Procés des agresseurs de Malick Lamotte: le jour ou le Juge a été braqué chez lui avec un pistolet



Les rideaux viennent de tomber sur la 2ème  session de la Chambre criminelle du Tribunal de grande Instance de Thiès. Ladite Chambre qui s’est tenue du 9 au 12 avril 2018 avait inscrit dans son rôle 12 affaires, à raison de trois affaires par jour. La dernière affaire de cette session revêt une particularité puisqu’elle concernait un cas d’association de malfaiteurs, vol commis la nuit avec effraction, escalade et usage d’armes, faux et usage de faux dans un document administratif, évasion par violence et bris de prison, viol collectif, détention d’arme sans autorisation administrative préalable, détention de chanvre indien en vue de son usage et recel. Et que parmi les victimes, se trouve le… juge Malick Lamotte.
 
Entre 2005 et 2007, plusieurs personnes parmi lesquelles le juge Malick Lamotte étaient victimes de braquages à leurs domiciles, à Mbour et à Thiès, par un groupe de trois individus armés d’un pistolet et d’une machette. Après une enquête rondement menée, les nommés Mansour Dionne dit Joe et Malick Ndiaye dit Makhété ont été interpellés.
Lors de son interrogatoire, Mansour Dionne alias Joe a reconnu avoir participé, en compagnie de Mangoné Kassé (en fuite) et de Malick Ndiaye, au braquage du domicile des nommés Josette Lukianoff et du président Malick Lamotte. Mansour Dionne alias Joe précisait que Mangoné Kassé localisait les lieux avant de les contacter. Il a ajouté que c’est Mangoné Kassé qui avait soustrait l’argent se trouvant dans l’armoire du président Malick Lamotte. Il a en outre soutenu avoir vendu à Colobane les ordinateurs soustraits au domicile de Josette Lukanioff. Quand aux bijoux de l’épouse du président Malick Lamotte, il les a écoulés à Sandaga. Pour les appareils photos, il a expliqué les avoir dérobés avec Mangoné Kassé. Et de déclarer  être en mesure de conduire les enquêteurs jusqu’aux receleurs.
Interrogé à son tour, Malick Ndiaye alias Makhété, a abondé dans le même sens que son coaccusé Mansour Dione.
 
Malick Lamotte tenu en respect à l’aide d’un pistolet, ses 2 millions emportés ainsi que les bijoux de sa femme et des téléphones portables
 
Entendu, Malick Lamotte expliquait que dans la nuit du 1er au 2 mars 2007, aux environs de 4 heures du matin, trois individus armés s’étaient introduits à son domicile, au quartier Grand Mbour, en fracturant la porte du salon avant d’accéder dans sa chambre à coucher. Il précisait qu’au moment où il s’est aperçu de leur présence, ces agresseurs l’ont tenu en respect à l’aide d’un pistolet, avant d’emporter la somme de 2.000.000 F ainsi que les bijoux de sa femme et des téléphones portables. Il soutenait reconnaitre le nommé Malick Ndiaye dit Makhété, qui portait une machette, Mansour Dione dit Joe qui fouillait les poches de sa veste pour y retirer de l’argent  et Mangoné Kassé en fuite qui détenait l’arme à feu.  
 
 
Josette Lukanioff a perdu 550.000 F, deux ordinateurs portables d’une valeur de 700.000…
 
 
Pour sa  part, Josette Lukanioff déclarait être victime de braquage dans la nuit du 22  au 23 février 2006, à son domicile au quartier Grand Mbour, par une bande de trois personnes armées d’un pistolet et d’un coupe-coupe. Elle a précisé que ces braqueurs avaient emporté la somme de 550.000 F, deux ordinateurs portables de marque Packard Bell d’une valeur de 700.000 F et Compaq Persario de 300.000, un appareil-photo numérique marque Nikon à 280.000 F, un appareil-photo de marque Minolta avec deux zooms à 400.000 F, un bracelet en argent à 20.000 et une bague en argent à 10.000 F. Elle soutenait avoir été brutalisée par un de ses assaillants et justifiait ces violences en produisant un certificat médical.
 
 
Philippe  Montarini, Codou Sy et Moussa Dieng ont perdu durant le cambriolage de leurs maisons…
 
 
Codou Sy, victime de braquage dans la nuit du 20  au 21 février 2006, à son domicile  à Saly Station, a soutenu que les braqueurs étaient au nombre de trois et étaient armés. Elle précisait que ces derniers avaient emporté, outre la somme de 15.000 F, sa  boite à bijoux, un portable Nokia appartenant à son frère et que le préjudice s’évaluait à 900.000 F.
Selon Moussa Dieng, demeurant à Thiès, quartier Mbour 3, dans la nuit du 2 février 2006, son domicile a été visité par trois individus armés de pistolet et d’un coupe-coupe. Ces derniers ont emporté la somme de 675.000 F, des bijoux en or appartenant à son épouse, deux portables Nokia et Motorola. Les victimes avaient chacune reconnus formellement les braqueurs à savoir Mansour Dione et Malick Ndiaye. 
Philippe  Montarini, qui s’était présenté comme victime d’un braquage à son domicile à Saly Niakh Niakhal, déclarait que dans la nuit du 8 janvier 2006, vers 5 heures, trois individus armés d’un pistolet et d’un coupe-coupe s’étaient introduits chez lui. Il soutenait que les braqueurs avaient emporté avec eux une chaine en or, un bracelet, trois bagues en or et des boucles d’oreilles, trois téléphones portables de marque Nec, Nokia et Sagem, une caméra de marque Sony, trois montres dont une Ushuaia et une Rolex, une veste de couleur vert-olive et une somme d’argent de 150.000 F. Par ailleurs, son épouse reconnaissait le nommé Malick Ndiaye  muni d’un coupe-coupe, Mansour  Dionne et Mangoné Kassé porteur d’arme le jour des faits.
Le 9 mars 2006, vers 19h, les enquêteurs on trouvé au domicile de Mangoné Kassé, absent des lieux,  un pistolet automatique de marque russe, avec un chargeur garni de trois cartouches de 9mm
Suite aux indications des inculpés, les enquêteurs ont procédé à l’interpellation des nommés El Hadji Mbacké Diop et Khadim Mbengue auprès desquels les cambrioleurs écoulaient le produit de leur forfait. Interrogé, El Hadji Mbacké Diop  a reconnu à l’instruction avoir acheté, auprès de Mansour Dionne,  24 grammes d’or de 21 carats composés d’un ensemble de chaine, de boucles d’oreilles et autres bagues, au prix de 120.000 F. Il soutenait que Mansour Dionne lui avait fait croire que les bijoux appartenaient à sa femme. Il précisait avoir  fondu et vendu l’or à une personne inconnue. Quant à Khadim Mbengue, il a reconnu avoir reçu de Mansour deux ordinateurs qu’il a vendus  sur sa demande à 120.000 F Cfa au nommé Mbaye Diop.
 
 
Mangoné Kassé passe à table et explique comment ils ont cambriolé les maisons de Lamotte et des autres victimes
 
 
Parallèlement  à cette  procédure ouverte à Thiès, une autre plainte déposée à Dakar a entraîné l’ouverture d’une information judiciaire contre Mangoné Kassé et X devenu Bakary Cissé dit Paul, pour association de malfaiteurs, viol, détention d’armes et de chanvre indien. En effet, le 13 février 2007, les éléments de la brigade de recherche de Rufisque, au cours d’une mission dans la zone de Bargny, ont interpellé Mangoné Kassé à l’intérieur d’une hutte appartenant à Saliou Fall et où ils découvraient deux couteaux, une lampe-torche un tube contenant du tabac mélangé à du chanvre indien. Mangoné Kassé avait une carte d’identité établie au nom de Habib Niang et comportant sa photo. Interrogé il déclarait que les deux couteaux étaient à Ndoya qui est un boucher et qu’il ne connaissait pas le propriétaire du chanvre Indien. Il a avoué s’être rendu à Mbour pour cibler le domicile des ressortissants américains, en compagnie de Bakary Cissé. Il a révélé aux enquêteurs avoir fracturé leur portail et être entré dans les chambres, en les tenant en respect avec une arme automatique, avant d’emporter des sommes d’argent, des bijoux en or, quatre portables, trois cams, un appareil photo, un appareil mp.3. Il précisait que Bakary avait violé l’une des victimes au moment de leur fuite. Il ajoute qu’en compagnie de Bakary Cissé,  ils ont commis d’autres vols avec le même mode opératoire. Avec Mansour Dionne et Malick Ndiaye, ils avaient aussi cambriolé deux maisons à Mbour, dont celle du président Malick Lamotte sur qui il avait pointé son pistolet, tandis que Makhété  tenait un coupe-coupe. Il ajoute avoir emporté une somme d’argent et des portables, précisant avoir escaladé le mur de clôture de la maison de Lamotte et fracturé la porte principale du bâtiment.
Aussi, Mangoné Kassé a déclaré s’être rendu dans une maison à Mbour et avoir introduit ses mains par la fenêtre pour y soustraire trois appareils portables et deux chaines. Il précisait avoir vendu les deux portables à un marchand ambulant pour la somme de  15.000 F.
Quant à Saliou Fall, il a soutenu avoir hébergé pendant 3 jours Mangoné Kassé dans sa hutte.
Entendu en tant que victime de vol dans la nuit du 11 février 2006 à son domicile à Mbour, George Autridge déclarait qu’une personne avait introduit sa main par la fenêtre en dérobant trois portables, deux chaines en or et une bague. 
Safiétou Fatel Camara soutenait elle qu’au mois de décembre 2006, elle avait été victime d’un vol la nuit et les malfaiteurs avaient fracturé la porte de la maison, emportant avec eux un poste-téléviseur double écran d’une valeur de 500.000 F et un autre acheté à 130.000 F, plus une grosse somme d’argent appartenant à son beau-père. Avant de préciser qu’elle connaissait Bakary Cissé.
Dans la nuit du 18 au 19 août 2005, Sylvie Marie Claude Joly déclarait être victime d’un viol par deux des cambrioleurs, à son domicile à Mbour. Elle soutenait que ces derniers avaient emporté ses bijoux et que l’un deux avait tenté de tirer un coup de feu sur le gardien avec son arme qui s’est enrayée, avant de prendre la fuite.
 
 
Les aveux de Mangoné Kassé et Bakary Cissé, ce projet d’évasion ratée
 
 
A l’instruction, les inculpés Mangoné Kassé et Bakary Cissé ont reconnu partiellement les faits. Mangoné Kassé a avoué avoir participé aux vols perpétrés sur une certaine Sylvie Claude Jolie et Malick Lamotte, en précisant pour ce dernier avoir agi avec les nommés Malick Ndiaye et Mansour Dionne ; et les autres  en compagnie de Bakary Cissé et Bassirou Sy.
Bakary Cissé déclarait qu’avec ses compagnons Mansour Dionne et Malick Ndiaye, ils avaient planifié leur évasion de prison le 9 septembre 2006. Il précisait ne pas être l’auteur du viol, même si les victimes réitéraient leurs déclarations faites à l’enquête préliminaire.
Compte tenu des liens de connexité évidents qui existent entre les deux procédures pendantes à Dakar et à Thiès, il avait été ordonné le dessaisissement du juge d’instruction de Dakar au profit de celui de Thiès. C’est ainsi que la juridiction en charge du 7ème cabinet d’instruction du tribunal Hors classe de Dakar a rendu une ordonnance de dessaisissement au profil de celui du 2ème cabinet de cette juridiction. Mais par ordonnance en date  du 2 août 2013, le président de la juridiction désignait le juge du 2ème cabinet pour la suite de l’information.
L’affaire est renvoyée au 13 juin pour défaut de partie civile et absence de témoins.
 
Sokhna Khady SENE

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