Le Président Macky Sall a souligné, lors de la présentation de son livre, qu’il est irréaliste de signer des accords de paix avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance en ce moment. Cette vision du chef de l’État est largement partagée par les cadres et citoyens casamançais qui se sont prononcés sur cette sortie du Président Sall sur le processus de paix en Casamance.
Devant l’audience composée d’hommes de lettres, de militants et de curieux, le président de la République, dans son adresse, a indiqué qu’il n’est pas possible, pour le moment, de signer un ou des accords de paix avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Pour étayer son propos, le chef de l’État a fait savoir que le Mfdc est divisé, et il ne sera pas chose aisée de discuter avec ce mouvement, dont plusieurs s’autoproclament comme son chef. «Il est irréaliste de signer des accords avec un mouvement divisé et qui n’a pas de mandataires», avait déclaré le Président Macky Sall.
Cette sortie du Président sur le processus de paix en Casamance a été très appréciée par des Casamançais qui la trouvent très pertinente. «Je trouve que le Président a enfin libéré beaucoup de gens, qui pensent que seule la signature des accords peut amener la paix durable et définitive en Casamance. Non, tel n’est pas le cas. Aujourd’hui, le Mfdc s’essouffle et manque d’organisation. En plus, il souffre de manque de répondants. Face à ces problèmes, il sera difficile de signer un accord de paix», assure M.D, infirmier exerçant dans une zone dite à risque.
Alphousseyni Diémé, membre des cadres casamançais, quant à lui, affirme que «cette sortie du Président confirme le climat qui sévit dans l’aile politique et combattante du Mouvement des forces démocratique de Casamance». Aussi, M. Diémé de rappeler que «depuis la disparition de figures historiques de ce mouvement, à savoir Abbé Augustin Diamacoune et Sidy Badji, le Mfdc traverse une crise d’autorité très aigue. Personne ne veut être dirigé. C’est comme l’armée mexicaine où chacun se proclame chef».
Depuis la signature des accords de Foundiougne, le processus de paix en Casamance n’a pas connu d’évolution. Malgré les efforts consentis par des bonnes volontés, la situation demeure toujours entière. Même si on note le retour de l’accalmie dans certaines contrées de la Casamance.
Malang Ndiaye, un habitant de Ziguinchor, donne la recette pour aller à la table de négociations. «Pour qu’il y ait des signatures entre l’État du Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, il faut au préalable œuvrer pour la réunification du mouvement. On ne peut pas parler de signature d’accords si les chefs des différentes petites factions n’ont pas fait la paix entre eux».
Ahmet COLY