SESSION DE FORMATION DES JOURNALISTES SPORTIFS AUX COURSES HIPPIQUES : Une journée d'apprentissage et de familiarisation au Haras national



 
 
Une journée inoubliable pour les journalistes sportifs qui se sont familiarisés avec le jargon de la course hippique ce week end au Haras national implanté à Kébemer. Pendant plusieurs tours d'horloge, journalistes et autres hommes de médias sportifs ont bénéficié d'exposés, d'apprentissage, de démonstration, sans compter la visite du Haras national... autant d'activités qui vont permettre de mieux outiller les journalistes qui seront désormais aptes à couvrir des courses hippiques.
 
Qui disait que le journalisme c'est un éternel apprentissage ? Ceux qui étaient au Haras national implanté à Kébémer ne diront pas le contraire. En effet, les journalistes sportifs étaient en session de formation avec le Comité national de gestion des courses hippiques en collaboration avec le Haras national dirigé par le lieutenant-colonel Mamadou Barro, qui a loué le leadership et l’engagement du président du Comité national de gestion des courses hippiques "dont l’esprit d’ouverture a permis de vous accueillir, une démarche inclusive". Car "sans haras, il ne peut y avoir de courses. Sans élevage de qualité, il ne saurait y avoir de courses qui intéresseraient la population. Nous sommes dans cette dynamique pour avoir des prestations de qualité à travers des génétiques de qualité, des ressources humaines hautement formées", a déclaré le directeur du haras. Prenant la balle au rebond, Mouhamadou Lamine Diop, président du Cng Courses hippiques d'ajouter lors de la cérémonie d'ouverture, à l'endroit des journalistes : "nous sommes ici pour explorer un univers fascinant et votre rôle est de nous aider à avoir un public plus large. Nous allons découvrir les spécificités et comprendre les terminologies. Le secteur englobe, au-delà des courses, des aspects économiques, culturels et sportifs. L’objectif est de fournir les outils pour couvrir ce sport avec profondeur".
Dr Alphonse Sène, directeur du Développement des équidés, ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, aurait souhaité avoir la partie financement (Pmu) pour relever un peu plus la formation. "Au nom du ministère de l’Agriculture, c’est un honneur car nous n’avons jamais eu une présence aussi grande de la presse pour une formation. C’est un grand jour d’avoir une flopée de gens. Je remercie le Cng d’avoir organisé cette rencontre d’échanges. Au sortir, nous espérons que la filière équine sera mieux représentée, mieux connue et mieux valorisée".
Revenant sur le Pmu (Pari mutuel urbain), il a souligné la nécessité de faire en sorte que cette entité puisse financer les autres activités. "Cela a permis la prise du décret en 2018 portant cahier des charges de la Lonase. Le problème, c’est l’entendement par rapport aux pourcentages. Pour la Lonase, il s’agit de Rsf net. Cela devrait permettre d’avoir une petite recette par rapport au budget de l’Etat", précise Alphonse Sène.
 
AUGMENTATION DU BUDGET, COUT DE LA NOURRITURE DES CHEVAUX, PROJET D'HIPPODROME, LE FONCIER
Immersion au Haras national situé à Kébémer
 
Ils sont nombreux les Sénégalais qui sont souvent passés devant les 250 hectares du Haras national à se demander ce qu’abritent ces bâtiments et quelles sont les activités qui y sont effectuées. Le Lieutenant-colonel, Dr Mouhamadou Barro, directeur du Haras national, a présenté les lieux tout en faisant un diagnostic complet des différentes composantes de ladite structure. Du personnel à son plaidoyer pour augmenter les ressources budgétaires, du projet d'hippodrome en passant par le foncier, sans oublier l'insémination artificielle...
 
Durant la session de formation des journalistes sportifs, le directeur du Haras national situé à Kébémer a fait un exposé sur la situation de la structure qu'il dirige. Créé en 2004, pour consolider la filière, le Haras conforte la forte tradition hippique du Sénégal. Le colonel Mouhamadou Barro a confié : "il a pour mission de promouvoir l’élevage des équidés, la production de chevaux adaptés aux besoins des populations et au climat". Composé d'un Conseil d’administration, un Comité technique et une Direction générale, le Haras national, c'est un personnel détaché (12) et un personnel contractuel (43). "Avec 250 hectares, l’infrastructure a couté 4,6 milliards de charges de fonctionnement. Notre budget (600 millions F Cfa) provient de la subvention et des recettes issues de l’insémination". Seulement, il estime que c'est "insuffisant, car rien que l’alimentation des chevaux coute plus de 70 millions. Il faut diversifier les ressources comme la culture fourragère, le tourisme. Les tarifs sont fortement subventionnés par l’Etat, car nous avons des étalons qui coutent excessivement chers. Cela va de 10 mille à 50 mille francs Cfa".
 
Augmenter les ressources budgétaires...
 
D'ailleurs, Dr Mouhamadou Barro a en a profité pour faire un plaidoyer pour que les ressources budgétaires soient revues à la hausse, mais aussi mettre en place un réceptif avec des activités à cheval, des balades équestres pour attirer les populations. "Nous voulons être un centre de reproduction et une clinique équine au niveau de la sous-région. On veut aussi créer des annexes dans le pays et organiser de grands événements autour du cheval et créer un centre de formation aux métiers du cheval. Mais aussi mettre en valeur le foncier du Haras".
 
Le projet d'hippodrome
 
Autre point abordé par le directeur du Haras national, c'est le projet d’hippodrome qui traduit la volonté de l'équipe actuelle d’abriter une infrastructure moderne pour y faire des chevaux de courses. "L’idée première lorsque le président Wade l’a créé, cela était de faire un haras et construire un hippodrome en face. Puisqu’on a une assiette foncière assez grande, il faut le faire. Nous avons le projet mais nos ressources sont limitées. Nous allons solliciter l’Etat et le Cng-Ch pour avoir un hippodrome, des annexes, des boutiques et autres services. Nous y arriverons avec l’aide de tous dont la presse qui pourra relayer le plaidoyer".
 
Sécuriser les 500 hectares...
 
Cependant Dr Mouhamadou Barro a apporté des éclaircissements dans ce qu'il appelle un malentendu entre le Haras national et les populations locales (Gade Kébé). "Dans le cadre de la mise en place d’un mur de clôture, il y a eu des malentendus. C’est en 2017 que nous avions posé cette problématique pour sécuriser les 500 hectares. Il y a deux délibérations, celle de Ndande (2003) qui avait octroyé 253 hectares, entre la borne 110 et 111, qui s’étale sur 2,5 km. S’y ajoutent les autres 215 hectares octroyés par la communauté rurale de Djokoul, qui démarre à la limite de l’assiette offerte par Ndande et qui se prolonge sur 2,8 km", dit-il. Et d'ajouter : "en 2002, nous avions des ressources pour sécuriser l’assiette foncière et toutes les dispositions avaient été prises par les autorités locales dont le gouverneur et le préfet". Malgré les manifestations, tout est rentré dans l'ordre car 250 hectares ont été sécurisés. "On a fait comprendre aux populations que la main d’œuvre sera utilisée pour exploiter la culture fourragère à grande échelle, l’hippodrome, le centre des métiers". Commentant une éventuelle décision de justice qui serait favorable à la population de ladite localité, il déclare que le Haras n’est pas encore au courant et "on ne peut se défendre si on n’a pas reçu de convocation. Au moment où je vous parle, je considère qu’il n’y a pas de problèmes. L’assiette de Ndande n’est pas concernée par le mur de clôture. Si depuis 2003, le foncier n’est pas sécurisé, le Haras est en train de faire en sorte que ces terres restent sa propriété".
 
Antidopage, pas encore dans les prérogatives du Haras national
 
Sur un autre registre hors de leur domaine de compétence c'est à dire l'antidopage, Le lieutenant-colonel a déclaré que le contrôle anti dopage est encadré et il faut un laboratoire et tout ce qui suit derrière pour pouvoir le faire. "Le Haras n’écarte pas cette perspective. Mais il faut rappeler les missions établies par l’autorité à travers un décret. Nous restons dans le cheval et pour son bien-être. Nous ne ménagerons aucun effort pour collaborer avec la Sored. Si nous avons les moyens de nous doter de ces instruments, les ressources sont là et les Marocains sont prêts à nous accompagner".
 
Insémination artificielle : une pierre...plusieurs coups
 
Sur un autre plan très important, Dr Mouhamadou Barro a tenu à préciser que le Haras, c’est aussi la santé animale en vue de maintenir les animaux en bonne santé. "Ainsi, l’on s’est doté d’un endoscope, d’un analyseur… C’est aussi une plateforme pour les étudiants à travers des voyages d’études de l’Enoa, des médecins vétérinaires…", dira le lieutenant-colonel. Pour ce qui est de l'insémination artificielle : une technique de reproduction apparue en Europe dans les années 80, qui offre des avantages d’ordre sanitaire et économique, il fait savoir que "si c’était en mode naturel, cela ne pouvait bénéficier qu’à une seule jument. En termes de résultats, il y a une nette progression. Pour 2024, on est à 703 juments. Au Haras national, c’est 212 inséminations. Le reste se passe à l’intérieur du pays avec des équipes dédiées qui préparent les doses pour les trouver sur place. Notamment 101 à Nabadji (Matam), 355 à Boulal (Louga). La demande est forte, ce qui fait qu’on déplace le Haras en miniature pour le faire pour 35 juments à Taïf entre le 5 mai et le 6 juin. A Nabadji, on est passé de 50 à 101 juments".
 
 
ALPHONSE SENE, DIRECTEUR DU DEVELOPPEMENT DES EQUIDES
"Des poulains vendus de 500.000 à 30.000.000 F Cfa"
 
L'élevage dans le domaine équin a naturellement un coût énorme mais les retombées peuvent être aussi très satisfaisantes. La vente d'un cheval, selon Alphonse Sène, directeur du Développement des équidés, varie entre 500.000 et 30.000.000 de nos francs. Explications.
 
Faisant l'historique des courses hippiques, le cheval, l'élevage et enjeux, Alphonse Sène, directeur du Développement des équidés, ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, a fait savoir que le Sénégal a hérité de l’organisation des autorités coloniales avec les haras de Diourbel et de Dahra (1948) avec l’objectif d’améliorer la race suivant les besoins de l’époque. "A partir des années 90, on a créé des haras dont celui national crée en 2004 plus le programme de la filière de développement équine. Doté de centres d’insémination artificielle, ce centre a été renforcé par l’importation de purs sangs par les propriétaires privés. L’Etat, pour permettre d’avoir des chevaux disponibles pour les courses hippiques, a importé des étalons", dit-il. Et de poursuivre : "actuellement, nous sommes parvenus à produire 500 à 600 poulains à travers l’insémination artificielle. Toute cette politique a permis de mettre en place une microéconomie ayant permis la démocratisation de la semence génétique à Dahra, Kaolack, Thiès et Mbacké, permettant de vendre des poulains de 500.000 à 30 millions".
 Le ministère poursuit ses ambitions de renforcer ladite politique. Et dans les prochaines années, il est question de renforcer l’importation massive de reproducteurs pour appuyer les acteurs. Présentement, le cheval qui court est issu de l’amélioration génétique – pur-sang anglais et pur-sang arabe. Depuis 2018, par décret, il a été question de renforcer le financement de cette politique. Ce qui a permis aux ressources issues du Pmu de mettre 2 pour cent des recettes pour entretenir cette discipline.
Pour l'amélioration des races de chevaux, "il y a d’abord des obstacles techniques. C’est tout un dispositif technique, il y a des Haras au niveau de 4 régions dont le Haras national. Nous n’avons pas forcément une réglementation bien connue des éleveurs. Il y a aussi l’aspect finance". Alphonse Sène d'ajouter : "s’Il faut comparer la filière équine à la nécessité d’avoir l’autosuffisance en lait ou autre. Pourtant, la filière a la même dimension en termes de richesses et de création d’emplois. Au Maroc, toutes les sous filières (Pmu, courses, haras) ont été regroupées en une équipe. Ce facteur budgétaire fait que nous sommes victimes de la priorisation. Quand j’entends ça, je suis malade car je sais que je serai victime de ça. Il faut importer la semence et il faut des moyens, ce qui bloque l’envol".                                                                                                                                                                                                                                               Alé Diagne (Cng-Ch) "un nouveau règlement publié le 1er novembre"
 
Pour cette saison, le Cng/Ch va s'appuyer sur un règlement qui s’applique à l’ensemble des acteurs de la filière. "Il est composé de 32 chapitres et 100 articles. Notamment les dispositions générales qui parlent de l’applicabilité du règlement. Il y a ensuite les autorisations, l’organisation et le contrôle des courses (qui est du ressort du Cng et des promoteurs). Les autres chapitres traitent du mandataire, de l’âge des chevaux, la classification des chevaux et des distances, la formation et la qualification des jockeys, les engagements, contrats de prestation et taux de rémunération avec les entraîneurs, position assise et du toucher de la selle, usage de la cravache (pas plus de 15 coups)…", dit-il.
 Dans le cadre de la décentralisation, il y a une politique d’appui aux structures pour l'organisation de courses à Thiès, Dahra, Kébémer… L’autre innovation, ce sont les distinctions (cravache d’or, meilleur propriétaire, meilleur entraîneur…) qui viennent s'ajouter aux récompenses. Le Cng invite les acteurs à s’approprier ce nouveau règlement, cela va faciliter le travail aux commissaires, jockeys et autres acteurs comme la presse. Le document sera publié le 1er novembre pour que les gens aient suffisamment de temps pour connaitre le contenu.

 
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