Réquisitoire de feu contre l'ancien patron de l'IAAF et son fils: "les Diack" démolis complètement




 
Les procureurs du Parquet national financier (Pnf) ont requis quatre années de prison ferme contre l’ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf), Lamine Diack, accusé d'avoir abusé de sa position pour protéger contre finances des athlètes russes dopés, mercredi, à l’avant-dernier jour de son procès pour corruption et abus de confiance. Le ministère public français a également demandé l'amende maximale de 500.000 euros.
 
Le parquet a évoqué une «quasi-corruption publique» qui aurait permis selon lui à Lamine Diack et son fils Papa Massata, ancien consultant en marketing de l'Iaaf, de détourner des millions d'euros, notamment d'un contrat de sponsoring avec la banque publique russe VTB, en échange du ralentissement des procédures de sanctions contre les athlètes dopés. Deux ans de prison dont un avec sursis ont été requis à l'encontre de Gabriel Dollé, qui a supervisé la lutte antidopage au sein de la fédération, et enfin quatre ans de prison contre Valentin Balakhnitchev et deux ans contre Alexeï Melnikov, respectivement chef de la Fédération d'athlétisme russe et entraîneur d'athlétisme au moment des faits.
 Les grands dirigeants sportifs «vivent comme des empereurs et on leur fait la cour. Ils sont reçus comme des chefs d’Etat», a martelé le vice-procureur financier Arnaud de Laguiche devant le tribunal. «C’était corruption à tous les étages», a résumé le procureur en évoquant cessions de droits et rétro-commissions sur les contrats de sponsoring, pots-de-vin versés par des athlètes russes en échange de ce qui leur était présenté comme une «protection totale», ou encore le financement présumé de campagnes électorales au Sénégal par Moscou. L'audience a été suspendue jusqu'à aujourd’hui, jour des plaidoiries de la défense.
 
5 ans et un mandat d’arrêt requis contre Pape Massata
 
Le Parquet national financier a requis cinq ans de prison ferme, la peine maximale, à l'encontre de Papa Massata Diack, qui vit au Sénégal, et demandé aussi l'amende maximale de 500.000 euros (environ 310 millions de francs Cfa), ainsi qu'un mandat d'arrêt et l'interdiction d'exercer toute activité dans le monde du sport. Il a également requis trois ans de prison dont 18 mois avec sursis contre Habib Cissé, l’ancien avocat et homme de confiance du patron de l’Iaaf, un des six prévenus dans cette affaire qui a ébranlé l’athlétisme mondial et précipité l’exclusion de la Russie de toutes compétitions internationales.
 
 
«Le nom de Diack est désormais synonyme de corruption dans tous les coins de la planète»
 
 
Le procès a été chaude pour Lamine Diack et ses complices présumés. L’avocat de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (Iaaf), Me Régis Bergonzi, qui a été le premier à prendre la parole lors des plaidoiries n’a pas mis de gants pour solder ses comptes avec l’ancien président de l’Iaaf. Ainsi, Me Régis Bergonzi a réclamé 41,2 millions d’euros au nom de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) en raison des préjudices subis. «L’honneur de l’athlétisme a été bafoué. Les sponsors sérieux sont partis. On a dû jeter la marque Iaaf», a énuméré l’avocat, en évaluant à 23 millions d’euros le seul montant des pertes et profits. «Le nom de Diack est désormais synonyme de corruption dans tous les coins de la planète. Vous avez fait beaucoup de mal à l’athlétisme, à l’Iaaf voire à l’Afrique», a-t-il ajouté en s’adressant à l’ancien champion franco-sénégalais. 
 
L’avocat du Cio : «Lamine Diack est comme un chef mafieux qui fait et défait des vies dans l’arrière-salle d’un restaurant»
 
 
L’avocat de l’Agence mondiale antidopage (Ama), Emmanuel Daoud, s’en est pris à la figure tutélaire du «patriarche», âgé de 87 ans, qu’il a comparé à un chef mafieux qui «fait et défait des vies dans l’arrière-salle d’un restaurant». Il a réclamé 1,2 million d’euros, dont un million pour couvrir les frais de l’enquête menée par l’Ama pour faire éclater le scandale. Déplorant la «trahison» de Lamine Diack, l’avocat du Comité international olympique (Cio) a demandé au tribunal de condamner les prévenus à verser un euro symbolique. «Les Jeux olympiques (de Londres en 2012) ont été l’occasion de vendre très cher des permis de tricher», a-t-il déploré.
 
«Ils se mettaient d’accord sur le terme de la corruption»
 
Selon des mails dévoilés par le procureur François Xavier Dulin, Papa Massata Diack, son père, Habib Cissé et Valentin Blakhnitchev échangeaient des courriels pour se mettre d’accord. Le vice-procureur financier du parquet François Xavier a été plus coriace et virulent à l’endroit des Diack. Il a dévoilé des mails qui confirment, selon lui, que Lamine Diack, Papa Massata Diack, Habib Cissé et Valentin Balakhnitchev échangeaient par courriels pour se mettre d’accord sur le modus operandi de la corruption. A travers des mails, Monsieur Dulin affirme qu’ils communiquaient avec toujours une copie au Président Diack afin de coordonner «leurs forfaits». Selon lui, Habib Cissé était le supposé mandataire auprès du ministre russe des Sports pour «négocier le deal».

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