RECEVANT LES SYNDICALISTES DE LA FEDER : Idrissa Seck dit avoir la clé pour «sauver l’année scolaire» et offre ses services à Macky Sall



Recevant, hier, une délégation de syndicalistes de la Feder qui est allée se «plaindre» du passif social les opposant au gouvernement, Idrissa Seck a offert ses services pour «sauver l’année scolaire», si un cadre de concertation incluant les différentes composantes de la nation est mis à sa disposition. «Je n’ai pas envie d’attendre que le système s’effondre, que Macky Sall tombe, que les enfants perdent leur année scolaire, que ceux qui devaient faire le Bac, que ceux qui avaient des concours… que tous ceux-là échouent leur projet de vie», a déclaré le président de Rewmi.
 
 
Une visite que le président de Rewmi a mise à profit pour rendre un hommage à tous les enseignants du Sénégal, pour «leur sens élevé des responsabilités». S’il en est ainsi, c’est parce que, estime l’ancien maire de Thiès, ceux-ci auraient pu se limiter à leurs revendications syndicales, à leurs exigences et à leurs attentes.

«Ils sont dans une dynamique de recherche de solutions pour sauver l’année scolaire. Le système éducatif, son principal ingrédient pour qu’il marche et pour qu’il remplisse son office, c’est un enseignant motivé. Vous avez beau avoir du matériel pédagogique, de belles salles de classe, si vous n’avez pas un enseignant motivé, décidé à retrousser ses manches pour que les 50 élèves qui sont devant lui comprennent la leçon, le système ne marche pas», a laissé entendre le président de Rewmi. Et pour lui, il n’y a pas mille voies, le gouvernement doit honorer ses engagements.

«C’est le gouvernement qui avait dit clairement qu’il ne signerait d’accords qu’après s’être assuré de sa capacité à les honorer. Ils ont signé en 2014, on est en 2018, il est temps que le gouvernement trouve des solutions», estime-t-il.

Et de marteler que les solutions existent. «Nous y avons travaillé. Nous y avons réfléchi. Et si nous disposons d’un cadre de concertation incluant les différentes composantes de la nation, nous nous engageons à indiquer au président de la République les pistes de solutions pour que les enseignants rentrent dans leur dû et que l’année scolaire soit sauvée… Je n’ai pas envie d’attendre que le système s’effondre que Macky Sall tombe, que les enfants perdent leur année scolaire, que ce qui devaient avoir le Bac, que ce qui avaient des concours pour aller dans l’armée ou ailleurs… que tout ceux-là échouent leur projet de vie. Donc les solutions que j’ai déjà trouvées, je les mets à la disposition du pays, à la disposition de Macky Sall, de son gouvernement, mais en présence du pays comme témoin», dit-il, déchirant par la même occasion les pistes de solutions esquissées par le chef de l’Etat à l’occasion de son dernier adresse à la nation, le 3 avril dernier.
 
«C’est une énorme abomination aux yeux de la nation qu’un Président souscrive un engagement qu’il n’honore pas».  
 
A ce propos, Idrissa Seck dira que le Président n’a pas à sélectionner : «Le président de la République doit honorer tous ses engagements. Il doit apprendre à respecter sa parole. Parce que le fondement même de son siège, c’est la parole honorée. C’est une énorme abomination aux yeux de la nation qu’un Président souscrive un engagement qu’il n’honore pas».  

Pourtant le patron de Rewmi persiste et signe que les moyens financiers pour solutionner la crise scolaire existent. Mieux, Idrissa Seck soutient que Macky Sall le sait parfaitement. «Il est en train de remuer ciel et terre pour trouver des ressources à travers des Euro-bonds et autres pour financer son Ter de quelques kilomètres… et quelques gadgets de cette nature. Alors que le cœur de son mandat, le cœur de ses obligations, c’est-à-dire la santé et l’éducation, sont négligées et sont menacées d’effondrement», rectifie-t-il, indiquant que «ce n’est pas difficile de trouver 80 ou 100 milliards pour entrer en négociation avec les enseignants».

Toutefois, l’ancien Premier ministre n’a pas pris d’engagements. «Je ne suis pas encore en position de le faire», dira-t-il. Et d’ajouter : «je suis l’actualité, je suis la vie nationale. Je réfléchis, le cas échéant, à ma première journée de travail, si le peuple sénégalais me faisait confiance, qu’est-ce que je ferais pour ces enseignants».
 
Dame Mbodj : «On ne doit pas gouverner par la ruse. Ils ont souscrit à ces engagements, ils n’ont qu’à les respecter»
 
S’exprimant à son tour, le Secrétaire général du Cusems authentique et coordonnateur de la Feder (Fédération des enseignants du Sénégal), Dame Mbodj, est revenu sur l’essence de la visite qu’ils ont rendue au patron de Rewmi. A ce propos, le syndicaliste a expliqué qu’au vu de la crise dans laquelle se trouve l’école sénégalaise, il était normal qu’ils rendent compte au peuple sénégalais et parlent à toutes les autorités dans ce pays. «Le président Idrissa Seck nous a prêté une oreille attentive dans un élan de responsabilité. Il a indiqué des pistes de solutions. Il nous a fait part de sa volonté de contribuer à sauver l’année scolaire. C’est une position responsable que nous saluons. Mais aussi, il a reconnu la légitimité du mouvement syndical enseignant», dit-il.

Poursuivant, l’enseignant indique que le constat est effectif que le gouvernement est en train de semer la zizanie dans leurs rangs, en essayant de corrompre certains dirigeants syndicaux pour pouvoir suspendre le mot d’ordre. «On ne doit pas gouverner par la ruse. On doit tenir un langage de vérité aux enseignants. Ils ont souscrit à ces engagements, ils n’ont qu’à les respecter. Mais dire qu’on a réglé 28 points sur 33, ce n’est pas responsable», martèle Dame Mbodj.
 

Sidy Djimby NDAO
LES ECHOS

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