SORTIES SUR L’APPARTENANCE RELIGIEUSE DU CANDIDAT SONKO: Quand des politiques en panne d’arguments violent la Constitution et poussent le pays sur une pente raide



 
 
 
C’est à croire qu’Ousmane Sonko, pour on ne sait quelle raison, empêche de dormir tranquille sur les matelas douillets du pouvoir. Sinon comment comprendre ces tirs groupés de politiques et de religieux, le traitant de tous les noms de croyants. Cela, en violant et foulant aux pieds les principes et droits élémentaires consacrés par notre Constitution. La Constitution, en son article premier déjà, affirme avec force: «La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances». Et plus loin, à l’article 24, elle précise : «La liberté de conscience, les libertés et les pratiques religieuses ou cultuelles, la profession d’éducateur religieux sont garanties à tous sous réserve de l’ordre public. Les institutions et les communautés religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la tutelle de l’Etat…»
Dès lors, en vertu de quoi demande-t-on à un candidat à la présidentielle de décliner son obédience religieuse ? Pourquoi une personne appartenant à une telle obédience religieuse est présidentiable, et une autre, appartenant à une telle autre obédience religieuse, ne le serait pas ? Depuis quand un citoyen sénégalais doit décliner son appartenance religieuse pour briguer les suffrages de ses concitoyens ?
Et c’est bien heureux que, dans la grisaille des déclarations et réactions d’exclusion et stigmatisantes de pyromanes politiques, des voix, comme celle du ministre chef de cabinet du président, Moustapha Diakhaté, se soient élevées afin de rappeler que notre Charte fondamentale, en proclamant le respect et la garantie intangibles des libertés philosophiques et religieuses, prohibe, en même temps, la stigmatisation des choix confessionnels des citoyens sénégalais. Et que nul n’a le droit de condamner un compatriote pour ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas, religieusement parlant.
Au-delà même de la Constitution, l’une des valeurs fondamentales de la démocratie, dont se réclament ces inquisiteurs et censeurs,  c’est la tolérance de l’autre, des différences à tout point de vue.
En cette veille d’élection présidentielle, un tournant capital dans la marche de notre jeune nation, chercher à savoir de quelle obédience religieuse est un candidat devait être le cadet des soucis de ceux qui sont préoccupés par le futur politique, économique et social du pays. Mettre sur la table la situation politique, économique et sociale du pays, en rapport avec les politiques mises en place par le régime de Macky Sall et celles proposées par ses concurrents, est le seul débat qui vaille véritablement d’être mené.
Mais, hélas, certains politiciens, pas tous heureusement, et leurs alliés religieux ou autres, ont le don de trouver toujours le moyen de creuser encore plus bas, quand on a déjà atteint le fond. Pour des motivations personnelles et obscures, ils sont en train de faire glisser le pays sur une pente raide et dangereuse. Combattez Sonko, c’est votre droit le plus absolu, en tant qu’adversaire politique. Mais, de grâce, restez au même étage que lui. Répondez au débat politique, économique et social auquel il appelle dans ses «Solutions», ou contentez-vous d’applaudir ceux qui le font. Dans un pays où chacun tient à sa parcelle de confession comme à la prunelle de ses yeux, agiter la fibre religieuse, juste pour discréditer un adversaire, un candidat, ne fait que saper l'unité et la cohésion des groupes socio- religieux et, partant, l’unité et la cohésion nationale, jusque-là préservées.
Mbaye THIANDOUM
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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