REMUNERATION DES AGENTS DU SECTEUR PUBLIC: Sur les 3700 milliards de budget, 960,4 milliards vont servir à payer des salaires

On a beau louer l’augmentation du budget, la grande masse des Sénégalais ne va pas en sentir véritablement les incidences. En effet, sur les 3770 milliards de budget pour 2018, les 960,4 milliards vont servir à payer les salaires des fonctionnaires et agents divers employés par l’Etat, et à entretenir des institutions de la République. Soit 39% des recettes fiscales pour moins de 200.000 Sénégalais, qui vont encore se partager le reste des recettes publiques avec le reste des 15 millions de compatriotes.



  C’est à croire que le budget du Sénégal sert essentiellement à payer les salaires. En effet, c’est la bagatelle de 960,4 milliards qui l’Etat a prévue comme payement des rémunérations globales du secteur public. Sur cette manne financière, les salaires de la fonction publique constituent le gros lot, avec 633 milliards, soit 47 milliards de plus que l’an dernier (586 milliards). Une augmentation spectaculaire qui s’explique, selon le gouvernement, par des mesures sécuritaires et sociales. En effet, 3990 agents de forces de sécurité et de défense vont être recrutés dans la fonction publique, pour faire face aux besoins de sécurité, notamment avec les nouveaux défis comme le phénomène du terrorisme. Au plan social, il y a l’intégration annuelle dans la fonction publique de 10.000 professeurs et maîtres contractuels, dont 29,4 milliards sont prévus en 2018 pour le payement des rappels, mais aussi l’application des accords avec les syndicats de la santé sur la revalorisation des payements des heures supplémentaires…
Agents liés à l’Etat par convention, Institutions de la République, agents du secteur parapublic… : 227,3 milliards
En dehors des agents de la fonction publique, l’Etat rémunère aussi des agents à qui il est lié par des conventions de droit privé, qui sont davantage proches des contrats de prestation de services. Il s’agit, par exemple, des professeurs et maîtres contractuels, qui recevront 67,3 milliards en 2018. Il y a aussi la rémunération des membres des institutions de la République : Assemblée nationale, Haut Conseil des Collectivités territoriales et Conseil économique, social et environnemental, pour un montant de l’ordre de 15,8 milliards F Cfa.
Pour le secteur parapublic, c’est-à-dire le personnel (non fonctionnaire) employé par l’Etat dans les divers projets et programmes, la masse salariale en 2018 est de 108,8 milliards. Le cumul des rémunérations de ce titre est de 227,3 milliards.
Violation des critères du Pacte de convergence, de stabilité et de solidarité de l’Uemoa
Avec une rémunération globale dans le secteur public de 960,4 milliards, compte non tenu da la masse salariale des collectivités territoriales, ont atteint 39% des recettes fiscales. Un ratio qui est alarmant, car ce pourcentage dépasse largement celui de 35% fixé part le Pacte de convergence, de stabilité et de solidarité de l’Uemoa. La première conséquence de cette situation est le fait que l’Etat consacre l’essentiel de ses ressources à payer des salaires et des rémunérations diverses. Ce qui fait que certaines dépenses budgétaires bénéfiques pour la collectivité sont sacrifiées. Une autre conséquence est l’inégale répartition des ressources nationales entre les citoyens. Sur les 15 millions de Sénégalais, environ 200.000 consomment directement plus du tiers des recettes fiscales, tout en se partageant le reste des ressources publiques avec le reste des Sénégalais.
Mbaye THIANDOUM

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