Présentation au procureur hier : La presse fait bloc derrière Cheikh Yérim Seck



Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) réclame la libération du journaliste Cheikh Yérim Seck et le faire comparaître libre en cas de jugement. Ils sont d’autant plus ulcérés par son arrestation que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas établis et le contexte de crise sanitaire y est défavorable. Le Cdeps, qui dénonce les nombreuses dispositions du Code pénal qui sont en contradiction avec la liberté de presse, souhaite également une «déprisonnalisation» des délits commis par les journalistes.

Cheikh Yérim Seck a été arrêté et placé en garde à vue, lundi dernier, par les gendarmes. Entendu par les hommes en bleu et déféré devant le procureur, hier, il a bénéficié d’un retour de parquet. Accusé de diffusion de fausses nouvelles et de diffamation de la Gendarmerie nationale, le patron du site internet YérimPost a le soutien de sa corporation, notamment des organisations faitières du secteur. C’est le cas du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) qui s’est fendu d’un communiqué pour déplorer son arrestation et demander sa libération. «Le Cdeps considère que l’emprisonnement d’un journaliste, alors que les faits ne sont pas encore établis, suscite une inquiétude quant à la liberté de la presse et la liberté d’expression», ont martelé Mamadou Ibra Kane et Cie. Les patrons de presse trouvent que «dans cette période de pandémie du coronavirus, l’emprisonnement semble encore plus inadapté». Considérant que «l’emprisonnement du journaliste Cheikh Yérim Seck serait un acte d’un autre âge dans une société démocratique», le Cdeps «exige la libération immédiate» du confrère, qui pourra «comparaître libre devant un tribunal en cas de jugement».

Et la «déprisonnalisation des délits de presse»

En outre, le Cdeps constate pour le déplorer que «l’arsenal juridique sénégalais comporte de nombreuses dispositions attentatoires à la liberté de la presse et la liberté d’expression, comme la diffusion de fausses nouvelles, la diffamation, le secret défense, la fermeture administrative d’un organe de presse». Des dispositions qui entrent très souvent en conflit avec la liberté de la presse. Dès lors, se pose, selon les diffuseurs, «la nécessité de la dépénalisation ou déprisonnalisation des délits de presse».


LE SYNPICS ENTRE AUSSI DANS LA DANSE 
«Il ne saurait, en aucune manière, être demandé à un journaliste de trahir ses sources»
 
Informé de la convocation par la Gendarmerie de Cheikh Yérim Seck, déféré devant le procureur de la République hier mardi, le Synpics a pris langue avec le journaliste et son avocat, pour s’imprégner de l’affaire. Bamba Kassé et son équipe de noter, à la lumière de de leurs échanges, que le confrère est «accusé d’avoir divulgué des informations qui sont contradictoires avec le contenu d'un procès-verbal d'enquête sur l'affaire dite "Batiplus"». Et que  son audition a essentiellement tourné sur la source de ces dites informations et les preuves y afférentes. Quoi qu’il en soit, le Synpics marque «toute sa solidarité» à Cheikh Yérim Seck, non sans rappeler quelques «règles de base» en matière de droits des journalistes. En ce sens, le syndicat note que la «protection des sources d’information» du journaliste est la base de la liberté de presse et constitue un pilier essentiel de la déontologie journalistique. Par conséquent, «il ne saurait, en aucune manière, être demandé à un journaliste de trahir ses sources». De même, précise-t-il, la preuve d'une information liée à une source à protéger ne saurait également être exigée à un journaliste. «Dès lors, demander donc au journaliste Cheikh Yérim Seck l’origine de ses propos est en totale contradiction avec la liberté de la presse», martèle Bamba Kassé. Et de conclure en soulignant que la Fédération internationale des journalistes, Reporters sans frontières et le Cpj suivent cette affaire avec beaucoup d'intérêt.
 
Mbaye THIANDOUM
 


 
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