sont des Sénégalais (trois), qui exploitaient leurs propres compatriotes. 
 
 
Khadidjatou DIAKHATE
 

Dans la même rubrique :