REPRISE DE SES FREQUENCES SUR PARIS: Jean-Paul Dias «démonte» les arguments du gouvernement et suggère à Corsair de rester à Dakar



 
 
Les arguments fondant la décision du Sénégal de reprendre les fréquences sur Paris cédées temporairement à Corsair ne tiennent pas la route et ne résistent pas à l’analyse. C’est la conviction de Jean-Paul Dias qui, dans un papier qui nous est parvenu, fustige le «pseudo-protectionnisme» d’un gouvernement qui prétend être libéral. Mieux, il conseille à Corsair de rester à Dakar et d’explorer d’autres pistes qui ne manquent pas, surtout avec l’avènement du Marché unique du transport aérien africain (Mutaa).
 
 
 
 
 
Il ne faudra pas compter sur Jean-Paul Dias pour soutenir le gouvernement dans sa décision de reprendre ses fréquences sur Paris, cédées à Corsair. «L’argument de saturation brandi par les autorités sénégalaises pour écarter Corsair du Dakar-Paris dès qu’Air Sénégal s’y lancerait, s’apparente plutôt à un prétexte qui ne résiste pas à l’analyse», a martelé le leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg). Et pour battre en brèche la décision du Sénégal, il convoque les exemples de la Côte d’Ivoire, de l’Île Maurice et de Madagascar, dont les compagnies nationales sont beaucoup plus en avance que Air Sénégal SA, mais qui, pourtant, continuent de cohabiter avec Corsair sur la Ligne vers Paris. «Abidjan-Paris est assuré jusqu’à présent par Air France, Corsair et Air Côte d’Ivoire. En un moment même, la filiale low cost d’Air France était, ponctuellement, de la partie. En la seule année 2017 et à quelques mois d’intervalle, Air Côte d’Ivoire s’est fait livrer deux A320 neufs. A Abidjan se pose le luxueux gros porteur A380 d’Air France (4 fois/semaine). Air Côte d’Ivoire (dont Air France est actionnaire à 20%) couvre 20 destinations internationales en Afrique de l’Ouest et du Centre ; elle compte poursuivre le développement de sa flotte par la réception prochaine de trois appareils tout neufs A 320 neo. C’est dire que la quantité et la qualité sont au top sur Abidjan-Paris et pourtant les Ivoiriens n’ont jamais songé écarter Corsair», explique-t-il.
Et d’ajouter que «la même situation se retrouve sur Ile Maurice-Paris où opèrent Corsair, Air Mauritius et Air France». Or pour lui, «Air Mauritius fait partie, ou n’est pas éloigné, du podium des compagnies aériennes africaines avec South African Airways (SAA) et Ethiopian». Idem, note-t-il, pour Madagascar-Paris où l’on retrouve Air Madagascar, Air France  et Corsair sans restriction aucune de la part du gouvernement malgache.
 
«A mon avis, Corsair ne doit pas quitter Dakar et ne doit pas baisser les bras, sauf maintien de l’ostracisme»
 
Fort de ces constats, il jette à la poubelle la décision du gouvernement d’éjecter Corsair de la ligne Dakar-Paris. «Le prétexte pseudo-protectionniste des autorités sénégalaises qui relèvent d’un gouvernement qui se prétend libéral est irrecevable, car ce qui précède démontre bien qu’il ne tient pas la route». Dès lors, il suggère à la compagnie qui exploite jusque-là les fréquences du Sénégal de faire de la résistance. «Que doit faire maintenant Corsair ? A notre avis, ne pas quitter Dakar et ne pas baisser les bras sauf maintien de l’ostracisme», dit-il. Pour lui, la compagnie doit rester et exploiter les pistes et opportunités qui s’offrent à elle. «Vers le milieu de cette année 2018, l’Union Africaine a initié un accord multilatéral de libéralisation du ciel africain dénommé Marché unique du Transport aérien en Afrique (Mutaa). 26 pays y ont souscrit dont des grandes puissances aériennes du continent (Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Kenya, Nigeria etc…) ; pas le Sénégal ni les pays du Maghreb. L’idée de base consiste en la promotion et la démocratisation du transport aérien grâce à une sorte d’open sky assis sur des prix compétitifs. (…). Sans attendre la fin janvier 2019, Corsair devrait s’intéresser, dès à présent, à ce que pourrait autoriser cette opportunité, rester à Dakar et opérer, à travers certaines facettes de la 5ème Liberté de l’Air (possibilité d’embarquer /débarquer à Dakar du trafic à destination ou à partir d’un autre pays)», conseille-t-il. Pour lui, dans des Etats voisins signataires du Mutaa, «des possibilités insoupçonnées existent». Et Corsair devrait pouvoir en profiter. Ainsi, souligne Jean-Paul Dias, «les emplois dakarois actuels (de Corsair) seraient sauvegardés et de nouveaux, nécessairement créés».
Rappelant sa prise de position lors de la menace de départ définitif de South African Airways, en 2015, il se veut clair : «si, cette fois-ci, Dakar ne fait pas preuve de pragmatisme, il appartiendra à Corsair de se montrer réactif même au prix d’un déménagement tout aussi profitable chez un voisin plus réaliste».
 
 
Synthèse de Mbaye THIANDOUM

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