REHABILITATION DES SITES D’EXPLOITATION MINIERE Quand la faiblesse de la loi contribue à la dégradation de l’environnement et à la pollution



 
En dépit d’un fonds de réhabilitation des sites miniers alimenté par tous les titulaires de permis miniers, cette réhabilitation pose toujours problème. C’est le cas à Sabodala où, sur une superficie 1518 ha exploitée, seulement une surface de 92 ha a fait l’objet de réhabilitation. Ce qui fait dire à l’ingénieur géologue Alioune Badara Paye qu’il se pose une faiblesse des capacités d’application de la loi. Or, ces sites abandonnés et pollués peuvent poser des problèmes de santé pour les communautés riveraines.
 
Dans son exposé sur la réhabilitation des sites d’exploitation minière, l’ingénieur géologue Pape Alioune Badara Paye est revenu sur le cadre juridique et règlementaire de la réhabilitation. Le Code minier inclut l’obligation de remettre les sites miniers en état. Comme le prévoit l’article 82, tous les détenteurs de permis doivent réhabiliter le site de la mine au moment de l’expiration du titre minier, à l’exception des zones qui continuent d’être couvertes par un titre d’exploitation minière. L’une des innovations du nouveau Code minier (actuellement en examen) concerne l’extension de l’obligation d’élaborer un plan de réhabilitation pendant la phase exploratoire aux situations où l’entité minière choisirait de ne pas passer à l’exploitation. En effet, la réhabilitation, de l’avis du secrétaire permanent adjoint du Comité national de l’Itie, a pour but d’aider un écosystème à retrouver ses fonctions et à redonner au sol ses caractéristiques productives. C’est pourquoi, dit-il, le code de 2016 avait prévu un fonds de réhabilitation des sites miniers alimenté par tous les titulaires de permis miniers. Ce compte alimenté par les détenteurs de titres miniers est logé dans une banque commerciale au Sénégal et destiné à la constitution d’un fonds pour couvrir les coûts de la mise en œuvre du plan de gestion environnemental.
 
Une superficie de 1425 ha exploitée et non encore restaurée par Sabodala
 
Revenant sur le cas de Sabodala, concernant la réhabilitation des sites exploités, Pape Alioune Badara Paye annonce que sur 29 zones perturbées en 2019, 15 zones ont été restaurées ; et sur une superficie totale de 1518 ha exploitée, la superficie totale non encore restaurée est de 1425 ha contre 92 ha de surface restaurée. Pour la restauration, il a relevé que 52.000 plants ont été produits pour la réhabilitation progressive à Sabodala. Cependant, il reste encore une superficie de 1100 ha qui jusqu’ici n’a pas encore été exploitée par l’exploitant de Sabodala. S’agissant de Diogo, les dépenses environnementales payées et les dépenses de réhabilitation ont été seulement de 443,1 millions francs Cfa au titre de l’année 2019 sur 47 milliards. Un montant dérisoire, selon l’ingénieur géologue qui fait remarquer que la réhabilitation est source d’emploi pour les jeunes, notamment au moment où le gouvernement parle du programme «Xéyu Ndaw Ni». Au-delà de l’aspect réhabilitation, souligne l’ingénieur géologue, la ré-exploitation des rejets miniers, notamment les silex, le sable etc., est un aspect important pour une économie circulaire au niveau local.
 
Risques de santé sur les sites abandonnés pollués
 
Cependant, pour Pape Alioune Badara Paye, la faiblesse des capacités d’application de la loi contribue à une dégradation significative de l’environnement et aux problèmes de pollution dans les zones d’exploitation aurifère artisanale et informelle. D’autant plus que ces zones, dit-il, connaissent une déforestation et leurs eaux et sols sont pollués du fait des produits chimiques utilisés pour le traitement de l’or. «La population, les crustacés et les poissons présentent de fortes concentrations de mercure dans la région de Kédougou», se désole de constater M. Paye qui fait noter, dans la foulée, que ces sites miniers qui ne sont assujettis à aucune gestion ou réhabilitation formelle de l’environnement, qui sont abandonnés et pollués peuvent poser des risques à longterme pour la santé des communautés locales. En effet, les capacités environnementales de ces communautés restent faibles ; les mineurs artisanaux choisissent généralement les moyens les plus simples et les moins chers de traiter l’or en utilisant généralement du mercure au détriment des préoccupations sanitaires et environnementales.
 
Moussa CISS
 
 
LES ECHOS

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