Les élèves vont devoir garder leur mal en patience. Malgré leurs nombreux appels de détresse, la grève des enseignants continue. La rencontre entre syndicats d’enseignants et le gouvernement n’a rien donné. Les deux parties ont décidé de se retrouver dans les prochains jours.
Abdoulaye Ndoye, Secrétaire Général du Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems), est amer. A la sortie de la rencontre de l’espoir entre syndicats d’enseignants et gouvernement, il n’a pas mâché ses mots. Pour lui, le gouvernement ne veut pas faire d’effort. «Le gouvernement a juste voulu faire de la communication. C’est pour cela que cette rencontre est convoquée. Aujourd’hui, le gouvernement n’a fait aucune proposition». Et c’est Saourou Sène, Secrétaire général du Syndicat autonome des Enseignants du Moyen Secondaire (Saems), qui est revenu de façon détaillée sur la rencontre et l’attitude du gouvernement qu’ils n’ont pas appréciée. «À notre grande surprise, le gouvernement n’était pas porteur de propositions concrètes par rapport à la question de rémunération. Ils ont préféré écouter d’abord la partie syndicale, ce que nous avons refusé. Parce que, nous considérons que c’est au gouvernement de faire ses propositions et qu’ensuite, nous syndicats, on fasse des contre-propositions. S’il y a malentendu, l’autorité pourrait arbitrer. C’est comme ça que nous voyons les choses. Lorsqu’ils se sont rendu compte que nous n’étions pas prêts à partager nos propositions tant que nous n’avions pas écouté la partie gouvernementale, ils ont décidé que l’on se retrouve dans 15 jours pour qu’ils amènent leurs propositions et que l’on continue les travaux», regrette le Sg du Saems. «Le gouvernement nous a demandé de faire une commande. Mais, je pense que la commande a été déjà faite depuis par le cabinet MGP Afrique», ajoute Abdoulaye Ndoye. D’ailleurs, poursuit-il, c’est cette commande d’expert qui a abouti à la conclusion qui est à l’origine de cette grève des syndicats. Le cabinet MGP Afrique, après étude du système de rémunération des agents de la fonction publique, a dans ses conclusions révélé l’incohérence du système de rémunération. C’est pourquoi, dit-il avec amertume, «nous enseignants, nous attendons un système de rémunération équitable. Tout a été réglé depuis 2015 sur cette question. Mais, l’Etat manque de volonté politique. Le gouvernement nous demande de revenir dans 15 jours pour poursuivre les négociations. On dirait que ces gens ne sont pas au courant que le système est paralysé. Cela veut dire que l’éducation n’est pas leur priorité. Depuis deux mois, on est en grève. Le gouvernement fait la sourde oreille. C’est la stratégie du pourrissement. Il veut accuser les enseignants», regrette le syndicaliste.
Du côté du gouvernement, le ministre du Travail, Samba Sy, confirme la convocation de nouveau des deux parties dans quinze jours. «Nous avons discuté autour de questions difficiles. Nous sommes engagés à nous retrouver dans quinze jours pour pouvoir présenter des propositions concrètes de la part des deux parties», fait-il savoir. Malgré cette divergence, les deux parties seraient convenues de mettre en place une commission technique devant boucler ses travaux dans un délai maximum de 15 jours. Les travaux de ladite commission devraient offrir aux deux parties l’opportunité de confronter leurs propositions et contre-propositions pour parvenir à un consensus dynamique qui sauvera l’année scolaire. Une durée jugée longue aux yeux du secrétaire général du Saems. «Pour nous, ce délai est même long. Nous l’avons dit au gouvernement. D’autant plus que le système de rémunération (principal point de revendication : Ndlr), on en parle depuis 2015. Maintenant, c’est à eux d’apprécier. Ils en ont décidé ainsi. Nous prenons acte. Mais si ça ne dépendait que de nous, dès la semaine prochaine, on allait se retrouver pour avoir des solutions concrètes. Mais pour l’instant, nous restons à l’écoute du gouvernement» dit-il.
Au moment où se tenait la rencontre, les élèves continuent à occuper les rues des capitales régionales. A Saint-Louis, les potaches ont imité leurs camarades des autres régions. C’est pourquoi les parents d’élèves, inquiets du sort de leurs enfants, demandent le retour d’un dialogue constructif entre les syndicats et le gouvernement.
Baye Modou SARR