SUPPRESSION DU CESE ET DU HCCT La majorité parlementaire dit niet




 
 
Le pouvoir en place a reçu une claque de la majorité parlementaire suite à l’examen en Commission du projet de loi portant révision de la Constitution en vue de la suppression du Cese et du Hcct, rejeté par 16 voix contre et 14 pour. Et sauf revirement de dernière minute des députés de Benno, l’estocade sera portée aujourd’hui en plénière par le rejet définitif dudit projet de loi.
 
 
 
La majorité parlementaire refuse de livrer le Conseil économique social et environnemental (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), dirigés respectivement par leurs camarades de coalition Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye, à la guillotine du pouvoir en place. En effet, les députés de Benno ont voté, ce samedi en Commission des lois, du travail, de la décentralisation et des droits humains, le rejet du projet de loi n°11-2024 portant révision de la Constitution en vue de la suppression des deux institutions précitées par 16 voix contre et 14 pour. Pour rappel, la Commission est composée de 30 députés dont 16 de Bby qui ont voté à l’unanimité pour le rejet du projet de loi et les 14 autres représentent les coalitions Yewwi et Wallu, ainsi que le représentant des non-inscrits qui ont fait cause commune pour faire passer la loi. Mais en vain.
 
Taxawu vote pour en attendant la plénière
 
Lors du vote en Commission, les députés partisans de Khalifa Sall qui sont en froid avec leurs anciens alliés de Yewwi ont pourtant voté pour la suppression du Cese et du Hcct. Du moins, c’est le vote du représentant des non-inscrits et non moins membre de la coalition Taxawu, Malick Kébé. En effet, si ce dernier a voté en faveur de la suppression, c’est parce qu’il a reçu la bénédiction des députés non-inscrits qu’il représente. Cette dynamique va-t-elle se poursuivre en plénière avec ces positions très critiques de certains députés non-inscrits ? En attendant d’y voir clair, Abba Mbaye avait fustigé la démarche du pouvoir et précisé que le choix de Taxawu ne sera pas dicté ni par celui de Benno encore moins par le choix de Pastef.
 
Bis repetita en plénière ?
 
Quoi qu’il en soit, le scénario en Commission risque de se confirmer aujourd’hui en plénière. De l’avis du député de Wallu, Abo Mbacké Thiam, il faudra 99 députés pour faire passer la loi si les 165 sont présents en plénière. Et, sans les députés de Benno, c’est quasi impossible, dit-il, étant donné que les députés de Yewwi, de Wallu et des non-inscrits n’ont pas la majorité requise. Adji Mbergane Kanouté, elle, précise que le projet de loi sera encore rejeté en plénière. «Le groupe parlementaire Bby est un groupe soudé et solidaire. Nous ne doutons pas un seul instant qu’ensemble nous allons rejeter ce projet de loi», annonce Mme Kanouté.
 
Une loi inopportune dépourvue de courtoisie républicaine
 
Poursuivant, elle n’a pas manqué de fustiger la démarche du pouvoir qui, dit-elle, est inopportune et dépourvue de courtoisie républicaine. La députée en veut pour preuve l’absence de consultation préalable avec la majorité et les présidents des institutions concernées, foulant ainsi aux pieds le dialogue des institutions. «Lorsque le Président a été interpellé sur la criminalisation de l’homosexualité, il a argué qu’il n’avait pas de majorité. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? Il n’a pas encore la majorité et il nous envoie la suppression du Cese et Hcct. S’il avait mis dans le package la suppression des fonds politiques, des fonds communs, la criminalisation de l’homosexualité, on pourrait voter cette loi», rapporte Adji Mbergane Kanouté.
 
Ils commencent à perdre la confiance des Sénégalais et cherchent …
 
Même son de cloche chez son camarade Moussa Diakhaté. «N'est-ce pas ce gouvernement qui avait dit qu’il ne viendrait pas faire la Déclaration de politique générale au prétexte que le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’est pas à jour ? Si on peut utiliser ce prétexte pour un Pm nommé par décret, n’est-il pas plus logique d’attendre que le Règlement intérieur soit à jour pour demander la suppression du Cese et du Hcct votés par référendum ? C’est parce qu’en réalité, ils ont voulu bluffer. Ils ont pu constater que depuis cinq mois, ils n’ont pu réaliser absolument rien, ils commencent à perdre la confiance des Sénégalais, ils cherchent un prétexte de campagne pour les législatives et ils veulent mettre en mal les députés de Benno avec le peuple sénégalais», déplore le député de Bokk Gis-Gis, persuadé que le peuple a compris leur démarche.
 
 
Moussa CISS
 
 
LES ECHOS

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