REVELATIONS DE MAMADOU NDIAYE, FRERE DE CHEIKHOUNA NDIAYE TUÉ LORS DES ÉMEUTES DU 4 MARS DERNIER «Ma sœur qui a reçu Ousmane Sonko, qui a reçu Bougane, leur a bien dit que notre frère n’a pas été tué par la police. Il a été poignardé»



 
Son décès avait plongé une bonne partie de la population dans les commentaires les plus viles contre le régime et les forces de défense et de sécurité, mais Cheikhouna Ndiaye, troisième victime dans les affrontements sanglants de la semaine dernière, n’a pas été atteint d’une balle des forces de défense et de sécurité. C’est en tout cas ce que soutient son frère qui a exigé qu’on fasse l’autopsie à l’hôpital Idrissa Pouye et qui l’a ensuite inhumé. Le jeune Cheikhouna Ndiaye est mort, selon son propre frère Mamadou Ndiaye, dans les émeutes, lors des manifestations, mais ce n’est ni la police, ni la gendarmerie qui l’a tué. Ils (les membres de la famille) l’ont même fait savoir à Ousmane Sonko et Bougane Guèye Dani qui étaient venus présenter des condoléances, d’après M. Ndiaye.
 
 
 
Les Echos : Pouvez-vous vous présenter aux Sénégalais?
 
Mamadou Ndiaye : Je m’appelle Mamadou Ndiaye. Je suis le frère de Cheikhouna Ndiaye qui a été tué au rond-pointCase-bi des Parcelles Assainies, le 4 mars dernier, lors des événements qui se sont passés après l’arrestation d’Ousmane Sonko. Ousmane Sonko a été arrêté le 3 et le 4 mars, les manifestations ont commencé. Il y avait des émeutes aux Parcelles Assainies. C’est ce jour-là qu’on a saccagé Auchan et tous les magasins. Du commissariat des Parcelles Assainies au rond-pointCase-bi, il y avait des émeutes sanglantes et Cheikhouna Ndiaye, mon frère, était la troisième victime. Mais il n’a pas été tué par la police. Il a été poignardé. Dans la foule, il y avait des agresseurs. Ce sont eux qui l’ont agressé. Mais il n’a pas été tué par la police. C’est moi-même qui ai demandé l’autopsie à l’hôpital Idrissa Pouye. On m’a remis les papiers de l’autopsie. Le spécialistea révélé que c’est une arme blanche, tranchante qui l’a tué.
 
Quand est-ce que vous avez appris son décès et comment ?
 
Ce sont les sapeurs-pompiers qui nous ont avertis, la nuit. C’était le jeudi soir vers les coups de 23h.Le lendemain matin, à 9h, nous sommes partis récupérer le corps à l’hôpital général Idrissa Pouye (ex-Cto). Mais avant de récupérer le corps, il y a eu une autopsie.
 
 
Est-ce que les populations, notamment l’opposition, savent que votre frère frère a été tué par des agresseurs ?
 
Ousmane Sonko le sait. On le lui a dit quant il est venu présenter ses condoléances à la famille. Bougane Guèye Dani aussi est venu présenter ses condoléances. Nous tous nous savons que Cheikhouna a été tué lors des manifestations, mais ce n’est pas la police qui l’a tué. Pour d’ailleurs éviter les manipulations, j’ai créé un collectif de toutes les familles qui ont perdu leurs enfants durant ces manifestations.  Ce, dans le seul but d’informer juste et vrai les Sénégalais pour que plus jamais ces genres d’événements ne se reproduisent. Franchement, nous ne voulons plus de ces événements. Je demande à M. Ousmane Sonko, d’ici au mois de décembre 2021, qu’il arrête tout ce qui est manifestations. Nous ne voulons plus de morts.
 
 
 
Vous avez bien dit à Sonko etBougane que votre frère n’a pas été tué par balle mais qu’il a été poignardé ?
 
Nous le leur avons souligné. Ma sœur qui a reçu Ousmane Sonko, qui a reçu Bougane, leur a bien dit que notre frère n’a pas été tué par la police. Elle leur a dit qu’il a été poignardé. Cheikhouna Ndiaye a été poignardé. Il a été agressé dans la foule et c’est ça qui a causé sa mort sur place. C’est lorsque la foule s’est dispersée que les gens ont vu son corps.
 
 
 
Selon des informations, vous avez été contacté par des organismes comme Amnesty et autres pour une plainte contre l’Etat du Sénégal, qu’en est-il ?
 
C’est vrai, je confirme. Amnesty International a contacté toutes les familles. De Dakar à Ziguinchor, en passant par Kaolack, Diaobé, Amnesty International nous a contactés pour qu’on porte plainte contre l’Etat du Sénégal. Mais à l’unanimité, toutes les familles, ont refusé de porter plainte contre l’Etat du Sénégal. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu un appel à manifester et des gens se sont infiltrés pour perpétrer des actes ignobles. Le cas qui le démontre, c’est le cas de mon jeune frère. Il a été poignardé et c’est cette blessure qui a occasionné sa mort. Pour la plainte que vous entendez contre l’Etat du Sénégal, elle ne vient pas du collectif. Aucune famille n’a déposé plainte contre le gouvernement du Sénégal.
Propos recueillis par Madou MBODJ
 
 
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :