La virulence du variant Delta n’est plus à prouver. Aucune couche, aucune partie de la population n’est épargnée, à chacun son lot. Tout comme les enfants, les femmes enceintes sont en train de payer un lourd tribut à cette 3ème vague. Selon le Pr Abdoul Aziz Diouf de l’hôpital de Pikine, 19 femmes en état et 2 femmes allaitantes, infectées du Covid-19, ont été répertoriés par l’hôpital de Pikine et l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque. Avec 6 cas graves, 4 d'entre elles sont finalement décédées.
La grossesse n’est certes pas une maladie, mais les modifications physiologiques et immunitaires qui accompagnent cette période font que la femme enceinte est exposée à un risque accru d’infection par le coronavirus. Et selon le Pr Abdoul Aziz Diouf, cette virulence est beaucoup plus marquée lorsque la femme est au troisième trimestre de grossesse.
Par exemple, au Centre hospitalier national de Pikine disposant récemment d’un Cte et à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque, le gynécologue obstétricien soutient qu’au cours de cette 3e vague, 22 cas de Covid-19 chez les femmes enceintes dont 19 femmes en état 2 allaitantes ont été enregistrés. Et que l’âge moyen de ces dernières est de 30 ans. Parmi elles, 6 cas graves ont été notés dont l’atteinte des poumons était supérieure à 75%. «Nous avons malheureusement déploré 4 décès maternels. Il est donc clair que cette augmentation des cas avec l’apparition du variant Delta n’épargne pas les femmes enceintes», affirme-t-il.
Concernant les manifestations cliniques de la maladie chez la femme enceinte, le Pr Diouf dira : «Il faut également comprendre que d’autres pathologies de la grossesse peuvent être au-devant de la scène et masquer le coronavirus ; ainsi nous suggérons aux personnels de soins de savoir rechercher le Covid-19 devant certaines complications obstétricales telles que les syndromes infectieux comme la pré éclampsie sévère; c’est-à-dire l’hypertension artérielle associée à la grossesse, les menaces d’accouchement prématuré ou en cas de perte fœtale», fait savoir le gynécologue.
«Toutes les grossesses étaient au troisième trimestre…»
Selon le gynécologue, des études ont montré un risque accru d’avortement, d’accouchement prématuré, de pré éclampsie ou de césarienne. «Pour notre série hospitalière, toutes les grossesses étaient au troisième trimestre et les formes graves représentaient 30%, l’accouchement était prématuré pour 27% et le taux des césariennes était très élevé, au-delà de 42%», clarifie-t-il avant d’enchaîner : «parmi les femmes qui n’ont pas encore accouché et que nous suivons jusqu’à présent, nous avons remarqué quelques cas d’hypertrophie fœtale. Il faut noter les principaux facteurs qui aggravent le Covid-19 chez les femmes enceintes, il y a l’hypertension artérielle liée à la grossesse, l’obésité, le diabète et l’asthme», précise le Pr Diouf.
A en croire ce dernier, un taux élevé de mort fœtale interro a été remarqué chez des patientes qui présentaient dans les jours précédents un syndrome grippal.
Compte tenu de la virulence de ce variant Delta, particulièrement chez la femme enceinte, compte tenu du risque important de morbidité et de mortalité maternelle liée au Covid, le ministère de la Santé et l’Association sénégalaise des obstétriciens recommandent la vaccination chez les femmes enceintes, les femmes allaitantes mais aussi celles désireuses de grossesses. «La vaccination des femmes enceintes réduit alors la morbidité et la mortalité maternelle, mais aussi la morbidité fœtale due aux accouchements prématurés. Tous les vaccins disponibles actuellement au Sénégal peuvent être administrés. Nous exhortons aussi les femmes à continuer à fréquenter les structures sanitaires pour tous les besoins liés à la santé de la reproduction», renseigne le Pr Abdoul Aziz Diouf.
Ndèye Khady DIOUF