Les nombreux morts enregistrés lors des manifestations ont installé l’ire et la consternation chez les parents des victimes, mais également chez les défenseurs des droits humains. Amnesty International, pour sa part, compte accompagner les parents des victimes afin que justice soit faite et que les coupables soient identifiés et sanctionnés. Cependant, ce ne sera pas une tâche facile, si l’on en croit Me Amadou Diallo qui constate que certains parents se hâtent d’enterrer leurs morts, comme pour tourner rapidement la page.
Une douzaine de morts enregistrés suite aux manifestations de ces derniers jours, selon les chiffres donnés dans les réseaux sociaux, mais pour Amnesty International, il est plus prudent de faire un travail d’identification chez les parents victimes. Un travail fastidieux que compte effectuer Me Amadou Diallo et ses camarades d’Amnesty International, non seulement pour donner les vrais chiffres, mais surtout pour apporter leur soutien à ces familles de victimes. En fait, pour les défenseurs des droits humains, il n’est pas question que ces morts passent aux oubliettes et que les coupables restent impunis. «On est en train de recenser les morts, parce qu’on veut aller au-delà de ce que les gens disent ; on ne peut pas se fier à cela, pour ne pas faire d’erreur. C’est un travail fastidieux, parce qu’il y a des blessés et des morts et ils sont nombreux», a fait savoir le président d’Amnesty International. Seulement, l’attitude des parents des victimes ne leur facilite pas la tâche. «On a constaté malheureusement que beaucoup de parents ont enterré très vite leurs morts sans autopsie et cela affaiblit le dossier», déplore la robe noire.
«un pool d’avocats pour assurer la défense des intérêts des victimes»
Une procédure judiciaire est, en fait, prévue pour assister les victimes, si l’on en croit le défenseur des droits humains. «Nous allons constituer un pool d’avocats pour assurerla défense des intérêts des victimes. Nous allons les assister sur le plan pénal mais aussi sur le plan civil. Le Président a promis de procéder à la réparation civile, mais cela seul ne suffit pas. Il faut que les personnes impliquées, en tout cas les forces de défense et de sécurité et toutes les personnes impliquées dans ce drame, soient recherchées et punies. On ne peut pas laisser ça», martèle le président d’Amnesty. Me Amadou Diallo de constater que jusque-là, il y a énormément de morts et très peu de sanctions. Pour lui, il est temps que la justice prenne des sanctions sérieuses pour que plus jamais ce genre de chose ne se répète.
«Si d’ici décembre rien n’est fait, on va saisir les juridictions internationales»
S’agissant de la saisine des institutions internationales, l’avocat se veut clair : «tout dépendra de l’attitude de l’Etat du Sénégal, des juridictions sénégalaises par rapport à la question. Si d’ici décembre rien n’est fait, on va saisir les juridictions internationales. On a un peu agité la question de la Cpi, mais là également on y réfléchit. Mais tout dépend de comment l’Etat va réagir». L’avocat de marteler encore : «mais l’objectif recherché c’est : plus jamais ça ! Les forces de défense et de sécurité ne doivent user de façon excessive de la violence. Tout le monde a constaté que les forces de défense et de sécurité ont usé de la violence de façon excessive et cela on ne peut pas le tolérer».
Alassane DRAME