La situation politique en Guinée-Bissau inquiète plus d’un. La Ligue guinéenne des droits de l’homme (Lgdh), dans une lettre ouverte à la communauté internationale, prévient des pratiques peu orthodoxes du président de la République qui, dit-elle, égratigne la stabilité politique du pays.
Dans une lettre ouverte adressée au secrétaire général des Nations-Unies, au président de l’Union africaine et à la présidente de la Commission européenne, la Ligue guinéenne des droits de l’homme (Lgdh) dénonce que les résultats objectivement perceptibles tout au long duparcours démocratique du pays ont été fortement compromis depuis l’installation du régime politique actuel. Son objectif principal se traduit par la confiscation progressive des droits et libertés fondamentaux pour installer un régime totalitaire, estime la Ligue.
Ainsi, les autorités politiques font de l’utilisation systématique de méthodes illégales telles que la violence policière, l’intimidation, les arrestations arbitraires, les enlèvements et les passages à tabac de journalistes, de militants civiques et d’opposants politiques, leur prérogative, au profit des forces de sécurité et du pouvoir judiciaire, dénonce la Ligue guinéenne des droits de l’homme.
Tout cela est associé au discours politique ségrégationniste et à l’incitation à la haine qui érode les fondements de la cohésion sociale et de la tolérance religieuse en Guinée-Bissau. Les droits de l’hommistes guinéens regrettent de constater que les « fondements de l’Etat de droit démocratique n’ont jamais été aussi menacés en Guinée-Bissau qu’ils ne le sont aujourd’hui. «Le tableau flou des droits de l’homme est toujours éclipsé d'insécurité généralisée», regrettent-ils.
Revenant sur les conclusions des émeutes du 1er février 2022 au palais du gouvernement, qui ont fait 11 morts et plusieurs blessés, la Ligue dénonce que les autorités nationales ont été guidées par l’instauration d’un climat de terreur qui a conduit à la détérioration de la situation des droits de l’homme, qui se résume dit-elle à : «l’attaque barbare et en conséquence la destruction de Radio Capital Fm, le 7 février 2022. Une attaque qui a fait 7 blessés parmi les journalistes dont un dans un état grave ; l’enlèvement et la détention arbitraire en dehors de la loi de plus de 60 citoyens auxquels l’accès à des avocats et aux visites familiales est refusé ; Invasion illégale d’installations privées sans mandat de fouille, accompagnée de tirs d’armes automatiques et de gaz lacrymogènes à la résidence du citoyen Rui Landim, commentateur politique de la Radio Capital Fm ; persécutions, intimidations et menaces de mort à répétition à l’encontre d’activistes et de dirigeants de la Lgdh et d’autres organisations de la société civile, de journalistes ; Réactivation d’une escouade d’enlèvements et de tabassage, qui fonctionne comme une sorte de milice du régime installé, en particulier au ministère de l’Intérieur» lit-on dans la lettre dont nous détenons une copie.
A cause de cette situation décrite plus haut, la Ligue demande à la communauté internationale d’influencer la création d’un comité d’enquête indépendant pour clarifier les circonstances dans lesquelles s’est déroulée l’attaque meurtrière contre le palais gouvernemental ; de renforcer les mécanismes de suivi de la situation des droits de l’homme dans le pays en collaboration avec les organisations de la société civile, conclut la lettre.
BMS