SAISIES RECORD ET TRAQUE DES DÉLINQUANTS FINANCIERS : Plus de 2,5 milliards saisis et 162 arrestations, le Pool judiciaire et financier dévoile un premier bilan




 
 
 
Le procureur de la République financier, El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, a révélé un bilan impressionnant des activités du Pool judiciaire et financier (Pjf), une institution clé dans la lutte contre la criminalité économique et financière au Sénégal. Avec plus de 2,5 milliards de francs Cfa saisis sur des comptes ou sous forme de cautionnements, 162 arrestations effectuées et 87 dossiers transmis au juge d’instruction, le Pjf confirme son rôle de pilier dans la traque des délinquants à col blanc.
 
 
 
Créé en août 2023 pour remplacer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), le Pjf se distingue par des compétences élargies et une organisation renforcée. Logé dans les anciens locaux de la Crei, ce pool regroupe 27 magistrats spécialisés, assistés de greffiers et d’experts techniques issus de domaines variés tels que la finance, la banque, l’informatique et les marchés publics.
Depuis sa mise en place, l’institution a traité 91 dossiers de crimes économiques et financiers, notamment des détournements de deniers publics et des cas de blanchiment de capitaux. Le procureur Sylla a détaillé les résultats obtenus : « à ce jour, il y a eu 162 arrestations. Il y a 87 dossiers qui ont été transmis au juge d’instruction. En termes de saisies et de cautionnements, nous sommes à un montant de 2,5 milliards de francs Cfa. En plus de cela, des moyens roulants ont également été saisis. »
Ces chiffres témoignent de l’efficacité du Pjf, qui s’appuie sur des enquêtes approfondies menées par des unités spécialisées, ainsi que sur des signalements de la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières) et de l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption).
L’une des innovations majeures du Pjf est l’introduction du double degré de juridiction, un point qui manquait à la Crei. Cela garantit que les personnes poursuivies disposent de voies de recours en cas de contestation des décisions judiciaires. « Lorsque l’on est convoqué au Pool judiciaire et financier, cela ne signifie pas automatiquement que l’on est inculpé. Certaines convocations visent simplement à recueillir des informations. Nous veillons à respecter les droits des personnes concernées, notamment la présomption d’innocence et les droits de la défense. »
Yakham Lèye, directeur des Affaires criminelles et des Grâces, a souligné la rupture opérée avec les anciennes pratiques : « contrairement à la Crei, qui se limitait au délit d’enrichissement illicite, le Pjf s’attaque à la grande délinquance économique et financière, couvrant un large éventail d’infractions. »
Le Pjf est sous les projecteurs depuis le 12 janvier, date de la publication d’un communiqué révélant une enquête portant sur un montant de 125 milliards de francs Cfa. Parmi les figures impliquées, le député Farba Ngom est soupçonné de transactions financières douteuses. Cette affaire emblématique illustre l’ambition de cette juridiction d’imposer une reddition des comptes, mais elle suscite également des critiques sur une éventuelle politisation de la justice.
Malgré ses succès, le Pjf doit relever plusieurs défis, notamment la gestion des affaires complexes et le maintien d’une indépendance totale face aux pressions politiques. Le spectre d’un « règlement de comptes » plane souvent lorsque des personnalités influentes sont impliquées dans des dossiers sensibles.
Avec son approche rigoureuse et ses résultats concrets, le Pjf s’impose comme un outil essentiel dans la consolidation de l’État de droit au Sénégal. En rendant compte régulièrement de ses activités, cette juridiction aspire à instaurer une justice plus transparente et équitable. « Nous sommes engagés à poursuivre notre mission dans le strict respect des textes en vigueur. Notre objectif est de faire triompher la justice et de montrer que personne n’est au-dessus de la loi. », conclut procureur Sylla.
Le Sénégal, confronté à des défis économiques et sociaux, observe avec attention cette lutte contre la criminalité financière. Une chose est sûre : le Pool judiciaire et financier a placé la barre très haut, et ses actions seront scrutées de près dans les mois à venir.
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :