RENCONTRE AVEC UN GROUPE D’ARTISTES SOUTENEURS DU PROJET : Ousmane Sonko crache sur l’état de grâce, appelle l’opposition à se manifester et annonce subtilement des poursuites dans les prochains jours




 
 
 
Recevant un groupe d’artistes souteneurs du Projet, hier mardi 20 août 2024, Ousmane Sonko a subtilement annoncé des poursuites dans les jours à venir. Le leader de Pastef, qui s’est permis de railler l’opposition, l’appelant à prendre son courage en main pour commencer à s’opposer, a dit qu’il ne croyait pas à l’état de grâce. Appelant ses militants au calme, il dit avoir officiellement repris les activités politiques, assurant qu’une opposition de sac à main ou qui espère une brouille entre lui et le Président Bassirou Diomaye Faye ne peut pas les ébranler. Annonçant la sortie prochaine du nouveau référentiel des politiques publiques «Vision Sénégal 2050», Ousmane Sonko dit être ouvert au débat avec tout le monde.
 
 
 
Que les opposants au nouveau régime se le disent bien : rien ne leur sera offert sur un plateau d’argent. L’avertissement à peine voilé est du Premier ministre et patron du parti présidentiel, Ousmane Sonko. En effet, recevant hier un groupe d’artistes souteneurs du Projet, la tête de file des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes) s’est dit conscient de la grandeur des attentes. «Nous sommes conscients que ceux qui ont voté pour nous, qui ont permis notre arrivée au pouvoir, ça va au-delà de Pastef. C’est pour cela que nous ne devons pas nous tromper de perception. Nous devons savoir que nous avons désormais en charge le pays et pas le parti. Dans cette situation, si juste après notre élection nous ne travaillons pas à faire l’état des lieux et s’atteler à régler les urgences, les Sénégalais seraient très déçus de nous. C’est pourquoi certains, impatients, nous ont fait des reproches. Nous n’allions pas passer notre temps à faire des audiences politiques au moment où les urgences du pays attendent», a fait savoir Ousmane Sonko devant des artistes comme les chanteuses Dieyna et Daba Sèye ou encore les rappeurs Kilifeu et Nit Dof. 
 
«Bientôt, certains n’oseront plus sortir dans la rue»
 
 
Poursuivant, le chef du gouvernement assure que dans les jours à venir, les Sénégalais verront les fruits de ce travail. «Avec stratégie nous avons fait un travail important qui devra comporter trois temps. Là nous sommes au temps de l’état des lieux, de l’évaluation. Et quand on aura fini de faire ce travail, je pense qu’il y a des gens qui n’oseront plus sortir dans la rue et rencontrer les Sénégalais. Certains, sans doute, parce qu’ils savent ce qui les attend, se sont précipités pour faire des sorties. Mais j’estime que ça ne vaut pas la peine parce que nous dirons aux Sénégalais des faits, nous leurs donnerons les chiffres et les dates. Ainsi, ce sera clair dans la tête de tout le monde. Il y a deux autres temps ensuite. Pour ceux-ci, je me garderai de vendre la mèche, mais c’est pour très bientôt», dit-il encore, raillant ses opposants : «il y en a qui ne vont pas dormir aujourd’hui. Mais qu’ils sachent que tout se fera dans le respect des lois.»
 
 
«L’état de grâce, c’est pour les faiblards»
 
S’adressant aux militants, Ousmane Sonko les appelle au calme. «Nous sommes aujourd’hui plus que jamais conscients des sacrifices consentis pour l’arrivée au pouvoir du Projet», leur sérine-t-il. «Des jeunes sont morts pour que le Sénégal change. Nous ne pourrons rendre hommage à ces jeunes qu’en changeant positivement le Sénégal. Je vous assure que je ne vois même pas les privilèges, nous avons décidé de faire de ce travail un sacerdoce. Prenez le cas de El Malick Ndiaye, il est ministre dans mon gouvernement, mais si j’apprends qu’il a pris 200.000 F Cfa, il ne sera plus ministre. S’il le fait à 12 heures, à 12 heures 30 il sera limogé», prévient-il, disant à qui veut l’entendre qu’il ne croit pas à l’état de grâce. «L’état de grâce, c’est pour les faiblards, nous n’avons pas besoin d’état de grâce. Quand on était dans l’opposition, nous n’avons pas eu d’état de grâce. Le pouvoir d’antan s’est attaqué à nous aussitôt que nous sommes nés. Donc je le répète, nous n’avons pas besoin d’état de grâce. Que ça commence, tout homme qui se dit de l’opposition n’a qu’à se signaler. Ce que nous savons, c’est la lutte politique dans le bon sens du terme. Nous n’avons pas été dans la provocation, mais nous n’accepterons jamais qu’on nous marche dessus. Pour dire vrai, ceux qui veulent s’opposer pouvaient commencer avant même la prestation [de serment] du Président Diomaye, parce que leur opposition ne nous ébranle point. Comment voulez-vous qu’une ‘’opposition de sac à main’’ nous ébranle ? Comment voulez-vous qu’on soit secoué par une opposition qui a fini de parier tous ses espoirs sur un souhait de brouille entre Sonko et le Président Diomaye ? Comment être ébranlé par cette opposition dont les principaux ténors n’osent pas prendre la parole, mais préfèrent se réfugier derrière de seconds couteaux pour attaquer le régime ? Le problème avec ça, c’est que ces seconds couteaux sont les agneaux du sacrifice. Qu’ils continuent à insulter s’ils veulent, mais qu’ils se préparent à en payer le prix », prévient Ousmane Sonko, qui avait à ses côtés le ministre El Malick Ndiaye et le député Abass Fall.
 
 
«Je suis prêt à débattre avec tout le monde»
 
 
Le Pm de poursuivre : «qu’ils comprennent que le temps où ils passaient leur temps à insulter les gens sans aucune conséquence est révolu. Il ne s’agira pas d’instrumentaliser qui que ce soit. Mais dans ce pays, désormais, ceux qui gouvernent dérouleront leur politique, ceux qui s’opposent s’opposeront dans le respect mutuel. J’invite tout le monde dans le débat d’idées. Personnellement, je suis prêt à débattre avec tout le monde, que ce soit sur les politiques publiques, sur l’Etat, sur les ressources naturelles, sur les finances publiques… je suis ouvert au débat avec qui le veut», invite-t-il. Et d’insister : «cette façon de faire de la politique et d’exister en politique par l’insulte et l’invective est révolu».
Et à ceux qui taxent le régime de faire dans le tâtonnement, Ousmane Sonko jure : «nous savons là où nous allons, nous maitrisons parfaitement la situation».
«Dans les étapes à venir, beaucoup de choses vont se passer dans ce pays. Et chaque composante devra jouer son rôle pour la réussite du nouveau référentiel des politiques publiques que nous sommes en train d’élaborer. Parce qu’il n’est pas question de continuer avec le Pse qui ne nous a jamais convaincus. Certains se sont empressés de déclarer que nous n’avions pas de programme. La vérité, c’est que quand tu viens au pouvoir, tu viens avec les grands axes de ta vision, mais en exerçant le pouvoir, tu as besoin de l’opérationnaliser, en faisant un autre document plus détaillé parce que se faisant avec des données que tu n’avais pas quand tu étais dans l’opposition. Le plus important, c’est ce que ce nouveau document soit en phase avec le programme sur la base de quoi tu as été élu», dit-il. Et de rappeler que «quand le Président Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir, il avait un programme dénommé Sopi, il lui a fallu plusieurs années pour produire la Stratégie de croissance accélérée». «Le Président Macky Sall qui a été élu sur la base du Yoonu Yokuté a pris deux ans pour produire le Pse pour lequel il a payé trois milliards à un cabinet étranger. Alors que nous, nous avons rien payé et avec l’aide de l’expertise locale, en quatre mois nous allons sortir un document d’opérationnalisation. Quand le document sortira dans les prochains jours, vous verrez tous en le parcourant que c’est ce programme qui va changer le Sénégal. Donc le vrai travail débutera quand le document sera publié. Et pour cela, nous aurons besoin de toutes les composantes et pour la communication il y’a un bureau spécialement pour ça à la primature. Et nul n’est plus disposé à faire la communication et vulgariser ce que nous faisons que les artistes. C’est pour vous dire que votre mission ne fait que commencer. L’aventure va donc se poursuivre et s’il plait à Dieu ce sera encore pour des dizaines d’années », fait-il savoir.
 
 
reprise des activités politiques
 
 
Précisant à ses hôtes qu’il a décidé de les recevoir en son nom et au nom du Président Diomaye Faye, pour les remercier de leur soutien sans faille. «Quand je parle de travailler avec les artistes pour vulgariser ce que nous faisons, ça inclut tous les artistes du Sénégal, mêmes ceux qui sont apolitiques», fait savoir Ousmane Sonko. «L’autre chose qui a motivé cette rencontre aujourd’hui, c’est que je compte en faire le point de départ pour la reprise des activités politiques. Parce que y’en a qui se sont dit que ‘’Sonko avec son travail de Premier ministre il n’a plus le temps’’ et qui se sont permis de raconter du n’importe quoi ; qu’ils sachent que les activités politiques ont repris. Et je sais qu’ils parlent comme ça pour exister, mais ici on sait qui est qui. Donc je continuerai à recevoir toutes les composantes de la grande famille des gens qui ont défendu le Projet avant qu’on accède au pouvoir», a encore déclaré Ousmane Sonko.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
LES ECHOS

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