Le chef de l’État a servi, hier à Paris, un petit-déjeuner amer aux cimentiers, à qui ils demandent de payer les taxes dont ils sont exonérés jusque-là. Résolument pour de nouvelles mesures fiscales, Macky Sall ne compte épargner aucun secteur, du pétrole et du gaz au foncier, il veut des taxes partout pour nourrir l’État qui, dit-il, «vit de taxes».
Intervenant lundi au Groupe consultatif de Paris, le chef de mission du Fmi pour le Sénégal n’avait pas mis de gants pour appeler l’État du Sénégal à être moins tolérant à l’égard des imposables. Cela, parce que, dit-il, «il faudrait augmenter les recettes fiscales pour atteindre l’objectif de 20% du Pib préconisé par l’Uemoa». Soulignant que «des mesures fiscales sont essentielles», pour réaliser cet objectif, Michel Lazare cite, entre autres mesures qui pourraient être prises : la réduction des exonérations fiscales, la perception «encore plus activement» des sommes exigibles en vertu du code des impôts….Un plaidoyer au ton d’injonction qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. En effet, dès le lendemain, hier matin, le chef de l’État en personne est monté au front, pour décréter le tout impôt. Et ce sont les cimentiers qui ont pris les premières salves de Macky Sall, qui leur a annoncé la fin du régime d’exonération dont ils bénéficient. «Je dis à nos amis cimentiers (…) qu’ils doivent accepter de payer les taxes.(…). Il faut qu’on se parle franchement, on ne peut pas avoir un secteur commercial aussi important que le secteur du ciment qui ne paye pas des impôts sur son activité», a martelé le président de la République.
Un avertissement valable aussi pour le pétrole, le gaz, les mines
Soulignant qu’un État «vit de taxes», Macky Sall d’ajouter : «nous avons vraiment des engagements très forts sur l’emploi des jeunes, la sécurité. Nous sommes dans la zone sahélienne, vous connaissez les défis en matière de sécurité. Il faut que les activités économiques paient l’impôt là où est créée la richesse». Pour le chef de l’État, cet avertissement aux cimentiers «est valable pour le pétrole, le gaz, les mines». Plus loin encore, et comme l’a suggéré le chef de mission du Fmi pour le Sénégal, Macky veut des taxes partout. «L’État et les secteurs épargnés (il a cité entre autres le foncier) doivent travailler ensemble sur le minimum qui ne peut pas ne pas être fait». Et de finir en demandant au Fmi, gendarme de nos finances, «d’aider à monitorer et à développer des outils» permettant d’être plus efficace dans la détection des niches d’impôts et de leurs collecte.
Mbaye THIANDOUM