Me Assane Dioma Ndiaye s'est montré particulièrement meurtri par les images montrant la violente répression des leaders de l'opposition sénégalaise, lors du sit-in de mardi dernier dans la capitale. Le patron de la Lsdh (Ligue sénégalaise des droits humains), qui a condamné cette violence, a également exhorté le régime de Macky Sall à respecter l'expression des libertés fondamentales au Sénégal.
«Ce serait une erreur de penser qu'il faudra durcir le climat de façon globale, c'est-à-dire réprimer à chaque occasion, essayer d'installer une psychose de la peur chez les citoyens, pour obtenir gain de cause à l'élection présidentielle prochaine. L'expression de la souveraineté appartient au peuple. Le droit de vote doit avoir un sens. Les citoyens doivent pouvoir s'exprimer librement et confier leur destin à qui ils voudront», a pesté le président de la Ligue sénégalaise des droits humains, Me Assane Dioma Ndiaye, suite à la violente répression par les forces de sécurité et de défense de la manifestation de l'opposition ce mardi. À en croire Me Ndiaye «ce qui sera déterminant pour l'élection présidentielle, ce sera moins une contrainte morale ou psychologique, ou même d'autres moyens qu'on commence à décrier, comme de l'argent qu'on distribue. Au contraire, ce sera surtout l'adhésion que les Sénégalais auront par rapport à un travail en cours ou un travail déjà effectif. Une sanction positive ou négative par rapport à ce pouvoir».
«La démocratie, c'est le débat permanent, le respect de l'autre, l'expression plurielle, l'équilibre, la tolérance…»
Invitant l'État du Sénégal au sens du dépassement, Me Assane Dioma Ndiaye regrette les promesses vaines faites au peuple par chacun des régimes. «Il faut avoir un dépassement et savoir servir un pouvoir et ne pas se servir du pouvoir. Le pouvoir politique en place doit comprendre qu'il est là pour servir les intérêts de la nation, pour la primauté de l'intérêt général et non pour des intérêts particuliers. Si nous arrivons à avoir cet état d'esprit, nous aurons vaincu beaucoup de facteurs qui inhibent l'évolution de notre société et qui, malheureusement, tendent à transcender les alternances. Chaque pouvoir promet monts et merveilles et ruptures, mais il retombe dans des travers et les éléments fossoyeurs du régime précédent, ne tirant aucune leçon du passé. Il faudra alors qu'on se convainc que la démocratie, c'est le débat permanent, le respect de l'autre, l'expression plurielle, l'équilibre, la tolérance et surtout le choix du plus grand nombre sur la base du libre arbitre laissé à chaque citoyen», a-t-il martelé.
Moustapha DIAKHATÉ