L’enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (Eerh) révèle des disparités énormes entre les hommes et les femmes au Sénégal. Si l’on parle de parité dans le monde du travail, force est de reconnaitre qu’il reste encore beaucoup d’efforts à faire. Rien que la rémunération entre un cadre supérieur homme et femme démontre que la parité n’existe que de nom.
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a rendu publique une Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (Eerh). Ce rapport révèle que les hommes gagnent en moyenne plus que les femmes. La répartition de la rémunération des employés salariés suivant les catégories socioprofessionnelles montre une distribution un peu distincte selon le sexe. Ainsi, un cadre supérieur homme gagne annuellement en moyenne 11.200.000 F Cfa (soit 933.333 F Cfa par mois) contre 8.367.429 pour une femme cadre supérieur (soit 697.286 F Cfa par mois). Par contre, au niveau des catégories «techniciens, agents de maîtrise, ouvriers qualifiés» et «employés, manœuvres, ouvriers», il est observé le contraire. Dans ces différentes fonctions, les femmes perçoivent plus que les hommes. En effet, dans la première catégorie, les femmes gagnent en moyenne un salaire mensuel de 338.288 F Cfa contre 284.123 F Cfa pour les hommes ; et dans la deuxième catégorie, leur salaire se situe à 246.911 F Cfa contre 205.577 F Cfa pour les hommes. S’agissant des «techniciens supérieurs et cadres moyens», la rémunération mensuelle moyenne des hommes est de 684.493 F Cfa et celle des femmes tourne autour de 569.559 F Cfa.
Les femmes laissées en rade dans le secteur de l’emploi
L’insertion professionnelle a longtemps relevé de processus distincts entre les hommes et les femmes au Sénégal. Même s’ils rencontrent tous des obstacles à l’accès à l’emploi stable, les femmes et les hommes accèdent toujours différemment à l’emploi. Aussi, au niveau national, la majorité des travailleurs du secteur formel, soit 77,2%, sont des hommes. Par ailleurs, quel que soit le segment de la population observé, les femmes éprouvent plus de difficultés à accéder à l’emploi en général, et aux emplois stables en particulier. Ce résultat déjà démontré par le Recensement général des entreprises (Rge), est confirmé par l’Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (l’Eerh). En effet, la proportion de femmes est plus élevée dans les petites entreprises (30,1%) que dans les moyennes et grandes entreprises où elles représentent 21,9% et 20,7% respectivement. Ainsi les femmes sont minoritaires par rapport aux hommes dans le monde du travail et le secteur formel ne fait pas exception. En effet, la majorité des travailleurs du secteur formel sont des hommes, les femmes ne représentent que 22,8%. De plus, l’étude révèle qu’elles sont plus présentes dans les petites entreprises (30,1%). Dans le secteur formel, l’offre d’emplois se concentre plus dans les services, ce qui confirme la prédominance du secteur tertiaire dans l’économie nationale.
Les hommes travaillent plus que les femmes
Les résultats de l’Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail montrent de manière globale une disparité dans l’exécution des charges hebdomadaires de travail entre les hommes et les femmes. Ainsi, il est constaté que les hommes travaillent en moyenne plus d’heures durant la semaine que les femmes (42,5 heures contre 40,5 heures dans le secteur formel). Cette dissimilitude est remarquée aussi bien dans les grandes que les moyennes et petites entreprises. En effet, les résultats de l’enquête révèlent que les hommes effectuent en moyenne 43,8 heures, 44,1 heures et 36,7 heures de temps de travail par semaine contre 39,7 heures, 42 heures et 28 heures pour les femmes respectivement dans les grandes, moyennes et petites entreprises.
Niveau d’instruction des propriétaires d’entreprise
Le niveau d’instruction et l’expérience accumulée par les propriétaires d’entreprises pourraient être des facteurs déterminants dans la réussite entrepreneuriale dans le secteur formel. Ainsi, dans le secteur formel, plus de la moitié des propriétaires d’entreprises individuelles (soit 56,6%) ont atteint le niveau d’études supérieur et un peu plus de 15% d’entre eux sont allés jusqu’au niveau secondaire.
Les moyennes entreprises emploient plus que les grandes entreprises
Le niveau de l’offre d’emploi varie selon la taille de l’entreprise. En effet, dans le secteur formel, les moyennes entreprises emploient beaucoup plus de personnes (44%) suivies des grandes entreprises (39%). Quant aux petites entreprises, elles concentrent la plus faible part d’employés (17%). Aussi, selon le rapport, plus de la moitié des entreprises formelles enquêtées sont constituées de personnes morales et que trois quarts des propriétaires d’entreprises individuelles (74,8%) sont des hommes. En ce qui concerne le niveau d’études, on constate qu’un propriétaire sur deux a atteint le niveau d’études supérieur et qu’un peu plus de 15% sont allés jusqu’au niveau secondaire.
2/3 des entreprises inscrites à la Caisse de sécurité sociale et/ou à l’Ipres
La protection sociale est de plus en plus recherchée par les salariés, de même qu’elle est de plus en plus importante aux yeux des dirigeants des entreprises. Il ressort de l’enquête que les entreprises du secteur formel sont relativement bien présentes dans les organismes sociaux. En effet, plus des deux tiers d’entre elles se sont inscrites à la Caisse de sécurité sociale (73,2%) et/ou à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (72,6%).
Samba THIAM