S’il a été expéditif avec les membres de son Secrétariat exécutif national avant-hier et les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar hier, le président de la République a pris tout son temps lors de sa rencontre avec ses alliés. Pendant près de 6h de débat, Macky Sall a exposé à ses alliés ses réformes. Ces derniers n’ont pas manqué de lui dire des vérités.
De 16h45 à 22h45 environ, Macky Sall a eu une longue séance d’explication avec ses alliés de la coalition Benno Bokk Yakaar et ceux de la Grande majorité présidentielle. 6 tours d’horloge durant lesquels tous les grands sujets ont été abordés sans détour. Entouré de ses principaux collaborateurs, le chef de l’Etat a remercié ses alliés de leur apport décisif dans sa victoire au 1ertour de la présidentielle du 24 février dernier. Macky Sall en a profité pour réitérer son souhait de maintenir ces coalitions pour longtemps encore «dans l’intérêt exclusif du Sénégal». Comme avec ses partisans de l’Alliance pour la République et «ses» députés de Benno Bokk Yakaar, Macky Sall a expliqué sa décision de supprimer le poste de Premier ministre et de mener des réformes majeures par une volonté de célérité dans l’action gouvernementale et d’accélération de la cadence.
«Discussion avec des opposants pour le dialogue»
Le président de la République est aussi revenu sur le dialogue national inclusif auquel il tient tant. Macky Sall a même révélé à ses alliés qu’il est en train de discuter avec des membres de l’opposition pour qu’ils acceptent de venir à la table de dialogue. A charge pour eux de convaincre les sceptiques et les réticents. Dans ce sillage, le chef de l’Etat a révélé aussi que les termes de référence du dialogue sont en train d’être définis et qu’incessamment, tout sera mis à la disposition des intéressés. A ce propos d’ailleurs, le Président Macky Sall a indiqué qu’un séminaire de la Mouvance présidentielle se tiendra dans les prochaines semaines (la date n’a pas été précisée) pour harmoniser toutes les positions de la majorité avant d’aller à ce dialogue.
Report des élections si l’opposition est d’accord
Toujours dans le cadre du dialogue, le chef de la majorité a révélé qu’il va proposer le report des élections locales. Et si l’opposition accepte le principe, les élections municipales et départementales seront repoussées à une date ultérieure. Mais pour cela, a-t-il insisté, il faut un consensus de toute la classe politique. A défaut, la date initialement retenue (décembre 2019) sera maintenue. De toute façon, dans le paquet de propositions que la Mouvance présidentielle va poser sur la table du dialogue, il y aura le report de la date des élections.
Me El Hadj Diouf et Me Souleymane Ndéné Diouf «contre» la suppression du poste de Premier ministre
La rencontre n’a pas été un monologue présidentiel. Les alliés ont pris la parole chaque fois pour demander des éclaircissements, poser des questions, émettre des critiques ou faire des suggestions. C’est à ce propos que Me El Hadj Diouf, lors de sa prise de parole, a dit ses appréhensions sur la suppression du poste de Premier ministre. Pour le leader du Parti du Travail et du Peuple (Ptp), il faut maintenir le poste parce qu’il est important dans la nomenclature administrative de notre pays et il a son importance dans les relations entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. Une fois n’est pas coutume, Me Souleymane Ndéné Ndiaye a eu la même position que son cousin El Hadj Diouf. Ancien Premier ministre lui-même (mai 2009-avril 2012), Souleymane Ndéné Ndiaye a listé les avantages qu’il y a de maintenir le poste de Premier ministre. Surtout que, selon lui, le chef de l’Etat a besoin d’un Pm. Mais la règle de la démocratie ayant prévalu, les deux cousins ont été minorisés et ils se sont pliés à la décision majoritaire.
Aïssata Tall Sall et Fada présents, Baldé, en Crimée, s’est fait représenter
Lors de la réunion d’une cinquantaine de membres, il y avait la présence remarquée de Me Aïssata Tall Sall et de Modou Diagne Fada. Abdoulaye Baldé, absent, a été représenté. Le président de l’Union centriste du Sénégal est en Crimée sur invitation du Premier ministre et du gouvernement russes. Il participe au Forum international de Yalta. Un forum qui réunit des hommes politiques et des chefs d’entreprise du monde entier. Parlant de ses alliés, le chef de l’Etat a encore indiqué que le débat sur les transhumants est un faux débat, un «terrorisme verbal». Macky Sall a dit à l’assistance que tout le monde a la même légitimité, que ce soit ceux qui sont là depuis longtemps que ceux qui viennent d’arriver. Sur la formation du gouvernement, il a expliqué les contraintes qu’il avait et précisé que ce n’est pas uniquement au gouvernement qu’on peut servir son pays.
Madou MBODJ