Le premier Sommet international du sport a débouché sur la détermination de dix engagements autour de cinq grands thèmes. Bassirou Diomaye Faye, conscient de la tâche lourde qui attend le Sénégal qui accueillera les Jeux de la jeunesse en 2026, a un peu secoué l'unanimité en réclamant d'aller plus loin, parce que ces objectifs ne pourraient pas être atteints sans un «bouleversement du système international obsolète, non inclusif et contesté», évoquant notamment «le traitement de la dette, le système de notation financier ou les exigences de certains organismes de financement...». Il a aussi dénoncé «le fléau du racisme qui continue de gangréner le sport.»
Des changements pour atteindre les objectifs de développement durable au Sommet international du sport en prélude aux Jeux olympiques 2024, Bassirou Diomaye Faye en redemande encore. Le chef de l’Etat n’a pas mâché ses mots hier devant ses collègues chefs d’Etat. «En nous réunissant ici sous la bannière de l’olympisme, nous faisons vivre toute la tradition antique de la trêve olympique, célébrant les idéaux de paix, de sécurité et de compréhension mutuelle entre les peuples», introduit ainsi BDF. Qui poursuit : «cette tradition rappelle que le sport n’est pas que compétition. Il est aussi une humanité qui rassemble les peuples au-delà de leurs frontières et de leurs différences». Cependant, souligne le chef de l’Etat, «force est de constater que l’idéal olympique est, aujourd’hui, mis à rude épreuve par la tragédie de la guerre, de la violence sous toutes ses formes et des inégalités sans cesse croissantes au sein et entre les nations».
Sachant que le sommet s’inscrit dans la continuité du Pacte de Paris pour les peuples et la planète ainsi que la perspective du Sommet de l’avenir en septembre prochain à New York, BDF est d’avis que cela doit interpeller les chefs d’Etat afin d’œuvrer de façon plus résolue à la réalisation des objectifs de développement durable. «Notre rencontre devrait sonner le réveil des consciences sur les iniquités persistantes d’un ordre mondial historiquement dépassé», dit-il. Avant d’ajouter : «si nous voulons que les choses changent, il nous faut changer les règles du jeu. Je pense à l’évasion fiscale, aux congés fiscaux abusifs et aux autres flux financiers illicites qui privent nos pays de ressources vitales au financement du développement».
BDF ne s’arrête pas en si bon chemin et, dit-il, avoir une pensée «à la question lancinante du traitement juste et équitable de la dette ainsi qu’au système de notation biaisé sur l’évaluation du risque concernant l’Afrique». «Je pense aux conditions inéquitables de la transition énergétique quand certains partenaires interdisent le financement à l’étranger de sources d’énergies fossiles y compris le gaz alors qu’ils continuent d’utiliser eux-mêmes des sources beaucoup plus polluantes comme le charbon», lâche-t-il. Et de poursuivre : «je pense à l’architecture de la gouvernance politique, économique et financière mondiale héritée de la Seconde guerre dont la composition des organes et le processus de décision ne reflètent plus les réalités de notre temps».
Rappelant les alertes du secrétaire général des Nations-Unies sur le risque de fragmentation d’un système international obsolète et non exclusif, BDF estime que c’est un système qui perpétue le statu quo, ignore les besoins légitimes de sa grande majorité et crée les germes de sa remise en cause et la recherche de voix alternatives. «Je saisis l’occasion pour attirer l’attention du sommet sur le fléau insupportable du racisme et de la discrimination raciale qui continuent de gangréner le sport dans un contexte de banalisation des discours haineux et xénophobes. Face au racisme et à la discrimination raciale, nous devons rester debout et intransigeant», conclut-il.
Samba THIAM