SUCCESSION DE ALIOU CISSE : Augustin Senghor ouvre une brèche pour le "Sénégalais" Hervé Renard




 
 
Les éternels pressés vont être déçus de ne pas voir la Fédération sénégalaise de football publier le nom du successeur de Aliou Cissé sur le banc sénégalais. Dans cet entretien accordé à Afrik-Foot, le président Augustin Senghor a révélé que le processus de recrutement du successeur d'Aliou Cissé n’a même pas démarré et qu’il prendra du temps. Mais Augustin Senghor, au moment de lister les potentiels prétendants au poste de sélectionneur national, a prononcé le nom du "Sénégalais" : Hervé Renard.
 
 
Pape Thiaw peut donc d’ores et déjà préparer les échéances de novembre… Personne ne viendra perturber ses projets de finir en beauté les éliminatoires à la Coupe d’Afrique des nations Maroc 2025.  Ce sont les assurances données par Augustin Senghor à propos de la succession de Aliou Cissé qui n'est pas prévue d'ici là.
Le président de la Fédération sénégalaise de football, au micro de Afrik-Foot, s'est prononcé à donner encore des éclairages pour le futur choix du sélectionneur, après avoir déclaré il y a quelques jours que ce serait bien un expert sénégalais.
 
"Habib Bèye, Omar Daf sont Sénégalais. Mais est-ce que Hervé Renard, qui habite au Sénégal, est si étranger que cela ?"
 
 
Pour commencer, Augustin Senghor a fait savoir que même si le choix devrait porter sur des Sénégalais, l'expertise étrangère n'est pas exclue pour la succession de Aliou Cissé.
"Certes, nous avons déjà dit que notre logique est de promouvoir l’expertise locale. Et le ministère est dans cette même ligne. Nous ne bougeons pas de cela. Mais nous ne sommes pas fermés à l’expertise extérieure. Mais, en remportant tous les trophées africains depuis la Can, le Sénégal a montré qu’il avait de bons coachs locaux. Dont Pape Thiaw qui est bon soldat !", déclare-t-il avant de rajouter que "cela ne vaut pas la peine de lancer un appel à candidatures international. Ça n'a aucun intérêt d’avoir 100 ou 200 candidats. Il vaut mieux plutôt se concentrer sur quelques candidatures de haut niveau. Nous sommes une Fédération rompue à la tâche, qui gère de manière stable son équipe nationale".
A la question "Tant côté gouvernement, que dans vos mots sur l’expertise sénégalaise, on a l’impression que le choix se portera forcément sur un local ?", Augustin Senghor réplique : "il est vrai que c’est une tendance forte et elle a été très bien incarnée par Aliou Cissé. Mais il faut s’entendre sur les mots. Habib Bèye, Omar Daf sont Sénégalais. Mais est-ce que Hervé Renard, qui habite au Sénégal, est si étranger que cela ? Encore une fois, ce seront des éléments que nous aborderons lors du Comité exécutif".
Du Ghana à la Zambie, en passant par la Côte d'Ivoire ou encore le Maroc, Hervé Renard a travaillé dans plusieurs pays d'Afrique, mais il a fait de Saly sa terre d'adoption, par amour, et autour de plusieurs projets. Le technicien français réside au Sénégal depuis 2017. Une « Tanière » pour un Renard ? le destin facétieux peut bien amener Hervé sur le banc des Lions !
 
“Nous devons prendre le temps pour faire le bon choix“
 
 
Cependant, Augustin Senghor insiste sur le fait qu'il n'y a aucune urgence pour le choix du futur sélectionneur. "Déjà, nous sommes qualifiés pour la Can et nous avons évité cette urgence. Nous devons donc prendre le temps pour faire le bon choix sans se précipiter. On convoquera une réunion du Comité exécutif de la Fsf pour définir les critères de référence pour ce choix", a-t-il expliqué et rajoute : "nous avons nos habitudes. On définira les critères et on mettra sans doute en place une commission ad hoc qui va consulter les candidatures. Cette commission va faire un tri. C’est le plus simple pour nous".
Pour ce qui concerne les joueurs, le patron du football sénégalais avoue qu'ils pourraient aider dans cette tâche : Le Sénégal est aussi une sélection où il y a de grands joueurs. Auront-ils leur mot à dire ? Nous avons une équipe constellée de joueurs de qualité, mais aussi d’expérience. Et ils nous aident d’ailleurs parfois dans nos choix… On l’a vu avec cet épisode récent. Ils auraient pu ne pas comprendre ce qui se passait ou le prendre mal. Au contraire, ils ont été d’un grand apport dans ce moment difficile. En tout cas, ils sont avec nous sur l’idée que le Sénégal doit continuer d’avancer et de rester une locomotive du football africain. Notre dynamique reste active et le Sénégal est toujours là".
 
"Pour faire vite, donner notre confiance au staff d’Aliou semblait une évidence..."
 
 
Pape Thiaw pour succéder à Aliou Cissé, un signe de fidélité et de continuité ? Augustin Senghor a aussi donné des explications sur Le maintien du staff de Cissé.  "Nous sommes convaincus que ce qui a fait le succès du Sénégal, est un travail de longue haleine. Nous étions face à une situation inhabituelle, exceptionnelle. Puisqu’après avoir décidé sa liste, notre sélectionneur s’est vu notifier la non-approbation de son contrat par l’Etat. Il fallait réagir très vite. Et aller vers notre objectif immédiat : la qualification pour la Can 2025 !", martèle-t-il.
"Pour faire vite, donner notre confiance au staff d’Aliou semblait une évidence. Il a travaillé sur les matchs précédents, participé à la confection de la liste, connait le groupe et possède des affinités avec les joueurs. C’était la décision la plus sage et nous en avons fait une priorité. Il n’y avait pas urgence à aller chercher un autre entraîneur. Mais plutôt gérer dans l’immédiat ces deux matchs et on ne pouvait le faire qu’avec ce staff conduit par Pape Thiaw. Il manquait un élément clé, Aliou, mais pour le reste, rien n’a bougé. Surtout, nous étions en mission pour satisfaire l’objectif d’Aliou qui était de se qualifier dès le quatrième match !", renchérit Senghor. 
"En fait, nous n’avons pas encore planché sur le choix du sélectionneur, sur le profil ou les critères qui vont gouverner la nomination de l’entraîneur. Pape fait en tout cas partie de ces entraîneurs sénégalais qui se sont fait une place parmi les meilleurs. Notamment en gagnant le Chan. Il a donc toutes ses chances auprès d’autres coachs sénégalais qui ont de la valeur", conclut le président de la Fsf.
 
 
LES REVELATIONS D’AUGUSTIN SENGHOR
“Aliou m’a tout de suite dit qu’il ne voulait pas être un facteur de division…” 
 
Au cours de la seconde partie de cet entretien exclusif qu'il a accordé à Afrik-Foot, le président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), Augustin Senghor, nous dit tout sur la manière dont Aliou Cissé a quitté la sélection. Extrait.
 
Le départ d’Aliou Cissé a-t-il été une véritable crise pour la Fsf ?
 
En fait, pas du tout. Et ce, paradoxalement, grâce à Aliou lui-même. Lorsque j’ai reçu le courrier du ministère des Sports (stipulant la non-reconduction du contrat d'Aliou Cissé, ndlr), j’avoue avoir eu un doute sur l’attitude à tenir. Puisque, de notre côté, nous nous étions mis d’accord pour une prolongation avec le sélectionneur. Ce qui avait été accepté par le ministère avant la date Fifa de septembre. D’ailleurs, Aliou a dirigé l’équipe en septembre alors que son contrat était terminé. Et il venait d’envoyer sa liste pour le mois d’octobre…
 
Et donc, tout a changé au ministère. De quoi engendrer une sacrée panique, non ?
 
Vous savez, je dirige cette Fédération depuis 12 ans. Et, dans ces cas-là, j’ai appris à ne pas réagir à chaud et à me méfier même de ma réaction personnelle immédiate. En l’occurrence, j’ai appelé Aliou tout de suite pour lui dire la teneur de ce courrier. Et c’est lui qui a eu la bonne réaction et m’a aidé à réagir.
Bien sûr, on aurait pu imaginer plein d’options, comme s’opposer au ministère, par exemple. Mais Aliou m’a tout de suite dit qu’il ne voulait pas être un facteur de division. Il est très attaché au pays et à cette sélection. Il m’a tout de suite dit qu’il fallait accepter la décision ministérielle. Son recul et son discours plein de sens m’ont donné de la force.
 
Vous auriez été tenté de résister au pouvoir ?    
 
Finalement, la question ne s’est pas posée. Car, encore une fois, l’attitude d’Aliou nous a éclairés. Notre Comité exécutif a pu prendre sa décision en toute sérénité. Vous savez, il n’y a pas de tabou. Après la Can en Côte d’Ivoire, nous avions déjà évoqué un départ d’Aliou. Finalement, nous avions estimé que, ayant commencé le travail, il était le mieux placé pour opérer la transition vers la nouvelle génération.
 
Il est vrai que vous avez présidé une période dorée ! Continuerez-vous encore en vous présentant encore aux élections de 2025 ?
 
Le Sénégal, c’est 18 millions d’habitants et des moyens bien inférieurs à d’autres nations. Alors, dix années à surfer sur un plateau de performances de qualité, c’est considérable. Mais notre travail est de rester là-haut quelles que soient les situations ou changements qui peuvent arriver. Pour ma part, je n’ai encore pris aucune décision.
La dernière fois, j’avais commis l’erreur d’annoncer que c’était le dernier mandat. Alors que si on a encore la motivation et des projets, autant continuer. Une certitude en tout cas, je serai toujours dans le football. Car c’est d’abord une passion !
 
Quelle est la place d’Aliou Cissé dans cet accomplissement ?
 
C’est le moment de remercier grandement Aliou Cissé pour son apport considérable et le travail réalisé dans tous les domaines. Son amour du pays et son envie de gagner nous ont fait grandir. Il y a eu un Sénégal avant Aliou, et un autre pendant sa période. A nous de perpétuer les valeurs qu’il a su inculquer à ce groupe et prolonger les bons résultats. A commencer par cette Can au Maroc. Car nous avons très envie de reprendre notre bien !
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :