L’histoire de suicide par arme à feu du gendarme Maguette Mbaye, alias «Riki Mbaye» ou Major Mbaye, survenue, avant-hier, vers 16 h, à la cité Lobatt Fall de Pikine, est encore sur toutes les lèvres de ses voisins et des habitants de la banlieue dakaroise. Mais, un tête-à-tête avec un proche du défunt nous a permis de s’imprégner des derniers moments du pandore suicidé.
Le gendarme Maguette Mbaye, dit «Riki Mbaye» pour les intimes, et «Major Mbaye» pour les collègues, qui servait à la Caserne Samba Diéry Diallo de Colobane de Dakar, a commencé à développer des troubles du comportement, depuis son récent retour de mission en Côte d’Ivoire. Même si d’aucuns s’emploient à établir un lien entre ses troubles psychiques et la disparition mystérieuse d’un forte somme d’argent qu’il a empochée après sa mission de service commandé au pays du défunt premier Président ivoirien Félix Houphouët-Boigny.
Il a renoué avec ses troubles samedi quand il m’a ceci dit : «J’ai des problèmes ces temps-ci. Je suis trop stressé»
Après le drame, nous avons accroché le gendre du défunt pandore, Mouhamadou Mbow, alias Landjiane, qui s’est prêté volontiers à nos questions, histoire de remémorer avec nous les ultimes instants de celui qu’il affirme considérer comme un frère et un confident. Ainsi, selon lui, tout a commencé la journée du samedi, lorsque le gendarme Mbaye quitte chez lui et se rend à l’atelier de tôlerie, abritant un enclos de moutons de type ordinaire et de race appartenant au pandore. Le site, qui est un terrain à usage d’habitation, appartient à l’homme en bleu, qui a prêté les lieux à son gendre Mbow, qui en a fait son garage de tôlerie. «Après avoir fait un tour dans l’enclos, il m’a trouvé à mon lieu de travail et échangé des salamalecs avec moi, avant de se confier en ces termes : ‘’j’ai des problèmes ces temps-ci. Je suis trop stressé’’. Ce que j’ai constaté avant de lui faire la remarque. Ainsi, je lui ai proposé de vendre quelques-uns de ses nombreux véhicules, histoire de se libérer du fardeau des véhicules d’occasion et autres carcasses, qui pouvaient intéresser les ferrailleurs. Il m’a dit de lui chercher des acquéreurs. Je lui ai proposé d’aller dans la chambre pour se reposer avant de rejoindre le domicile conjugal», nous a confié le sieur Mbow, dit Landjiane.
«Il a quitté chez lui à bord de son véhicule, le jour du drame, sans pourtant préciser à sa famille sa destination»
Arrivé dans la chambre du gendarme, ajoute notre interlocuteur, celui-ci lui a rappelé la vente de ses véhicules en ces termes : « j’espère que tu ne m’as pas oublié». «Je lui ai rétorqué que j’étais à la recherche de clients. Mais, c’était juste une manière pour moi de l’obliger à rester chez lui, mais aussi de lui éviter de s’affaler dans la rue à cause de ses récurrentes crises psychiques. C’était samedi dernier. Mais, le lendemain dimanche, on ne s’est pas vu, car je n’ai pas travaillé», fait-il remarquer. Ainsi, le jour de son suicide, Major Mbaye a quitté chez lui à bord de son véhicule de marque Peugeot 106, sans préciser à sa famille sa destination. «Sa première épouse m’a alerté. Redoutant le pire à cause de ses troubles du comportement survenus depuis samedi, j’ai tenté de le joindre sur son téléphone portable, qui sonnait dans le vide. J’ai cru qu’il était au volant et j’ai laissé tomber pour tenter à nouveau plus tard. On a alerté le frère à son papa domicilié à Sicap Sacré-Cœur et sa grande-sœur qui habite Ouest-Foire. Nous nous sommes tout de suite lancés à sa recherche. Tous les membres de la famille sont alors informés. On a continué à l’appeler sur son portable, mais en vain. Son silence a augmenté notre inquiétude. Un garçon m’a trouvé plus tard à mon garage de tôlier pour m’informer du suicide de l’homme à la cité Lobatt Fall de Pikine. Je n’ai même pas pensé qu’il pouvait s’agir de Major Mbaye. Mais, à mon arrivée, j’ai réalisé l’horreur. Sur demande de la police, j’ai conduit son véhicule au commissariat de Pikine. De peur de créer une onde de choc auprès de sa famille, j’ai préféré chercher le numéro de téléphone du frère à mon papa à Sacré-Cœur, et de l’informer du drame. Celui-ci a rappliqué dare-dare à la maison et informé la famille», témoigne Landjiane.
«Sa grande-sœur lui a téléphoné, mais il a juste dit ceci : ‘’je suis quelque part dans mon véhicule et j’ai envie de dormir’’»
Quand la grande-sœur a été auparavant informée de la disparition mystérieuse de son frangin gendarme, rapporte M. Mbow, la dame s’est inquiétée comme tout le monde et a réussi à joindre Mbaye, avant de l’interpeler sur sa position. «La grande-sœur lui a téléphoné et a demandé sa position, mais il a juste dit ceci : ‘’je ne suis pas chez moi. Je suis quelque part dans mon véhicule et j’ai envie de dormir’’. La jeune femme a insisté et l’a interpellé sur sa santé. Il a dit que les médicaments étaient épuisés, mais aussi l’ordonnance a été égarée. Sa sœur lui a demandé de lui dire sa position, ainsi elle viendrait le chercher là-bas pour qu’ils aillent ensemble à l’hôpital et acheter les médicaments. Mais, il a refusé catégoriquement de dire sa position. Ainsi, on m’a informé plus tard de son décès par suicide dans une rue à la cité Lobatt Fall de Pikine. Il fut un homme affable, généreux, serviable et très sociable», a laissé entendre le gendre du défunt pandore.
Vieux Père NDIAYE
INDISCRÉTIONS DU VOISINAGE SUR LE DÉFUNT GENDARME
L’Adjudant-major Mbaye a tenté de se suicider par arme à feu à deux reprises
Des voisins du défunt gendarme Mbaye ont déploré son décès tragique et ont indiqué que ce n’était pas la première fois que celui-ci tentait d’abréger sa vie. «L’Adjudant-major Mbaye a tenté de se suicider à deux reprises par arme à feu. Mais, sans succès», ont soutenu des voisins. Qui continuent de pleurer sur le triste sort du gendarme.
«Un jour, il a disjoncté et commencé à distribuer des billets de banque à tout passant»
Dans sa narration des ultimes instants de son beau-père, M. Mbow a évoqué un passage émouvant et douloureux de la vie du défunt pandore surnommé «Riki Mbaye». «Un jour, il a pété un câble et s’est pointé devant sa maison, avant de distribuer des billets de banque à tout passant. Un de ses enfants, en larmes, a alerté, et je suis rendu immédiatement chez lui pour l’en empêcher. Quand je l’ai interpellé, il m’a rétorqué qu’il était en train de donner de la zakat aux gens. Je l’ai recadré. Il a reconnu son incartade et a fondu en larmes», a déclaré hier notre interlocuteur.
«Il suivait un traitement contre ses troubles psychiques depuis son retour de mission»
L’Adjudant-major Mbaye était marié à deux femmes, qui vivaient séparément. Mais leurs maisons respectives se situaient à quelques jets de pierres l’une de l’autre. Le pandore se rendait également, de temps à temps, à son lieu de travail du fait de son état de santé mentale dépressif. Mais, avant son suicide, il était resté pendant de longs moments sans enfiler son uniforme pour aller à la Caserne Samba Diéry Diallo. Il suivait un traitement contre ses troubles psychiques à l’hôpital depuis son retour de mission en Côte d’Ivoire.
V. P. NDIAYE