Hormis les partisans de Benno Bokk Yakaar (Bby) et certainement quelques sympathisants, le Sénégal dans son entièreté a été soulagé de l’annonce du Président Macky Sall de ne pas se présenter à la présidentielle de février 2024. Ce fut une délivrance et une épine enlevée au pied de bon nombre de citoyens sénégalais qui craignaient des lendemains sombres, si toutefois le leader de Bby annonçait le contraire, c’est-à-dire qu’il serait bel et bien candidat aux joutes de 2024. Avec cette annonce faite de ne pas être candidat et d’organiser des élections transparentes, Macky Sall s’est ouvert les grandes portes du panthéon des grands hommes ; il est entré définitivement dans l’histoire. Mais, en même temps, il a redoré le blason du Sénégal qui a toujours été une référence en termes d’avancée démocratique. L’acte est en soi louable. L’homo senegalensis a vite tout oublié ; il est devenu même amnésique pour faire un virage à 350° et chanter les louanges de celui qui, il y a peu de temps, était décrit comme un monstre, têtu qui ne cherche qu’à satisfaire son égo. C’est vrai comme lorsqu‘une personne perd la vie, quelle que soit la personne qu’elle a été, elle devient le meilleur des hommes. C’est cela la société sénégalaise ; celui qui est opprimé gagne un capital sympathie incroyable. Macky Sall doit donc bien rire sous cape et se moquer de ses anciens détracteurs subitement devenus ses admirateurs.
Pourquoi et pourquoi maintenant ?
Certes l’acte en soi est à saluer. Mais, l’a-t-il fait juste parce que, comme il le dit, le Sénégal dépasse sa propre personne ? D’autres rétorqueraient que peu importe, l’essentiel est qu’il l’ait posé. Mais la vertu peut-elle s’accommoder d’un quelconque intérêt surtout si c’est pour, de manière indirecte, jeter l’opprobre sur une autre personne. Je suis bon tu es mauvais ? Car véritablement, il tire les ficelles au grand dam de son « adversaire politique », pour ne pas dire son « ennemi » politique (Je ne veux pas nommer Ousmane Sonko).
En fait, les interrogations suscitées par cet acte ô combien noble de Macky Sall, c’est d’abord pourquoi l’a-t-il fait ? Pourquoi attendre 7 à 8 mois avant la présidentielle pour le faire ? Qu’est-ce qui l’a poussé à le faire, est-ce simplement, comme il le dit, il veut respecter sa parole ? L’on ne peut s’aventurer à donner une réponse à la question du pourquoi ni à celle du pourquoi maintenant. Cependant, l’on se dit, si seulement, il l’avait fait bien avant ? Car, qu’on le veuille ou non la question de sa candidature a été un élément non négligeable du bras de fer politique. Certes d’autres facteurs ont été importants pour les évènements de mars 2021 tout comme les émeutes de juin dernier. Mais, s’il n’avait laissé planer aucun doute sur sa candidature, cela conduirait peut-être ses adversaires à changer de forme de lutte. Le ni oui ni non, on s’en souvient encore ; pourquoi il n’a pas voulu délivrer les Sénégalais, en ce moment-là ? Pourquoi avoir sanctionné Ismaël Madior Fall, Me Moussa Diop, Sori Kaba, parce qu’ils ont émis des doutes sur sa candidature en 2024 et ne pas sanctionner négativement ceux qui disaient qu’il en avait le droit ? Pourquoi attendre que plusieurs dizaines de Sénégalais aient perdu la vie pour se prononcer ? Mais, encore une fois, tant mieux, l’essentiel est qu’il l’ait fait.
Le cas Ousmane Sonko
Qu’en est-il maintenant du cas Ousmane Sonko ? Il se serait confectionné un véritable costume de taille patron, s’il avait, par la même occasion, donné les gages d’une élection libre, transparente avec la participation de tous même son « adversaire politique » pour ne pas dire son « ennemi » politique. L’on est encore dans l’attente, dans l’inquiétude de savoir ce qu’il en sera d’Ousmane Sonko. Car, s’il reste dans cette logique d’entrainer dans sa chute, que dis-je, dans son voyage à la porte du non-retour, le leader de Pastef, il faudrait reconnaître que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge. Cher Président Macky Sall nous vous prions de laisser votre adversaire politique participer à la présidentielle de 2024, si toutefois, vous êtes l’homme vertueux que l’on perçoit, avec votre discours, l’homme vertueux que vos partisans et l’homo senegalensis sont convaincus que vous êtes ou que vous êtes devenu. En ce moment, ce serait un standing-ovation mérité.
Alassane DRAME