Incapables de mener à bon port les destinées de ce pays depuis qu’ils ont été élus, les autorités étatiques tentent vaille que vaille de masquer leurs failles en se cachant derrière les impôts. C’est tout le sens du post de Thierno Bocoum hier, qui a marqué son soutien indéfectible à la presse sénégalaise. Ce dernier a révélé que sur les 40 milliards de dettes fiscales, «la Rts, Le Soleil et l’Aps doivent au fisc 33 milliards F Cfa».
Au lieu de faire face aux défis qui attendent le Sénégal, le duo porté à la tête du Sénégal s’est fixé comme objectif d’abattre le quatrième pouvoir. C’est le constat fait par Thierno Bocoum dans un post intitulé «Le monstre se réfugie derrière l’impôt». «Tous les médias, publics et privés ont une mission de service public. Ils exercent une fonction de veille, de facilitation du débat public, de consolidation de la démocratie, d'éducation, d'information, de divertissement, etc. Nos gouvernants actuels le savent certainement, mais ils ne parviennent pas à se départir de leurs réflexes d'inspecteurs des impôts. Or le bon réflexe, c'est de créer d'abord un environnement favorable à la viabilité des médias. Alors seulement, on pourra parler d'impôts», lit-on dans le post du président du mouvement Agir.
Pour lui, «cet environnement est vicié par un État mauvais payeur, mais exigeant face à ses débiteurs» sachant que, dit-il, «les conventions de certains médias avec des structures de l’Etat ont été arrêtées et les autorités actuelles refusent de payer les montants dus à certains médias et le verse dans l’énorme dette qu’elles doivent aux entreprises».
Thierno Bocoum révèle que «sur les 40 milliards de F Cfa de dettes fiscales des entreprises de presse, 33 milliards sont dus par la Rts, Le Soleil et l’Aps. Ces médias publics doivent à l’Etat plus de 75% de la dette fiscale des médias. Et pourtant ils bénéficient de tous les privilèges de l’Etat par comparaison aux médias privés».
Alors que la presse privée a subi un sevrage brutal car «privé» de toutes conventions et publicités, les médias de l’Etat sont financés «par l’argent public et ont un avantage sur les conventions et les publicités. Malgré cela, ces médias sont en difficulté compte tenu de l’environnement de leur évolution». Pour Bocoum, il est important de trouver des solutions pour redresser le secteur de la presse. Ne penser qu’au paiement de l’impôt en grevant les maigres avoirs des entreprises de presse ne peut être une solution viable.
Thierno Bocoum est pourtant pour le paiement de l’impôt, mais «dans le cadre d’une démarche d’accompagnement des entreprises de presse. Un accompagnement qui doit sauvegarder les intérêts des travailleurs des médias ainsi que la viabilité des entreprises de presse».
France, Côte d’ivoire et Australie… cités en exemple
Selon lui, l’Etat doit s’orienter vers les véritables problèmes d’un secteur dont le rôle de service public sans contrepartie financière de l’Etat est connu de tous. «Une bonne santé de la presse est le baromètre d’une démocratie viable», dit-il. En guise d’exemple, il cite l’Australie où «une loi a été votée pour obliger les géants de la tech à payer les médias et ainsi les aider à surmonter les difficultés du secteur». Il cite aussi l’exemple du ministère de la culture en France qui a versé 22,7 M€ à 374 titres de journaux dans le cadre des aides au pluralisme soit plus de 14 milliards de F Cfa. Ces aides «visent à garantir la diversité des médias, essentielle à un paysage médiatique libre et indépendant, constitué d'opinions et d'idées diverses». Encore un dernier exemple, c’est celui de la Côte d’Ivoire, «c’est en tout 1,588 milliard de F Cfa que l'Agence de soutien et de développement des médias (Asdm) a octroyé en appui au titre de 2023 à plusieurs acteurs et entreprises des médias».
Une volonté d’asphyxie…
«Au Sénégal, on met en demeure les médias et on bloque leurs comptes. Tout porte à croire que cette pression fiscale accompagnée de mesures coercitives ne vise en réalité qu’à précipiter la chute de certains médias qui sont accusés d’avoir contribué à freiner un certain « projet » qui n’existe que de nom», dit-il.
D’ailleurs, il déplore les écervelés qui inondent la toile sénégalaise en menant «une campagne de propagande sur les réseaux sociaux est organisée pour ne réduire le problème des médias qu’à une question de paiement d’impôt». Et d’ajouter : «si ce n’était que cela, pourquoi la Rts, Le Soleil et l’Aps qui bénéficient des privilèges de l’Etat se retrouvent dans des difficultés de paiements d’impôts ? Une politique de pensée unique et de règlement de comptes s’installe de plus en plus dans notre pays».
Bocoum souhaiterait que tous les démocrates se donnent la main pour stopper le projet de liquidation de la liberté d’expression en général, de la liberté de la presse en particulier et du choix de la diversité. Pour lui, «la journée sans presse de ce mardi 13 août est une tâche noire pour la démocratie sénégalaise. Cette presse combattue et malmenée a le droit de se battre avec les moyens dont elle dispose .
Samba THIAM