RAPPORT AFRICA’S PULSE DE LA BANQUE MONDIALE :Après 6,1%, la croissance du Sénégal chute à 4,4% en 2022 et devrait rebondir pour atteindre deux chiffres (10,6%) dès 2024



 
 
Le rapport semestriel d’Africa’s Pulse fait état d’un ralentissement de la croissance en Afrique subsaharienne dans un contexte de choc économique renouvelé. Même si le Sénégal n’échappe pas à cette décélération avec une croissance de 4,4% en 2022 contre 6,1% en 2021, cette croissance devrait cependant rebondir pour atteindre 10,6% en 2024 après 8,5% en 2023.
 
 
 
 
 
La croissance du Sénégal devrait ralentir à 4,4% en 2022, contre 6,1% en 2021. La croissance du Pib réel devrait rebondir fortement pour atteindre 8,5% en 2023 et progresser encore à 10,6% en 2024, affichant ainsi un dynamisme supérieur à celui d’avant la pandémie et au reste de la région (Afrique de l’Ouest et du Centre). C’est ce qui ressort du rapport d’Africa’s Pulse (Pouls de l’Afrique) de la Banque mondiale publié, hier, et produit par le Bureau de l’économiste en chef pour l’Afrique Albert Zeufack. En effet, en dépit d’une décélération de l’activité économique en 2022, le Sénégal affiche, selon les projections des deux prochaines années, la meilleure performance économique. Pour le Ghana, l’économie devrait retrouver de la vigueur en 2022, avec une croissance de 5,5%, avant de ralentir progressivement pour atteindre 5% en 2024, soit une croissance inférieure aux 7% environ enregistrés avant la pandémie. Le Gabon devrait connaître une croissance de 3,3% en 2022 et de 3% en 2024, avec un recul en 2023 (2,6%). En revanche, les prévisions pour le Cameroun font apparaître une croissance robuste et soutenue, qui atteindra 4,4% en 2024. Pour sa part, la Côte d’Ivoire retrouvera son rythme de croissance antérieur à la pandémie et devrait enregistrer en 2022 la progression économique la plus rapide (5,7%) de tous les membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Globalement, l’Afrique de l’Ouest et centrale devrait enregistrer une croissance de 4,2% en 2022 et de 4,6% en 2023.
 
Un ralentissement de la croissance en Afrique subsaharienne avec 3,6% en 2022
 
Il ressort aussi du rapport d’Africa’s Pulse que les économies d’Afrique subsaharienne peinent à se relever de la récession de 2020 induite par la pandémie à Covid-19. La dernière édition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, une analyse semestrielle des perspectives macroéconomiques à court terme de la région, prévoit une croissance de 3,6% pour 2022, en baisse par rapport aux 4% enregistrés en 2021. Ce ralentissement s’inscrit dans un contexte régional marqué par la persistance de nouveaux variants de la maladie à Covid-19, l’inflation globale, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et les chocs climatiques. La montée des cours mondiaux des matières premières, qui s’est accélérée depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, vient s’ajouter aux autres défis économiques de la région.
 
La reprise restera lente dans les trois plus grandes économies de l’Afrique
 
L’étude révèle aussi que, dans les trois plus grandes économies de la région (Nigéria, Afrique du Sud et Angola), la reprise restera lente. Si l’on exclut ces trois pays, la croissance devrait ressortir à 4,1% en 2022, soit un taux supérieur à celui de la région dans son ensemble. Pour le Nigéria, la croissance devrait atteindre 3,8% en 2022 et se stabiliser à 4% en 2023-24. En Afrique du Sud, l’économie devrait retrouver son potentiel de croissance à 1,1% en 2023 et atteindre 1,8% en 2024. Quant à l’Angola, la croissance économique devrait s’accélérer, avec un taux de 2,9% en 2022 et de 3,1% en 2023. S’agissant de l’Afrique de l’Est et australe, les prévisions font état d’une reprise soutenue après la récession (4,1%), puis d’un ralentissement à 3,1% en 2022, avant une stabilisation autour de 3,8% en 2024.
 
Risque élevé de surendettement qui est passé de 52,6 à 60,5% 
 
La hausse des taux directeurs dans les économies avancées conduit à un resserrement des conditions financières mondiales qui, conjugué à la guerre en Ukraine, creuse les écarts entre taux souverains dans plusieurs pays, ce qui s’accompagne de craintes quant à la viabilité de leur dette. Depuis octobre 2021, les pays de la région présentent un risque de surendettement modéré ou élevé, et la part des pays affichant un risque élevé est passée de 52,6 à 60,5%. Face aux menaces croissantes sur la viabilité de la dette, certains pays de la région ont mis en place des mesures d’austérité qui n’ont cependant pas suffi à réduire les niveaux d’endettement. Dans les pays qui peuvent en bénéficier, les mécanismes existants d’allègement et de règlement de la dette ne permettent pas de faire reculer les niveaux d’endettement ou de réduire les vulnérabilités qui en découlent. Des améliorations sont indispensables si l’on veut éviter qu’une vague de crises de la dette ne déferle sur les pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne.
 
L’inflation devrait atteindre 6,2% en 2022 …
 
Il ressort également du rapport que l’inflation s’est accélérée dans la région en 2021, pour atteindre 4,5%, contre 3,5% en 2020. Selon les prévisions, elle devrait grimper à 6,2% en 2022, avant de redescendre à 5,1% en 2023 et à 4,5% en 2024. Cette tendance inflationniste est liée à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, ainsi qu’à la dépréciation des taux de change, notamment au Ghana et en Afrique du Sud. Dans un contexte de chocs multiples, nouveaux et généralisés, et face à la menace d’une stagnation économique mondiale, les dirigeants africains doivent plus que jamais mettre en œuvre des politiques qui accélèrent la transformation structurelle grâce à la croissance de la productivité et à la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité.
 
Concevoir des programmes d’assurance sociale…
 
Dans le contexte actuel, la protection sociale ne doit pas se limiter aux filets de sécurité ; il faut concevoir des programmes d’assurance sociale et du marché du travail qui contribuent à la résilience économique en protégeant les travailleurs du secteur informel dans les zones urbaines. La période actuelle donne aux gouvernements africains l’occasion d’engager un programme plus ambitieux en faveur de systèmes de protection sociale qui renforcent la résilience économique et la réponse aux chocs. Les programmes de protection sociale doivent continuer à renforcer la résilience des ménages pauvres et vulnérables, en les aidant à investir dans des actifs productifs et dans le capital humain.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
 
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