Pour son honneur et celui de sa famille: Wade réclame une enquête internationale sur son patrimoine



 
Wade le jure. Il ne s’est pas enrichi et n’a pas enrichi ses parents et sa famille en exerçant le pouvoir. Comme bien immobilier, il dit n’en disposer qu’un seul de 41 m2 à Paris. Des 3 comptes bancaires qu’il avait, il dit avoir fermé les deux pour absence d’écritures. Le seul qui lui reste aux Emirats ne possède que 4.600 euros (environ 3 millions Fcfa). Il l’a écrit dans une lettre datée du 19 août dernier. Dans la déclaration, l’ancien chef de l’Etat (2000-2012) réclame une enquête internationale «pour défendre l’honneur qui s’attache à mon nom, à celui de mes ancêtres souverains dans trois de mes lignées d’ascendance paternelle et maternelle ; pour que ma femme et mes enfants ne soient pas victimes de préjugé répandu en Europe selon lequel un Africain, dès qu’il est correctement habillé, ou pis encore, descend d’une voiture correcte et entre dans un café connu, il est regardé comme quelqu’un qui vient en Europe dépenser avec insolence, l’argent qui a dérobé à ses compatriotes».
 
 
 
 
«Les chefs d’État africains étant souvent soupçonnés d’utiliser l’argent de leur pays pour aller s’acheter des immeubles en France, aux Etats-Unis, même, dit-on, en Chine maintenant, j’ai décidé de laver mon honneur», a-t-il commencé par constater, avant de jurer sur l’honneur qu’il ne possède «à l’étranger aucun bien pouvant être qualifié de bien mal acquis, bien immobilier, compte en banque garni, valeurs mobilières». Déterminé et décidé à laver son honneur et celui de sa famille, l’ancien président de la République (avril 2000-avril 2012) met sur la table son patrimoine, invitant toute personne qui le désire à vérifier sa déclaration.
 
 
 
Un seul studio à Paris, il est de 41 m2 à Paris
 
 
 
Ainsi, dans le domaine immobilier Abdoulaye Wade indique qu’il ne possède à l’étranger aucun bien, à l’exception d’«un studio de 41 m2 à Paris, 50 Avenue des Ternes, acheté dans les années 70 pour servir de siège en France à mon parti, le Pds». À ce propos et comme pour donner une preuve de la véracité de sa déclaration, l’ancien chef d’État ajoute qu’il a plusieurs fois déclaré «aux maires de France, notamment à l’occasion d’un petit-déjeuner que m’avait offert l’Association des maires de France, que si l’un d’eux découvrait sur son territoire un immeuble m’appartenant, je le lui donnais et qu’il pouvait le vendre pour ses œuvres».
 
 
 
Seuls 3 comptes bancaires : 1 à la Société générale de Paris qui ne fonctionne plus, 1 à Djeddah fermée et 1 dans les Emirats avec un compte de 4.600 euros
 
 
 
Pour ce qui est de son argent, le fondateur du Pds révèle qu’il a possédé trois comptes en banque à l’étranger. L’un ouvert vers les années 60 au nom de son cabinet d’avocat, à la Société générale de Paris, «pour recevoir mes honoraires d’avocat-consultant international, de mes clients d’Europe arrêté de fonctionnement avant 2000 et sans écritures depuis». Un deuxième compte à Djeddah, au Royaume d’Arabie Saoudite. Un compte qui était destiné principalement à l’aide aux pèlerins trop souvent en difficulté qui faisaient appel à lui. «Ce compte d’action sociale qui n’a reçu de contribution que d’un souverain arabe qui a voulu participer à mes œuvres a été fermé d’office depuis bientôt 10 ans pour absence d’écritures», note-t-il encore, ajoutant que le troisième compte était ouvert dans les Émirats et que ce dernier ne fonctionne plus depuis 6 ans bloqué au solde de 4.600 euros (environ 3 millions de francs Cfa). «En conclusion, au moment où je signe cette déclaration, je ne possède nulle part dans le monde, aucun compte bancaire en fonctionnement, avec un solde significatif pouvant intéresser une enquête de patrimoine», fait-il savoir.
 
 
 
«Il m’était très facile d’enrichir des parents, des affidés, des militants ou responsables, mais…»
 
 
Revenant sur son magistère à la tête du Sénégal, Abdoulaye Wade déclare que durant ses deux mandats, il avait choisi, «en toute connaissance de cause», de redistribuer ses fonds politiques aux Sénégalais. «Ce n’est pas pour rien que les Sénégalais disaient : ‘’On ne sort jamais de chez le Président Wade les mains vides!’’», illustre-t-il, rappelant le témoignage d’un ancien ambassadeur de France, qui, quittant le Sénégal, le lendemain de son départ en 2012, aurait dit à la presse : «il faut reconnaître que Wade, à la tête de l’État, ne s’est pas enrichi et n’a pas enrichi sa famille».
Pourtant, estime Wade, il lui était très facile d’enrichir des parents, des affidés, des militants ou responsables par des pratiques qui sont à la portée de tout le monde. Mais, insiste Me Abdoulaye Wade, l’économiste, financier et juriste qu’il est ne l’a pas fait, «parce que nourri à une certaine morale que m’a enseignée mon père et qui remonte à mes aïeux».
 
 
 
«Une enquête internationale pour que ma femme et mes enfants ne soient pas victimes de…»
 
 
 
Ceci dit, Wade fait le grand bond et demande qu’une enquête internationale soit menée pour attester de la véracité de ce qu’il avance. «Je, soussigné, Abdoulaye Wade, ancien président de la République du Sénégal ; pour défendre l’honneur qui s’attache à mon nom, à celui de mes ancêtres souverains dans trois de mes lignées d’ascendance paternelle et maternelle ; pour que ma femme et mes enfants ne soient pas victimes de préjugé répandu en Europe selon lequel un Africain, dès qu’il est correctement habillé, ou pis encore, descend d’une voiture correcte et entre dans un café connu, il est regardé comme quelqu’un qui vient en Europe dépenser avec insolence, l’argent qui a dérobé à ses compatriotes. […] Je demande solennellement aux pays amis du Sénégal, surtout ceux qui lui fournissent une aide pour son développement, de faire des recherches, chacun sur son territoire, et ailleurs, séparément ou ensemble, pour constater que je n’y possède ni immeuble, ni compte en banque garni, ni valeurs mobilières et d’en tenir un rapport circonstancié qui sera rendu public par leur soins», invite l’ancien président de la République.
Mais s’il en est ainsi, c’est parce que Wade veut que ses enfants «circulent fièrement en Europe, sans vivre le complexe du fils ou de la fille d’un Président fraudeur, au surplus receleur, venu en France exhiber avec insolence le produit du vol des biens de ses compatriotes. Au besoin ils montreront les coupures de journaux qui ne manqueront pas, je l’espère, de titrer que leur père fut un Président vertueux», espère-t-il plaçant sa déclaration sous le sceau de l’honneur, «pour ceux qui savent encore ce qu’est l’honneur», égratigne-t-il pour finir.
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
Woré Sarr confirme
Cette déclaration de Me Abdoulaye Wade a été confirmée par Woré Sarr. Invitée de l’émission «Disso» sur la Dtv, la présidente des femmes du Pds martèle que son mentor n’a pas dilapidé encore moins profité des deniers des Sénégalais. Même pour la maison, rappelle-t-elle, il a fallu que Me Madické Niang lui prête la sienne à Fann Résidence pour qu’il ait un endroit où passer la nuit. Woré Sarr de confirmer que Wade avait 3 comptes bancaires. Et selon elle, les deux sont fermés, celui qui fonctionne encore à un solde créditeur de 4600 euros. Pour le compte ouvert en Arabie Saoudite, Woré Sarr dit que c’était pour aider les pèlerins. Elle témoigne même qu’il arrivait à Wade d’offrir 75 millions à des femmes pour faire leur commerce.

Dans la même rubrique :