RECLAMANT LEUR DROIT A L’EDUCATION: Les élèves furieux mettent le feu à Ziguinchor



 
 Ce fut à une violence inouïe que les Ziguinchorois ont fait face, hier, lors de la manifestation des élèves qui réclament le retour de leurs professeurs à l’école. Pour se faire entendre et attirer l’attention des autorités en charge de l’éducation, les élèves ont brulé des pneus, barricadé les principales artères et délogé les établissements privés de la ville.
 
 Comme ils l’ont promis après le retour des fêtes pascales, les élèves de la commune de Ziguinchor ont mis, hier, le pied sur l’accélérateur. En cause, ils dénoncent les grèves sempiternelles des enseignants. Hier, Ziguinchor est devenue une ville fantôme. Les artères et les ruelles sont devenues infréquentables à cause de la fumée et des barricades. Le ciel est noirci par la fumée que dégagent les pneus brulés. Et certains services de l’administration et du privé ont baissé rideau pendent deux tours d’horloge. Une situation qui a rendu difficile la vie des citoyens.
«Nous sommes inquiets pour notre avenir. Depuis l’ouverture des classes, on n’a pas fait plus de huit leçons et les compositions, on n’en parle pas. Les notes sont toujours détenues par nos professeurs, qui refusent toujours de les déposer au niveau des directions pour qu’on puisse avoir nos bulletins du premier semestre», s’inquiète Malang Goudiaby, élève en classe de terminale au lycée Djignabo Bassène de Ziguinchor.
 Dans la foulée, déclare Ibrahima Faye, «nous sommes les souffre-douleurs de cette crise. Alors qu’on n’a rien à voir dans ce bras de fer entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Ce que nous souhaitons, c’est la reprise des cours. Car, on est à quelques mois seulement des examens de fin d’année. Mais aussi, l’hivernage s’approche à grands pas. Et la majeure partie de nos classes sont des abris provisoires».
 Dans les collèges de la périphérie, c’est le même constat. Les élèves ont délogé leurs camarades et mis les quartiers sens dessus-dessous. Une situation qui a rendu la tâche difficile aux forces de l’ordre, qui ont fini par repousser les manifestants après plus d’une heure de courses-poursuites dans les rues de la ville de Ziguinchor.
Les grévistes ont reçu un soutien de taille, celui des élèves des écoles privées. Qui ont participé à la manifestation de leurs condisciples du public. «Nous partageons la même souffrance que nos camarades des écoles publiques. Ils sont restés depuis le début de l’année scolaire sans faire normalement leurs cours. Et dans tout cela, ce sont les candidats aux examens qui vont payer les pots qu’ils n’ont pas cassés. Il faut reconnaitre que nous, du privé, ne pouvons pas faire les examens sans les élèves des écoles publiques. C’est impossible. Ce que nous sommes en train de faire, c'est-à-dire accompagner nos camarades du public, nous le faisons pour nous-mêmes», laisse entendre Aziz Ndiaye, élève en classe de troisième à l’école privée Sidy Ahmet Aïdara de Peyrissac.
 En sus, dans les discours qui ont sanctionné leur grève, les élèves ont invité le président de la République Macky Sall à intervenir pour, disent-ils, mettre un terme à cette grève des syndicats d’enseignants, qui n’a fait que perdurer. «Nous demandons au chef de l’Etat de sortir de son mutisme et se prononcer sur cette situation qui s’est envenimée, avec le lancement du septième plan d’action du G6. A défaut, nous allons rendre cette ville invivable les jours à venir», menacent les élèves de Ziguinchor, qui étaient hier en mouvement.
  Ahmet COLY

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