SITUATION CARCERALE AU SENEGAL: «La délinquance n’est pas féminine dans notre pays !»



 
Le garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, a ouvert, hier, à l’Assemblée nationale, les prisons du Sénégal, en livrant les chiffres de la situation carcérale du pays. Il a déclaré que la situation carcérale dans notre pays n’est pas enviable, quand bien même des efforts ont été faits.
 
C’est effarant ! Même avec l’un des meilleurs ratios au monde, selon le garde des Sceaux, les chiffres de la situation carcérale du Sénégal font froid dans le dos. Hier, Ismaïla Madior Fall a déclaré à l’Assemblée nationale que, pour une population de près de 15 millions d’habitants, le Sénégal compte 10.564 détenus, dont 4458 en situation provisoire. D’après le ministre de la Justice, il est à signaler, dans ce malheureux chiffre, 287 cas de longue détention, comprenant tous les âges et sexes. Mais aussi «6106 condamnés, 307 femmes et 322 mineurs dans nos prisons, dans les 37 établissements pénitentiaires que compte le pays». Toutes choses qui lui font dire que «la délinquance n’est pas féminine». 
Ismaïla Madior Fall a, par la suite, indiqué que le taux de surpopulation de nos prisons est évalué à 250%. Une situation qui participe du manque d’infrastructures probantes dans le secteur depuis fort longtemps. «Il y a sept (7) ans, la population carcérale était composée de 60% de détenus provisoires et 40% de condamnés. Aujourd’hui, cette tendance est à l’inverse. Toutes les affaires correctionnelles sont jugées au bout de 6 mois. En revanche, en matière criminelle, les longues détentions sont liées à la gravité des faits et au temps que demande l’instruction», a-t-il martelé, répondant du coup à Sokhna Dieng Mbacké, qui voulait savoir à combien se situe le maximum légal sans être jugé, si le minimum est de 6 mois. Toutefois, le garde des Sceaux n’a pas semblé convaincre Sokhna Dieng Mbacké. D’après elle, les assurances de Ismaïla Madior Fall, selon lesquelles «notre marque à l’extérieur est la démocratie et la marche de notre justice», ne lui semblent pas justifiées.
 
Port du bracelet électronique au Sénégal en 2019 aux détenus sans danger 
 
«Je ne suis pas tout à fait d’accord. Les procès à grande vitesse ne respectent toujours pas le rythme de la grande justice», a-t-elle fait remarquer, interrogeant dans la foulée si le «Sénégal se soumet à ses engagements internationaux en matière de droits de l’Homme». Ceci, à la suite du tollé de la décision du Comité des droits de l’homme de l’Onu et de la Cedeao sur les affaires Karim Wade et Khalifa Sall. Aussi, Sokhna Dieng Mbacké a-t-elle demandé si la question du déplacement de la prison de Rebeuss est toujours d’actualité. Pour Sana Kandé, les condamnés à 15 à 20 ans «ne doivent plus être nourris ni rester à ne rien faire. On peut les envoyer travailler dans les zones rizicoles», a-t-il proposé. S’agissant de la cartographie judicaire du Sénégal, le ministre de la Justice, interpellé par Nar Diankho Sané, a déclaré que le Tribunal de Sédhiou sera bientôt «fonctionnel. Le procureur a été déjà nommé». Mieux, le Garde des Sceaux a révélé qu’on va initier le «port du bracelet électronique au Sénégal en 2019 aux détenus sans danger et annoncé la somme de 500 millions pour l’équipement des juridictions en matériel». 
 
 
 
Albino MANTANE
 
 

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