SALON JOURNALISTIQUE NDADJE DE GOETHE INSTITUT: Cheikh Amala Doucouré accuse le pouvoir public et étale les carences de la politique culturelle du reggae au Sénégal



 
Le message du reggae face aux défis actuels de la jeunesse africaine, c’était le thème d’une nouvelle session du salon des journalistes organisé par Goethe Institut. Cheikh Amala Doucouré, présentateur d’émission radiophonique et promoteur spécialisé dans la culture reggae, a listé les maux qui empêchent ce genre musical de percer au Sénégal. Mais aussi le promoteur culturel a déploré le manque de considération et de soutien de l’Etat envers les jeunes talents reggae du Sénégal. Pour lui, cette situation découle d’une mauvaise politique culturelle du gouvernement qui entraine l’émigration clandestine, la perdition juvénile, le chômage endémique, la guerre… Autant de fléaux qui peuvent être solutionnés à travers le message du reggae qui se veut révolutionnaire et pacifique.
 
 
 
 
 
 
 
Cheikh Amala Doucouré n’a pas fini d’étaler toute sa connaissance de la musique reggae. Le promoteur et animateur d’émission radiophonique était le conférencier du jour pour le Salon des journalistes organisé par le Goethe Institut. Avec comme thème, «le message du reggae face aux défis actuels de la jeunesse africaine», Cheikh Amala Doucouré a d’abord expliqué l’origine du reggae qui est «une musique d’émigré», notamment la philosophie Rastafari qui symbolise ce genre musical. Il précise d’emblée que la finalité du message du reggae doit amener ses partisans ou consommateurs à atteindre l’unité africaine tant demandée par Bob Marley. «Bob Marley disait dans Africa united :‘’je vous demande, vous les Africains, de vous unir’’», rappelle Amala Doucouré. Seulement, cette unité est sapée «par le chômage endémique, la pauvreté, la guerre, les conflits ethniques…», ajoute-t-il. Et de poursuivre : «ce sont des maux qui peuvent être endigués grâce à l’exploitation utile du message du reggae. Cela aide aussi à préserver l’identité de la jeunesse africaine. Le message doit être une force de dialogue qui doit permettre à la jeunesse africaine d’être forte et de trouver des solutions afin de faire face à ces fléaux. Si seulement les jeunes s’émancipent avec le reggae, l’Afrique pourra aller de l’avant». Malheureusement, pour Cheikh Amala Doucouré «les intellectuels ont échoué. Aujourd’hui tout le monde veut se jeter dans la politique. En effet, ceux qui se disent activistes ou partisans d’un mouvement de la société civile sont des loups dans la peau d’une brebis. Tôt ou tard ils seront dans la politique». Il ajoute que ce constat provoque l’émigration clandestine mais aussi la perdition des jeunes. «Actuellement, la musique en vogue au Sénégal et un peu partout dans le monde, c’est la musique nigériane. Il faut arrêter de leurrer la jeunesse. Regardez les clips, c’est que du sexe, des voitures de luxe, de grandes maisons…».
Pour l’animateur, la percée de la musique reggae est retardée par les autorités compétentes. Cheikh Amala Doucouré en veut aux pouvoirs publics qui n’appuient pas des talents sénégalais. «Pourquoi les Sénégalais n’ont pas atteint un certain niveau comme la Cote d’Ivoire ? Alpha Blondy a été soutenu, accompagné et par Houphouët Boigny et par les médias nationaux ivoiriens». Au Sénégal, l’animateur fait savoir que le talentueux Méta Dia, membre d’un groupe de rap au Sénégal avant d’émigrer aux États-Unis «est en train de faire un travail extraordinaire un peu partout dans le monde sans que le gouvernement ne se lève pour valoriser ses œuvres. Basé actuellement à New York, le dernier album de Méta Dia intitulé Dia, à prononcer Jah, est classé parmi les meilleurs albums de reggae du classement Billboard. Il y a quatre ans, il est venu faire la promotion de son album, mais il y a eu une absence totale des autorités étatiques». Et d’ajouter : «la politique culturelle du gouvernement fait défaut. Combien de conseillers sont autour du président de la République Macky Sall ?».
 
Samba THIAM
 
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