Les avocats de Khalifa Sall ont fait face à la presse, hier, pour attaquer l’arrêt de la Cour d’appel et le décret du Président Sall révoquant Khalifa Sall de son poste de maire de Dakar. Tirant à boulets rouges sur Macky et son régime, les conseillers de Khalifa Sall estiment que le Sénégal a cessé d’être un Etat de droit. Pour Me Ciré Clédor Ly et Cie, l’affaire Khalifa Sall a pris une dimension médiatique, avec une propagande qui vise l’acceptation du décret par l’opinion.
Même s’ils ont perdu deux manches contre l’Etat, les avocats de Khalifa Sall ne comptent pas baisser les bras. Ils ont déjà déposé leur déclaration en pourvoi pour l’arrêt de la Cour d’appel, mais ils vont aussi attaquer le décret révoquant Khalifa Sall devant la Cour suprême. D’après Me Ciré Clédor Ly, il y a eu des évènements qui humilient le monde judiciaire et sapent l’image de notre pays. «La démocratie a déserté le Sénégal. Chacun peut avoir son avis, mais il ne peut y avoir plusieurs vérités. La décision rendue par la Cour d’appel de Dakar est une insulte vis-à-vis de notre démocratie. Le Sénégal a cessé d’être un Etat de droit, il est devenu l’ennemi des droits et libertés. Le pays est dirigé comme si nous étions dans un pays dominé par l’idéologie nazie. Ce décret de révocation du maire Khalifa Sall est un décret illégal, inopportun et médiocre, aussi bien dans sa forme que dans son fond», dénonce Me Ly.
Me Demba Ciré Bathily : «en plus de le révoquer, ils ont organisé une propagande médiatique pour faire passer le décret aux yeux de l’opinion»
Selon Me Demba Ciré Bathily, l’affaire Khalifa Sall, au-delà de la dimension judiciaire, a pris une dimension médiatique, avec l’élaboration d’un document qui s’appelle élément de communication. «Sur tous les plateaux de presse, c’est le contenu de ce document qui est répété et parfois par des personnes qui n’en maitrisent même pas la quintessence. Donc, en plus de le révoquer, ils ont organisé une propagande médiatique pour faire passer cette révocation au regard de l’opinion. Ils parlent de sanction administrative, ce qui est inexact. Ils veulent aussi nous faire croire qu’une simple condamnation suffit pour révoquer un maire, c’est totalement faux. Ils disent que la suspension et la révocation auraient pu intervenir bien avant, ce qui est encore faux, au regard de la loi», assure Demba Ciré Bathily.
Me Seydou Diagne : «nous sommes gouvernés non par les lois, mais par les désirs et les volontés du président de la République»
Pour Me Seydou Diagne, le constat qui est fait, c’est que le pays n’est pas gouverné par les lois, mais plutôt par les désirs et les volontés d’un président de la République et de sa majorité politique. «Il peut arriver que l’on soit en face d’un régime qui fait montre d’autoritarisme. Un Président qui impose tout ce qui lui chante, en interdisant des marches, faisant des poursuites non fondées à ses opposants, tout en protégeant ses alliés, mais dans ce cas, il nous faut une justice impartiale et indépendante. Mais, le problème du Sénégal, aujourd’hui, c’est que nos juges ne sont pas assez indépendants pour nous rendre justice. C’est la raison pour laquelle, malgré toute les décisions rendues par la Cour de justice de la Cedeao en sa faveur, Khalifa Sall demeure en prison», Affirme Me Diagne.
A l’en croire, même la Cour d’appel a déclaré que les procès-verbaux de la Dic, toute l’enquête préliminaire faite par la police, tous les actes qui ont entrainé le jugement sont nuls et, mieux encore, ils sont écartés du dossier. La seule question que l’on se pose, c’est comment ils ont pu condamner Khalifa Sall, si tous ces éléments sont nuls. Même dans l’application du droit, on manque de courage. Notre justice est totalement dévouée au régime. La justice sénégalaise ne joue pas son rôle d’arbitre entre les citoyens sénégalais et la toute puissance de l’Etat.
Prenant la parole, Me Khoureichi Ba a estimé que Macky Sall, à force de vouloir nuire à Khalifa Sall, s’est érigé en directeur de campagne de ce dernier, sans le savoir, parce que les Sénégalais ne sont pas dupes, ils savent faire la différence entre un acharnement et un délit.
Ndèye Khady D. Fall & Ansfati ISSIHAKA