S'AUTOSAISIT ET VISE LES FAITS D'HOMICIDE INVOLONTAIRE ET DE COMPLICITE CONTRE LE PERSONNEL MÉDICAL :Il évoque une forte négligence médicale, une incompétence notoire ainsi qu'un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine pour le déc



 
 
Vu une «forte négligence médicale ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine» constatés par le procureur de Kédougou dans l'affaire Doura Diallo, décédée en couches avec son bébé, le procureur de la République de Kédougou a pris la décision de tirer cette affaire au clair. Ainsi, il a donné instruction au commandant de brigade de Kédougou d'ouvrir une enquête pour homicide involontaire et complicité dudit chef. Sur ce, il a demandé l'audition du gynécologue Léonce Mbade Faye et de ses collègues Abdou Aziz Dioum et Bakary Diakhaté.
 
 
Le décès de la patiente Doura Diallo et de son bébé au district sanitaire de Kédougou, dans la nuit du 30 août 2022, aux environs de 22 heures, a suscité beaucoup d'indignation et d'interrogations de la part des populations. Et pour situer les responsabilités dans cette malheureuse affaire, le parquet de Kédougou s'est autosaisi. C'est dans ces circonstances que le procureur a instruit le commandant de brigade de Kédougou d'appeler immédiatement tout le personnel médical qui était dans le bloc opératoire en commençant par le gynécologue pour les entendre et également convoquer le mari de la défunte pour qu'il soit auditionné. C'est dans un communiqué rendu public hier que le ministère public a annoncé l'ouverture d'une enquête qui a été confiée à la brigade de gendarmerie de Kédougou pour des faits d'homicide involontaire et de complicité dudit délit visés contre le gynécologue Léonce Mbade Faye et ses collègues Abdou Aziz Dioum et Bakary Diakhaté.
 
 
Négligence médicale, incompétence notoire, manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine

 
 
Selon le parquet, à l'analyse des faits, une forte négligence médicale, une incompétence notoire ainsi qu'un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés. Car, précise-t-il, il ressort de la procédure que la patiente avait accouché par voie césarienne lors de sa dernière grossesse dans ce même district. Ce qui aurait dû, d'après lui, dissuader le gynécologue, compte tenu de ses antécédents avérés, de la faire accoucher cette fois-ci par voie basse. En sus, ajoute l'accusation, la défunte qui était diabétique ne pouvait nullement supporter un accouchement par voie basse, vu son poids qui était quasiment à 100 kg. Selon toujours le maître des poursuites, comme la patiente Doura Diallo était un sujet à risque, il leur a été donné de constater que le fœtus pesait 04 kilos 770g, ce qui fait qu'elle ne pouvait sous quelque acrobatie utilisée de sortir par la voie basse. Surtout que Doura Diallo s'était rendue à deux reprises au centre de santé pour des visites prénatales.
 
 
«L’époux de la victime le suppliait de faire une césarienne, maisle gynécologue, sans pitié ni sentiment…»
 
 
D'après toujours l'enquête, c'est la sage-femme trouvée sur place qui lui a signifié qu'elle n'était pas encore à terme et qu'elle pouvait revenir le lendemain. Ce, avant qu'elle ne soit admise au district sanitaire de Kédougou au service de la maternité aux environs de 8h du matin accompagnée de son époux Malick Cissé alias Mor. Mais, la matrone, après l'avoir consultée et constatée un affleurement de la tête du bébé, a appelé le gynécologue. Ce dernier s'est présenté vers les coups de 16het a essayé d'accoucher la femme par voie basse jusqu'à faire sortir la tête. Hélas, les épaules du bébé peinaient à sortir du fait du volume. Et malgré les demandes del’époux de la victime qui le suppliait de faire une césarienne, compte tenu de ses antécédents, sans pitié ni sentiment, le gynécologue a continué de manœuvrer sans même tenir compte de la fragilité du bébé.
 
Le comble
 
 
Et face à cet obstacle imparable, il a décidé de procéder à une intervention chirurgicale, ce qui était trop tard, car la situation était déjà devenue inextricable. Malheureusement, le comble s'est produit une fois au bloc opératoire lorsque le gynécologue ainsi que l'anesthésiste ont délibérément décidé, sans même avoir préalablement consulté le mari de la défunte, de procéder à une hystérectomie, c'est-à-dire une ablation totale de l'utérus.
Malheureusement, les manœuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé son décès. Cette mort, souligne le parquet, est froidement induite par ces actes dits «médicaux» pour ne pas dire «radicaux». Par ailleurs, les déclarations spontanées des parties (personnel médical et le mari de la défunte) indiquaient que le fœtus, à I’arrivée, était vivant, car le mari, présent à l'accouchement, avait posé la question au médecin qui lui a confirmé effectivement qu'il respirait. Outre ces témoignages, le rapport dumédecin-chef du district sanitaire de Kédougou, transmis au Parquet le 31 août 2022, avait conclu ceci : «ces manœuvres en cascade ont très certainement provoqué une rupture utérine qui a conduit immédiatement au décès de la mère suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque».
 
Fatou D. DIONE
 
 
 
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