SNOBÉ PAR LE NOUVEAU REGIME : Serigne Moustapha Sy fait feu de tout bois sur Sonko




 
 
 
Snobé par le Premier ministre Ousmane Sonko depuis la victoire à la présidentielle, Serigne Moustapha Sy a profité de la nuit du Gamou pour faire feu de tout bois sur le président de Pastef qui, dit-il, en plus de l’ignorer, veut exercer sur lui un chantage. Malheureusement pour lui, il ne cède pas au chantage. C’est pourquoi il a éconduit tous ses émissaires à la veille du Gamou, avant de promettre de l’attendre aux législatives. La famille Sy en a pris aussi pour son grade. Seul Diomaye a échappé aux foudres du marabout.
 
 
 
La nuit du Prophète a été célébrée au champ de courses par le responsable moral des Moustarchidines wal Moustarchidaty, Serigne Moustapha Sy, devant un parterre de fidèles venus communier et s’abreuver à la source spirituelle de leur guide religieux. Cependant, dans cette ferveur spirituelle, le temporel, comme à l'accoutumée, n’a pas été occulté durant sa causerie. Même s'il est apparu affecté par le rhume, la voix enrouée, le pas feutré, s’appuyant sur son fils Mame Cheikh dit Capitaine pour regagner son siège, le ton pour décocher ses vérités est resté intact. Et c’est Ousmane Sonko qui est cette fois-ci la cible de ses foudres. «Au Sénégal, certains font tout pour dissuader ceux qui veulent passer le Gamou avec les Moustarchidines. Cela n’en vaut pas la peine puisque, grâce à Dieu, le Moustarchidine a tout et n'a besoin de personne. Je remercie tous ceux qui ont fait le déplacement, d’autres avaient promis de venir, mais ont changé d’avis à la dernière minute», regrette le guide religieux.
 
«Je ne cède pas au chantage et je m’adresse à Sonko»
 
Poursuivant, il dira : «si quelqu’un croit qu’il peut exercer un chantage sur moi, il se trompe lourdement. Je ne cède pas au chantage. Et, je m’adresse à Sonko», dit-il, sous les applaudissements des fidèles. «Au contraire, c’est moi qui suis bien placé pour exercer un chantage sur lui parce que s’il est encore en vie pour être là où il est aujourd’hui, c’est grâce à moi, au rôle que j’ai joué lorsqu’il était en prison, dans le coma et interné à l’hôpital Principal. J’ai appelé au téléphone le professeur Khalifa Babacar Wade pour lui dire de prendre soin de Sonko et de Pape Alé Niang, parce que l’ancien régime voulait les liquider. Finalement, le professeur ne rentrait plus chez lui, pour les surveiller et éviter qu’on profite de son absence pour atteindre les deux patients», narre le marabout visiblement excédé par ce manque de reconnaissance, avant de prendre date. «Depuis qu’il est au pouvoir, il fait comme s’il nous ignorait, mais je l’attends aux élections législatives», charge le marabout et non moins président du Pur.
 
Serigne Moustapha adoube Diomaye
 
Cependant, si le marabout prône le «gatsa-gatsa» contre le président de Pastef, il n’a pas manqué d’adouber le président Diomaye Faye. «Mon seul problème, c’est Diomaye», dit-il. A l’en croire, le chef de l’Etat est une personne exemplaire qui veut réussir sa mission à la tête du pays. En effet, même s’il dit comprendre des choses à travers cette relation au sommet, d’après son analyse, il invite le Président Diomaye à poursuivre ses ambitions et Dieu, dit-il, va l’aider à atteindre ses objectifs. 
 
Serigne Moustapha ferme la porte aux émissaires de Sonko
 
Poursuivant, il est revenu sur le jeu d’acteurs des émissaires de Sonko avant de qualifier leur démarche de comique. «Ce qui me fait le plus marrer, ce sont ces émissaires qui appellent pour solliciter une audience, commissionnés par Sonko, disent-ils. J’ai dit niet, je leur ai fermé ma porte. Je ne reçois personne. Pas plus tard qu’hier (avant-hier), quelqu’un m’a appelé pour demander de le recevoir au nom de Sonko ou du moins de le mettre en rapport avec Capitaine. J’ai aussi refusé. Il faut arrêter cette comédie. Le Sénégal a certes changé, mais personne ne peut nous duper. Il faut savoir assumer les actes qu’on pose», assène le responsable moral des Moustarchidines.
 
«Si Yewwi est une réussite, c’est grâce à moi»
 
Se prononçant sur la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw), notamment sa réussite politique, le président du Pur dit y avoir joué un grand rôle. «Si Yaw est arrivé là où il est, c’est grâce à moi», dit-il, sous les applaudissements des fidèles. Cet apport, à l’en croire, loin d’être un engagement sur le terrain, est une contribution spirituelle pour pousser la coalition de l’avant. Et, c’est de cette manière qu’il a réussi à infliger à l’ancien Président Macky Sall une défaite nette et sans bavure. «Il y avait beaucoup de bruit et de tension autour de la présidentielle, mais j’étais persuadé que Macky Sall allait quitter le pouvoir. Et c’est loin d’être fini», prédit le marabout.
 
Une coalition en gestation ?
 
Contrairement à Sonko, avec qui le guide religieux est en froid, la connexion semble parfaite avec d’autres responsables politiques, à l’image de Barthélemy Dias qui, dit-il, s’est impliqué à travers, entre autres, une participation financière pour la réussite du Gamou. Cependant, au-delà du Mawlid, cette démarche est sous-tendue par des motivations politiques. «Je sais au fond ce qu’il veut, parce qu’il l'a dit à son émissaire. D’autres aussi se sont inscrits dans cette dynamique ; il s’agit de Déthié Fall, Oumar Youm, Anta Babacar Ngom…», explique le marabout-président de parti. Va-t-on vers une nouvelle coalition née de l’implosion de Yewwi en vue des législatives ? Tout porte à le croire. En tout cas, de l’avis de Serigne Moustapha, le pays est à la croisée des chemins et il a appelé au calme et à la sérénité en attendant de voir la direction que va prendre le pays.
 
«Je n’ai pas d’alter ego dans la famille Sy»
 
Serigne Moustapha Sy n'a pas dérogé à son tempérament va-t-en-guerre contre le Khalife général de Tivaouane et ses compagnons. «Beaucoup de choses se passent dans la famille et on réclame ma réaction. Parfois, ce sont des attaques personnelles, mais je ne me permettrai pas de descendre aussi bas. Je n’ai pas d’alter ego dans la famille Sy. Je n’ai aucune considération pour eux. Ils peuvent faire leur coalition et se jeter des fleurs entre eux, solliciter des personnes pour assurer leur propagande. C’est leur affaire. Je n’ai pas besoin de cette propagande Dieu l’a déjà faite pour moi», martèle le marabout avant d’appeler les talibés à l’unité. A l’en croire, si on ose s’en prendre à un marabout, c’est la faute des fidèles. Mais si le fidèle fait son devoir envers son marabout, dit-il, personne n’osera s’en prendre à lui.
 
Moussa CISS
 
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :