REPLIQUES AUX EXCEPTIONS DE LA DEFENSE: Serigne Bassirou Guèye fait sa démonstration et attend de pied ferme les avocats sur le fond

Le procureur de la République est sûr de son droit. Que ce soit sur les exceptions d’irrecevabilité, de nullité de la procédure ou le fond du dossier, Serigne Bassirou Guèye se dit être très à l’aise. C’est ce qui a fait qu’il a retroussé les manches et est personnellement monté à l’audience lui-même pour faire face aux avocats. Hier, pour ce qui est des exceptions, le patron du Parquet a démonté les arguments des conseils de la défense, avant de leur faire savoir qu’il les attend de pied ferme sur le fond du dossier.



 
 
«Seul contre 52 avocats, pour démonter leurs arguments, parce que je sais ce que je sais. C’est le règne de la loi qui m’intéresse», ce sont les raisons expliquées par le procureur de la République pour expliquer sa présence à l’audience, en lieu et place d’un de ses substituts. Hier, Serigne Bassirou Guèye, à qui revenait le tour de répondre aux exceptions soulevées par les avocats de la défense, est monté au créneau pour demander au Tribunal d’écarter lesdites exceptions. Selon le procureur de la République, «les exceptions soulevées sont irrecevables». Sur le rapport de l’Inspection général d’Etat (Ige) et le procès-verbal d’enquête préliminaire, soulevés par rapport à l’article 5 du règlement 5 de l’Uemoa, Serigne Bassirou Guèye a tenu, pour y répondre, à faire l’historique des faits. Il a d’abord rappelé que les statuts de l’Ige donnent aux inspecteurs généraux d’Etat le droit de jeter un œil sur les collectivités locales et les établissements connexes. «Ils disent que je n’ai pas versé le rapport de l’Ige dans mon réquisitoire, ils disent qu’ils ont dit qu’ils n’ont pas vu de rapport et ils demandent d’annuler, comment peut-on annuler l’inexistant ?», s’interroge le représentant du ministère public, qui poursuit : «au Sénégal, aucun juge ne peut annuler une pièce de procédure; seuls des actes de procédure peuvent être annulés», martèle le patron du Parquet.
 
«Je n’ai jamais dit que Khalifa Sall et autres étaient suspects»
 
S’agissant du procès-verbal d’enquête préliminaire, il précise que les textes parlent bien d’interpellation et du cas où la personne est suspectée. «Pour ce qui est de Khalifa Sall et autres, je n’ai jamais dit qu’ils étaient suspects. Mais, après réquisitoire oui ! Même avec le rapport de l’Ige, je pouvais déjà considérer qu’ils étaient suspects, mais je ne l’ai pas fait. J’ai demandé l’audition de toute personne qui pouvait apporter une lumière dans cette affaire. Il n’y a pas eu d’interpellation», argumente encore le patron du Parquet. Mieux, à l’en croire, les avocats de la défense soulèvent une nullité d’intérêt privé, parce qu’ils veulent la protection, mais l’article 166 du Code de procédure pénale invoqué par la défense n’est pas pertinent, à ses yeux. Cet article parle, selon lui, de nullité de l’information et pour cela, c’est la Chambre d’accusation qui est compétente et cette juridiction a déjà tranché la question. Seul l’article 168, pour le maître des poursuites, donne moyen au Tribunal d’annuler «s’il estime» y faire droit à la partie lésée.
 
«Je n’ai pas vu de cautionnement»
 
Par rapport aux reproches faits au Doyen des juges d’instruction, Serigne Bassirou Guèye s’est érigé en son défenseur : «il n’y a aucun droit à l’instruction de faire entendre les témoins. Le juge entend les témoins dont les dépositions lui paraissent utiles». Le procureur de la République s’est voulu clair, par ailleurs, sur la question du cautionnement : «jusqu’au moment où je vous parle, nous n’avons pas vu de cautionnement». Serigne Bassirou Guèye de conclure : «le sentiment des Sénégalais est qu’on aille au fond, voir en quoi le procureur de la République est un comploteur, en quoi l’Etat est un Etat boulimique. J’attends le moment venu et je vous démontrerai tout cela».
 
Alassane DRAME

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