Venu défendre le projet de loi N°12/2023 portant modification du code électoral, le ministre de l’Intérieur est revenu sur la situation du pays avant de répondre aux interpellations des députés.
Selon le ministre de l’Intérieur qui a déploré l’utilisation des cocktails Molotov sur des personnes, des véhicules et des édifices publics et privés, le Sénégal n’a jamais connu ce niveau de violence. Cette violence est aussi bien physique que verbale, déplore-t-il. «Un pays où un Khalife général se prépare à encaisser des insultes avant de donner son avis sur une situation, c’est grave. Personne n’a le droit de faire valoir sa pensée sur celle des autres. Même au niveau de l’opposition, nous avons remarqué que dès que quelqu’un défend une position contraire à eux, il se fait attaquer et insulter, c’était le cas de Khalifa Sall lors d’une manifestation», fait noter le ministre de l’Intérieur qui assure : «un Sénégal où on essaie d’apeurer les gens, cela n’arrivera pas».
«On ne peut pas entrer dans le terrain si on n’est pas sur la feuille de match»
Par rapport à l’amendement introduit pas Birame Soulèye Diop qui suggère la modification de l’article L57 avec le retrait du mot «électeur», Antoine Diome dira que c’est totalement faux de dire que la motivation de l’ajout du terme «électeur» c’était pour éliminer un candidat. «La réforme de 2018 portant l’ajout du terme électeur consacre l’uniformisation des conditions d’éligibilité dans notre système électoral. C’est une question de logique : si on n’est pas sur la feuille de match, on ne peut entrer dans le terrain», précise-t-il.
«L’inculpation de Ousmane Sonko n’a rien à voir avec la dissolution du Pastef»
Après être revenu amplement sur les conditions requises pour avoir un parti politique, le ministre de l’Intérieur souligne : «on ne voit nulle part dans les missions définies par la législation sénégalaise pour les partis politiques, la mission de détruire». Le ministre de l’Intérieur de rappeler qu’il y a des règles à respecter pour tous les partis politiques. «Et ceux qui ne s’y conformeront pas se verront dissoudre. Chaque parti politique qui trouble l’ordre public ou qui fait entrave aux libertés est automatiquement visé par la dissolution», renseigne Antoine Diome, selon qui personne ne peut nier que le leader de Pastef depuis 2021 invite ses militants à brûler, piller et à tuer. «Combien de personnes sont mortes dans ces manifestations ? Combien d’édifices, gendarmerie, commissariats ont été attaqués et incendiés ? L’attaque contre l’Ucad en est une illustration parfaite».
Le pire, poursuit Diome, c’est quand le leader du Parti déclare qu’il va, avec ses militants, déloger le chef de l’Etat et lui faire la même chose que Samuel Doe. À partir de ce moment, dit-il, ils ont agi en toute responsabilité. Le ministre de l’Intérieur de préciser que l’inculpation de Ousmane Sonko n’a rien à voir avec la dissolution de son parti. Parce que, souligne-t-il, jusqu’à son jugement, il bénéficie de le présomption d’innocence.
«Les manifestants appellent leur cocktail Molotov du Café Touba»
Aux députés de Pastef qui ont décrété l’indissolubilité de leur parti, car c’est un état d’esprit tiré des viatiques religieux, Antoine Diome dit regretter que le mot Pastef ait été complètement dévoyé. «Ils sont forts pour dévoyer le sens des mots. Les jeunes appellent les cocktails Molotov, le café Touba. Racontant une anecdote vécue avec Serigne Saliou Mbacké, chez qui il a entendu la première fois le mot Pastef, Antoine Diome déclare : «ça n’appartient à personne, c’est juste un mot wolof. Il faut donc que l’on arrête la manipulation et l’endoctrinement de nos jeunes».
Bourreau des adversaires politiques, Antoine Diome dément et explique
Pour ceux qui l’accusent d’être le bourreau des adversaires politiques du Président Sall, Antoine Diome pense que c’est de la mauvaise foi ou de l’ignorance. «Ceux qui savent comment marche une Cour ne diront jamais que c’est le substitut du procureur qui a condamné un accusé. J’étais le plus jeune de la Crei et le moins gradé ; mieux encore, j’étais l’adjoint du procureur ; alors comment puis-je sauter mon patron direct, le procureur, la commission d’instruction composée de 5 magistrats dont le moins gradé avait minimum 3 ans d’expérience de plus que moi ? La première année de fonction de Henry Grégoire qui a jugé ce dossier, dans la magistrature, correspond à l’année où j’ai débuté l’école», explique-t-il
Par rapport à son rôle dans le dossier de Khalifa Sall, le ministre de l’Intérieur fait noter qu’un agent judiciaire de l’Etat ne touche même pas aux condamnations. «Un agent judiciaire de l’Etat est un avocat qui gère les intérêts financiers de l'Etat. C’est la demande de liberté provisoire de l’avocat de Khalifa Sall qui m’a appris qu’on avait un nouveau dossier. Il était déjà en prison, c’est d’ailleurs cette action qui a marqué mon entrée dans son dossier, mais les gens disent que c’est moi qui l’ai condamné», ironise-t-il.
«On m’accuse de nourrir une haine contre les Joolas, alors que les grands-parents de mes fils sont originaires de Bignona»
Le ministre de l’Intérieur fait noter que parmi les thèmes développés, il y en a deux qui n’ont pas le lieu d’être. Il s’agit de l’aspect ethnique et l’intervention de nos forces de défense au Niger. Pour lui, il faut mettre ces questions hors du débat public. «Toutes les familles sénégalaises sont un mix de toutes les ethnies. Alors arrêtons de jouer avec le feu. On m’accuse de nourrir une haine contre les Joolas, alors que les grands parents de mes deux garçons se nomment Diédhiou et Badji, originaires de Bignona. Mon premier homonyme est un Joola. Pour terminer, le ministre de l’Intérieur a rendu un vibrant hommage aux forces de défense et de sécurité en annonçant l’arrestations de Juan Branco.
Ndèye Khady DIOUF