SORTIE MUSCLÉE DU PREMIER MINISTRE : Ousmane Sonko sort la cravache, avertit, menace et prévient les «voleurs»




 
 
Ousmane Sonko ne badine pas du tout avec les deniers publics. Lors une rencontre avec les agents de la Primature, Ousmane Sonko a profité de la tribune qui lui est offerte pour régler des comptes avec l’Assemblée nationale, exclure une motion de censure, annoncer la reddition des comptes de même que les limogeages de Aminata Mbengue Ndiaye et de Abdoulaye Daouda Diallo. Ousmane Sonko a même abordé l’affaire complexe de l’Onas.
 
 
En animant une rencontre avec les agents de la Primature, Ousmane Sonko a confié : «elle s’inscrit dans la perspective de la nouvelle place que nous voulons donner à la Primature. Il est question ici d’une Primature forte». A l’occasion, il a survolé l’ensemble des sujets qui secouent le pays. «Nous avons entendu des spéculations des politiciens de très mauvaise foi sur la Primature sous sa forme actuelle, qui suppléerait à la présidence de la République. Mais c’est méconnaitre d’abord le cadre relationnel de l’attelage que nous avons mis en place, mais surtout l’importance et les attentes du Président de la République sur la Primature. Une Primature forte, c’est une présidence de la République très forte, une Primature faible c’est une présidence de la République extrêmement exposée et vulnérable. Dans un pays normal, la Primature doit être très forte pour conduire au quotidien la politique de la Nation définie par le Président de la République et avoir sous sa responsabilité l’administration», soutient le Premier ministre. Qui, sans transition, donne l’exemple de l’éviction de Cheikh Dieng sans le citer. «Nous serons très regardants sur certaines questions et nous appliquerons la tolérance zéro. On a eu ici un cas d’intégrité et nous avons pris immédiatement la mesure de relever l’autorité concernée et nous continuerons à examiner de très près ce cas. S’il faut aller au-delà et peut être aller au niveau de la justice, nous irons. Nous serons intraitables sur ces questions», dit-il.
 
«D’ici le 12, ces gens-là auront autre chose à faire que d’être députés à l’Assemblée nationale»
 
 
 
Dans un contexte politique particulièrement tendu, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la dissolution prochaine de l’Assemblée nationale. En effet, Ousmane Sonko a précisé qu’aucune motion de censure ne pourra être déposée avant le 12 septembre, affirmant ainsi sa détermination à mener à bien les réformes nécessaires pour le Sénégal. «Je peux vous rassurer qu’il n’y a pas de motion de censure, parce que d’ici le 12 septembre, ces gens-là auront autre chose à faire que d’être députés à l’Assemblée nationale», a-t-il déclaré. D'après lui, ceux qui «ont créé un grand fossé au sein de la République et voler des milliards au préjudice des Sénégalais, n'ont aucune leçon à donner». Et de poursuivre : «notre silence n'était pas une faiblesse, mais nous faisions un travail méthodique».
 
«Plus aucun centime ne sera dépensé au Cese et Hcct»
 
Le Premier ministre vend d’ailleurs la mèche concernant la dissolution du Conseil économique social et environnemental (Cese) et du Haut conseil et des collectivités territoriales (Hcct). «Le président de la République va probablement prendre les décrets pour remercier Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye. Il va aussi bloquer le fonctionnellement de ces institutions pour qu’aucun centime de crédit ne puisse être dépensé». Le chef du gouvernement rappelle que l’étude sur la rationalisation des dépenses est bientôt bouclée et que la proposition de dissoudre un certain nombre d’institutions pour laquelle le régime actuel s’est engagé.
 
«Il y en a 3 ou 4 qui ont pu s’échapper et qui sont localisés à Dubaï et au Canada»
 
Ousmane Sonko a aussi évoqué la reddition des comptes, annonçant que la traque va débuter dès cette semaine. «C’est ce souci qui nous anime quand on pose le débat sur la reddition des comptes qui va démarrer maintenant, cette semaine même et qui va s’étaler autant qu’il faudra», a-t-il notamment fait savoir. Et d'ajouter : «les gens ne peuvent pas se permettre n’importe quoi à coups de milliards sur le foncier, sur le foncier bâti, sur les marchés publics, les marchés classés secret défense, sur les concessions et j’en passe…. Amasser des milliards et penser qu’ils peuvent s’en sortir indemnes».
Le chef du gouvernement a révélé que des mesures conservatoires ont été prises pour que certains anciens responsables ne puissent sortir du pays. «Il y en a 3 ou 4 qui ont pu s’échapper et qui sont localisés à Dubaï et au Canada mais s’il faut aller les tirer par les orteils, ils reviendront», a-t-il prévenu. Et d’ajouter : «dans les jours à venir, c’est par dizaines qu’ils vont rendre compte. Rien n’est sous-estimé, une corruption de 100.000 francs ou 100 millions, pour moi c’est de la corruption. C’est-à-dire du détournement de destination par rapport à l’intérêt général. Ce n’est pas acceptable». D’ailleurs, pour être on ne peut plus clair, Ousmane Sonko précise que ce n’est pas de l’intimidation, mais, dit-il, «je veux insister pour que chacun d’entre nous puisse se suffire de ce qu’il gagne».  Ousmane Sonko ajoute : «tout le monde a l'obligation de dénoncer des pratiques malsaines et opaques au sein de l'administration». Tout en précisant que ce «droit est garanti par nos lois et nos textes communautaires». Selon l’ancien maire de Ziguinchor, c'est la raison pour laquelle, ils ont décidé de faire voter une loi pour la protection des lanceurs d'alerte.
 
Sonko s’engage à améliorer les salaires du personnel de la Primature
 
A cette occasion, le Premier ministre s’est engagé à améliorer le niveau de rémunération du personnel de la Primature. «J’ai été un peu gêné de voir le niveau de rémunération à la Primature», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : «je pense qu’on ne peut pas avoir une administration comme la Primature qui est censée être cheffe de toutes les administrations avec ces niveaux de rémunérations.» Sans prendre un engagement ferme, poursuit le chef du gouvernement, en bon «syndicaliste que j’ai été, je puis vous promettre qu’on va déployer toute l’énergie qu’il faut pour améliorer ça de manière substantielle. Aussi bien au niveau de la rémunération que des mesures d’accompagnement pour les conditions matérielles de travail.»
 
 
Samba THIAM
 
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