L’affaire Ngor Diop ne sera pas une mince affaire pour l’agent judiciaire de l’Etat. Les avocats du magistrat lui ont donné du fil à retordre. En effet, dix moyens de défense ont été soulevés par les conseils du juge Ngor Diop. Toutes les observations écrites ayant été déposées, il ne reste plus au Parquet général qu’à enrôler le dossier.
A la guerre comme à la guerre, le juge Ngor Diop ne compte pas faire de cadeau à l’agent judiciaire de l’Etat. Et pour cette affaire judiciaire, le magistrat ne lésine pas sur les moyens et ne ménage pas ses efforts non plus. En plus du pool d’avocats qui l’assiste et le soutien de ses camarades notamment l’Union des magistrats sénégalais (Ums), le juge Ngor Diop dispose d’arguments de défense imparables. Dans le recours en annulation, ses conseils ont soulevé 10 moyens de défense. Dix arguments pour convaincre les sages de la Chambre administrative de la Cour suprême pour les suivre dans leur demande d’annuler le décret portant affectation du juge à Thiès. Conformément aux procédures d’annulation, toutes les observations écrites ont été faites par toutes les parties et le rapporteur a également terminé son travail, reste seulement au Parquet général d’enrôler le dossier.
Pour la genèse de l’histoire, c’est au début du mois d’août dernier que le juge Ngor Diop, président du Tribunal d’instance de Podor, a été affecté au niveau de la Cour d’appel de Thiès. Loin d’être dérangé par l’affectation en elle-même, c’est le procédé qui suscite plutôt la colère du juge. En effet, alors qu’il pensait que c’était révolu l’époque des consultations à domicile, le juge a constaté que c’est par cette procédure «irrégulière» qu’il a été affecté, alors que c’est le Conseil supérieur de la magistrature qui était habilité à le faire. Il a été soutenu sur ce point par ses camarades de l’Ums qui ont porté le combat puisqu’ils estimaient que cela était déjà réglé avec l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Mais, ce n’est pas le seul point qui a suscité le courroux des magistrats. En effet, pour eux, c’est parce que le juge a refusé d’exécuter une instruction de l’autorité qui lui demandait de libérer un chef religieux qu’il a été affecté par consultation à domicile. Une sorte de sanction face au refus de s’exécuter. En tout cas, l’Ums a promis de toujours faire face chaque fois que ce genre de situation se produira. Le dernier mot revient à la Cour suprême.
Alassane DRAME