Après notre article du 17 novembre 2021 concernant les conditions de travail des ouvriers du stade de Diamniadio, plusieurs personnes ont été licenciées, leurs salaires retardés et diminués. Les ouvriers se braquent encore contre les Turcs responsables de la construction et promettent de passer à l’étape supérieure s’ils ne reçoivent pas leurs salaires aujourd’hui.
Les ouvriers du stade de Diamniadio, lors du passage du ministre des Sports, il y a quelques semaines, s’étaient confiés à «Les Echos» sur leurs difficultés. Les ouvriers nous avaientdit que les conditions de travail sont difficiles. Ces jeunes Sénégalais soucieux de leur avenir ne demandaient qu’à être remis dans leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de travail. Cependant, les conditions ne sont non seulement pas amélioréesà l’exception des heures de travail ramenées à 18 heures, mais plusieurs d’entre eux ont subi un licenciement abusif. Ceux qui sont restésnous ont interpellé hier et ont préféré encore parler sous anonymat, pour ne pas se faire renvoyer à leur tour. Pour notre premier interlocuteur, le problème se trouve dans le retard de paiement des salaires. «Nous avons travaillé tout le mois et on est le 7 sans avoir perçu notre salaire. Ce matin (hier), on est parti au bureau pour demander ce qu'on nous devait et on nous a fait tourner en rond en arguant qu'ils attendaient ceux qui devaient amener l'argent. Certains qui devaient payer leurs chambres ou envoyer de l'argent à leurs familles ne l'ont toujours pas fait. On n'a même plus de quoi payer les dames qui nous donnent à manger sur le chantier», renseigne-t-il avant d’ajouter : «depuis que vous avez sorti l'article sur nos conditions de travail, on a licencié beaucoup de gens. ils avaient juste ciblé certains parce qu'ils ne savaient pas qui a parlé. Ils ont juste choisi au hasard pour licencier, alors que certains avaient fait 13mois dans ce chantier. Ils leur ont donné 175.000 F Cfa comme droit de licenciement. Ceux qui avaient porté plainte avaient réussi à gagner 600.000 F Cfa».
«On a aussi diminué nos salaires. On nous a encore coupé plus de 40.000 F Cfa»
Un autre ouvrier a aussi déclaré qu’ils ont eu des coupes de salaires suite à leurs protestations. «Ils ont diminué nos salaires. On nous a encore coupé plus de 40.000 F Cfa. Ça n'a pas de sens. On nous a promis de nous payer demain (aujourd'hui). Il veulent attendre jusqu'après la pause pour nous payer. Ce n'est pas juste qu'on attende jusqu'au 8 pour nous payer, alors qu'auparavant on nous payait avant le 5», dit-il en ajoutant qu’«avec l'entreprise Suma, ce n'est pas de l'emploi, mais de l'exploitation. Et tout ce sale boulot, ce sont les sous-traitants qui l'exécutent. Aujourd'hui (hier), nous étions obligés de bloquer lasortie pour que personne ne sorte jusqu'à 17h. Toujours après votre passage, la réaction était de diminuer les heures de travail. Il paraît qu'il y a un ministre qui est intervenu. On a commencé à descendre à 18h en semaine et 17h le dimanche. Les ouvriers ont encore décidé de ne pas travailler ce mercredi».
«Si cette situation continue, la date de livraison sera impactée»
Selon toujours notre interlocuteur, «si cette situation continue, la date de livraison sera impactée. Aucun ouvrier n'a travaillé aujourd'hui (hier). Ce sera un retard dont eux seuls seront les responsables». Il a déclaré aussi avoir «entendu qu'ils ont payé les travailleurs de la gare de Dakar. Chez nous, on sélectionne en douce des gens qu'on paie. Les chauffeurs ne sont pas payés. Seuls les grutiers ont été officiellement payés sinon le chantier allait s'arrêter. 90% des ouvriers, c'est-à-dire les maçons, les carreleurs, les ferrailleurs, les coffreurs etc. ne sont pas encore payés. Les Turcs nous ont dit qu'ils ont déjà donné l'argent aux sous-traitants donc on peut en déduire que c'est eux qui ne nous respectent pas.Un vieux qui a fondu en larmes quand on nous a dit qu’il n'y avait pas d'argent. Il avait emprunté de l'argent pour la dépense quotidienne de sa famille. Il n'avait même pas de quoi prendre un car pour rentrer».